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Célébration de la fête du 08 mars : à la rencontre d’une professionnelle des cheveux basée à Kissidougou

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En cette journée symbolique du 08 mars, les femmes de la préfecture de Kissidougou se sont données rendez-vous dans la grande salle de la maison des jeunes au quartier Madina où l’ambiance était au comble avec la présence des autorités à tous les niveaux. Cependant loin des bruits de cette ambiance festive, votre site Confidence224.com est allé à la rencontre de Madame Bintou Kamano, formatrice et maîtresse d’un salon de coiffure située dans l’enceinte même de la Maison des Jeunes de Kissidougou. Madame Kamano s’est parfaitement illustrée dans cette profession qui consiste à rendre les femmes plus belles à travers la coiffure, la pédicure, la manucure ou le make-up de tout genre.

À travers cette interview exclusive qu’elle nous a accordée notre interlocutrice nous relate tout: son regard sur les droits et l’émancipation des femmes, son métier, ses apprentis, son appel à l’endroit des autorités et ses sages conseils à ses consœurs qui hésitent à épouser une activité professionnelle.

Confidence224.com : madame Bintou Kamano dites-nous est-ce que vous êtes satisfaite de la façon dont les femmes sont traitées dans nos sociétés aujourd’hui ?

Bintou Kamano : Bon je dirais que beaucoup d’efforts sont entrain d’être fournis par les autorités pour les questions de liberté et de droits des femmes, chaque jour on entend des décrets nommant des femmes à des postes de responsabilité, donc je dirais que les libertés et les droits des femmes s’améliorent peu à peu contrairement aux périodes antérieures où la femme n’osait même pas claquer du doigt pour réclamer quelque chose. Pendant ces périodes sombres du passé, beaucoup de personnes se cachaient derrière la religion ou la tradition pour réduire la femme à sa plus petite expression. Mais j’avoue aussi que beaucoup restent à faire parce qu’on entend à longueur de journée que les femmes sont violées, violentées ou assassinées par leurs bourreaux, d’ailleurs tout récemment au quartier Missira un homme a violé puis assassiné une fillette. Je profite pour lancer un appel aux conseillers du CNT de renforcer les lois sur les viols et les violences faites aux femmes à l’occasion de la rédaction de la nouvelle constitution car pour moi l’émancipation de la femme est un impératif.

Confidence224.com : Madame parlez-nous brièvement comment vous vous êtes retrouvée dans la coiffure.

Bintou Kamano : Vous savez je n’ai pas eu la chance de continuer les études mais j’entendais souvent les personnes âgées dire que le premier mari d’une femme c’est son métier donc il fallait que je choisisse un métier que j’aime et que je peux pratiquer pour ne pas que je sois à la merci de la société. C’est ainsi que j’ai commencé à apprendre ce métier mais avec toutes les difficultés du monde. Beaucoup de mes camarades avaient abandonné et elles se moquaient de moi en disant que je suis devenue esclave de ma maîtresse mais rien de tout ne m’a découragé, j’ai persévéré et aujourd’hui je rends gloire à Dieu, je gagne ma vie.

Confidence224.com : Madame on voit des élèves du CFP (Centre de Formation Professionnelle) avec vous ici, dites-nous comment ça passe ?

Bintou Kamano : il y’a beaucoup de salons de coiffure à Kissidougou mais c’est par confiance que les autorités ont fait ce partenariat avec moi c’est-à-dire je dois former ces élèves du CFP en théorie tout comme en pratique donc pour l’instant j’ai 15 apprenties qui suivent la formation avec ma méthode qui repose sur la rigueur.

Confidence224.com : quel appel avez-vous à lancer à l’État pour voler au secours des femmes qui évoluent dans les activités professionnelles ?

Bintou Kamano : l’État doit nous encourager en venant en aide à travers l’octroi des fonds ou bien nous fournir des matériels nécessaires pour la bonne pratique de nos différents métiers, vous allez voir aujourd’hui beaucoup de jeunes filles qui ont le courage d’apprendre un métier mais quand elles vont devenir des maîtresses elles n’ont pas les moyens d’ouvrir leurs ateliers par manque de moyens. Le 08 mars ce n’est pas seulement pour aller chanter, danser ou manger, l’État devrait profiter de ces jours pareils pour faire de bonnes annonces pour les femmes.

Confidence224.com : Pour finir madame quels conseils prodiguez-vous à vos consœurs qui hésitent à pratiquer un métier.

Bintou Kamano : Aujourd’hui les femmes peuvent embrasser tous les métiers pratiqués par les hommes donc je leur demande de ne pas hésiter et surtout de ne pas être complexées car l’émancipation comme par là. Si une femme a un métier elle sera mieux respectée dans la société où elle évolue. Aussi les filles qui échouent au brevet ou bien au baccalauréat je leur demande de ne pas trop insister pour aller à l’université car il y’a un autre chemin de réussite plus pratique : c’est les écoles professionnelles.

Confidence224.com : madame il ne nous reste plus qu’à vous remercier pour cette brillante contribution et à travers vous notre site d’information souhaite bonne fête à toutes les femmes de Guinée plus particulièrement celles de Kissidougou.

Bintou Kamano : C’est un plaisir mais retenez que la fête c’est pour les femmes et les hommes car on se complète.

Entretien réalisé par Ousmane Sylla

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