Confidence224.com : Mr Diaby bonjour, tout d’abord expliquez-nous ce que c’est que l’exploitation artisanale dans les mines de façon générale.
L’exploitation artisanale, communément appelée orpaillage, consiste à l’exploitation de l’or de manière non planifiée, par les méthodes manuelles avec des équipements rudimentaires. Dans le code minier l’exploitation artisanale désigne toute exploitation dont les activités consistent à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant les méthodes manuelles et peu mécanisés. Elle est centrée sur les alluvions généralement localisés le long des cours d’eau et ce, dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne dont la Guinée.
Confidence224.com : Vous êtes un expert minier avec à la clé plusieurs années d’expérience dans le domaine. Dites-nous est-ce qu’il y a d’autres pays au monde qui soient, comme la Guinée, frappés du phénomène d’exploitation artisanale de l’or ?
Les pays qui pratiquent l’exploitation artisanale de l’or sont nombreux. Le phénomène est loin d’être l’apanage de la Guinée même si le cas guinéen reste encore tristement emblématique. Parmi donc les pays qui, à peu près, sont dans la même situation que la Guinée on peut citer le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Congo et en général tous les pays d’Afrique subsaharienne à potentialité aurifère.
Confidence224.com : Selon vous quels impacts l’exploitation artisanale peut-elle causer à notre environnement ?
L’exploitation artisanale de l’or, du fait de son caractère clandestin et informel n’intéresse très peu ou pas l’état Guinéen ; ce qui crée par conséquent un manque t’informations sur les divers risques y associés. Cette insuffisance de connaissance concerne surtout les impacts relatifs à la composante humaine à l’instar de la santé publique dans les zones d’orpaillage comme Gaoual par exemple. Les populations de Gaoual qui vivaient il n’y a pas longtemps dans un environnement calme et apaisé assistent de nos jours à un spectacle naturel des plus tristes. L’activité minière y rythme la vie avec son cortège de problèmes. Elle a laissé à la place un paysage stérile et dépourvu de végétation. Le cadre de vie pour la population, pour la flore et surtout pour de nombreuses espèces animales y est en forte dégradation.
Confidence224.com : Il s’agit sans doute d’un constat alarmant. Ceci dit et, de votre expérience, connaissez-vous des mécanismes viables de restauration de ce couvert végétal qu’on pourrait appliquer dans ces zones-là ?
Les mécanismes viables de restauration du couvert végétal sont riches et variés. Mais d’abord pour restaurer le couvert végétal dévasté par l’orpaillage il faut nécessairement une compagne de sensibilisation des exploitants en vue d’un changement de comportements. Il faut amener les populations de ces zones à une prise de conscience. Il est important, voir indispensable de déterminer et d’expliciter la force des impacts environnementaux afin de trouver des mesures de réduction des impacts négatifs et, dans la mesure du possible, bonifier les impacts positifs.
Confidence224.com : Nous sommes au terme de cette interview. Dites-nous quel devra être le rôle des acteurs de la chaine des valeurs du secteur aurifère dans ce processus de préservation et de restauration de l’environnement ?
Le rôle des acteurs dans le processus de restauration de la flore c’est de mettre en place un système de suivi de l’exploitation artisanale de l’or. Il faut également élaborer une loi spécifique à l’exploitation artisanale de l’or, imposer des obligations aux différents acteurs du secteur en fixant les différents types d’opérations dans la réalisation, suivi d’une étude d’impacts environnemental et social. Élaborer des contrats types entre les creuseurs des puits et les exploitants pour éviter l’exploitation abusive. Il ne serait pas superflu de fournir des appuie aux centres de santé pour permettre une prise en charge des maladies liées à l’exploitation minière et de construire des écoles pour lutter contre le travail des enfants dans les mines artisanales. Il convient aussi de renforcer la capacité des orpailleurs pour les techniques de forçage des puits afin d’éviter l’éboulement mortel. Aux organisations de la société civile de renforcer la sensibilisation et surtout de regrouper les exploitants artisanaux dans des associations ou des coopératives qui constitueront des cadres d’échange avec d’autres acteurs d’échange avec d’autres cadres impliqués dans l’exploitation artisanale de l’or. Ces associations pourront être comme mutuelles pour la santé sécurité et environnementale et sociale pour faire la réhabilitation de la couverture végétale.
Par Mohamed Lamine Sylla
Pour Confidence224.com
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