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Retirer l’agrément à certains partis politiques et le maintien d’ordre par des militaires cagoulés et armés, ce que j’en pense (Par Mohamed Lamine Camara)

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Les partis politiques après avoir adopté des statuts comportant des dispositions obligatoires qui garantissent le caractère démocratique de leurs missions, de leurs élections et de leurs fonctionnements ; après avoir exprimé publiquement l’esprit de leurs gestions qui promets la transparence et l’égal accès des femmes et des hommes à leurs formations et instances dirigeantes ; après avoir considéré leur foi en Dieu, en la nation guinéenne et aux aspirations profondes de son peuple à vivre en paix dans la fraternité malgré les divergences de tout genre, les limites des frontières sacrées, inaliénables et intangibles de la république de Guinée ; surtout après avoir affirmé leur adhésion à la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme, ainsi que leur soumission à la constitution et aux lois de la république de Guinée ; les partis politiques en Guinée se doivent de lier l’acte à la parole en acceptant patriotiquement de respecter leurs différents engagements vis-à-vis de la loi et du peuple de Guinée qu’ils entendent défendre. Toute violation ou non respect de ses engagements étant préjudiciables à leur existence et à l’animation correcte de l’arène politique territoriale. L’Etant, étant le garant des lois de la république est chargé de veiller au respect strict de ses engagements et a le plein droit et le pouvoir de retirer à tout parti politique inscrit dans la violation et la désobéissance vis-à-vis de la constitution et des lois de la République de Guinée. Et ce, dans les limites des dispositions prescrites.

Cependant le droit de manifester est un moyen légal pour les partis politiques en Guinée comme ailleurs, dans le cadre du respect des principes de la démocratie (la liberté d’expression et d’opinion) tant que cela ne s’inscrit pas dans la violation de la loi ou même, n’impacte pas la paix et la quiétude sociale. Ceci étant, au-delà des préjudices sociaux ci-dessus cités, des préjudices économiques sur l’Etat peuvent résulter des manifestations. Ceux-ci ne peuvent en aucun cas être considérés comme des crimes répréhensibles, comme des moyens de pression sur l’Etat pouvant l’amener à prendre en compte une partie ou la totalité des revendications soulevées. C’est comme aussi les préjudices en termes d’image à l’extérieur du pays que génèrent souvent les manifestations. D’après le penseur français, Montesquieu : « pour mieux encadrer la gestion du pouvoir, il faudrait que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir ».

Ainsi, pour ce qui concerne les manifestations des journées du 10 et du 11 mai 2023, ayant perpétrées des morts d’homme et des blessés graves, la faute ne peut pas être mise à l’actif des partis et mouvements politiques qui l’avaient programmé. Après négociation des leaders religieux par rapport aux points de revendication, le gouvernement a cédé deux sur les trois points et les forces vives ont annulé par écrit la manifestation. Cela suppose que les manifestations de ces jours n’étaient pas organisées par les partis politiques ciblés par la décision du ministre en charge de l’administration du territoire et de la décentralisation (une autorité pour laquelle d’ailleurs, je réserve un grand respect). Et par ricochet toute décision de retirer l’agrément à un de ses partis politiques pour ces manifestations du 10 et 11 mai 2023 ou pour des manifestations futures demandées par les forces vives peut paraitre, dans une certaine mesure, comme un abus d’autorité vis-à-vis de ces derniers.

L’autorité ne doit jamais manquer de moyens et de possibilité permettant de faire prévaloir le dialogue. La loi est dure mais c’est la loi et personne n’est au dessus d’elle. Il est peut-être facile d’anéantir un révolutionnaire mais il a toujours été impossible de tuer la révolution.

Du maintien d’ordre par les militaires

Comme certains peuvent le préconiser avec des images à l’appui, qu’aux Etats-Unis le maintien d’ordre est fait par les militaires, d’aucuns cagoulés et d’autres pas (tous munis d’armes et de gaz lacrymogènes). A ces personnes je dirais que la constitution américaine est différente de celle de la Guinée. Aux Etats-Unis par exemple la détention d’armes est légale pour tous, ce qui n’est pas le cas en Guinée. Donc aux USA les manifestants peuvent être armées. Par précaution les autorités américaines ne trouveront pas de mal à faire assurer le maintien d’ordre et encadrer les manifestants par ces types de corps habillés. Mais cela se passe le plus souvent de façon très organisée et dans toute la prudence nécessaire pour le respect des droits de l’homme.

Si récemment en Guinée l’armée a assuré le maintien d’ordre, on peut prendre ça comme une situation exceptionnelle non traditionnelle. En plus de cela il faut rappeler qu’aucune manifestation n’était demandée par les forces vives et n’était non plus pas autorisée par les autorités ce jour. Toute manifestation pouvait paraitre pour une rébellion et les militaires cagoulés avaient bel et bien le droit d’assurer le maintien d’ordre. Mais cela ne doit pas être une tradition nouvelle surtout lorsque la marche ou la manifestation est par exemple demandée à des militants par des structures politiques agréées par l’Etat ou même les forces vives. Sinon la démocratie cessera d’avoir toute sa raison d’être. Il faudra aujourd’hui qu’il soit renforcé par l’Etat les dispositifs de maintien d’ordre de la gendarmerie et de la police nationale afin qu’elles jouent pleinement leur rôle combien de fois important et dévolu (effectif, renforcement des capacités opérationnelles, équipements).

L’histoire doit nous enseigner. Nos dires doivent être en parfaite harmonie avec nos faits et gestes. Le 28 septembre est une illustration parfaite de cette réalité.

De quoi je me mêle diront certains. Mais pour que vivent la Guinée et les guinéens, je le dirai tout simplement vivent la démocratie et ses principes de liberté d’expression et d’opinion. Faut-il le rappeler pour terminer que la Guinée a eu son indépendance par la voix syndicale ? Ce furent les prémisses de notre jeune démocratie.

Par Mohamed Lamine Camara  

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