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Dr Mouctar Diallo sur le rôle de l’intellectuel : « une société se pense d’abord et se transforme ensuite ; la transformation sans la pensée est une catastrophe » (Interview)

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La notion ‘’d’intellectuel’’ est galvaudée dans notre société. Le terme est employé souvent dans le contexte qui en principe ne devrait pas être le siens. Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Confidence224.com, Dr Mouctar Diallo, Président du Parti des Socio-travailleurs de Guinée (PSTG) a largement donné sa lecture sur le concept avant de décliner le rôle qu’il attend de l’intellectuel guinéen dans l’optique d’une transformation socioéconomique du pays. Il est au micro de Mohamed Lamine Sylla.

Confidence224.com : monsieur le président bonjour. Un débat teinté d’amalgame entoure la notion d’intellectuel dans notre pays. A ce propos j’aimerais entamer cette interview par vous poser la question suivante : c’est quoi l’intellectuel à votre avis ?

Dr Mouctar Diallo : bonjour monsieur Sylla. Pour moi être intellectuel ce n’est pas à confondre avec le savant ou le spécialiste. L’intellectuel n’a rien à voir avec le niveau académique. Ainsi, être intellectuel est une responsabilité sociale, un engagement. C’est, en effet, ce capital symbolique qui vous permet de déranger l’ordre social par vos prises de position publique et en même temps d’être capable d’influencer cet ordre social par des idées lucides et nuancées. Donc l’intellectuel est un porte-étendard, une sentinelle qui met la société en alerte face au danger imminent et lointain.

Confidence224.com : le pays vit dans une crise à répétition. Quel devrait selon vous être le rôle de l’intellectuel en pareille circonstance ?

Dr Mouctar Diallo : être intellectuel, loin de la conception vulgaire guinéenne de la question, c’est avoir la capacité de joindre l’idée à l’action, dans une logique de transformation sociale. L’intellectualisme est, en ce sens, une forme de praxis au sens marxiste du terme. Il ne suffit pas de penser le monde. Il faut le transformer. La transformation de la société guinéenne, voilà le défi que doit relever l’intellectuel guinéen. Et comment relever ce défi ? L’intellectuel doit pouvoir répondre à cette interrogation.

Confidence224.com : vous avez parlé justement de défi. Dites-nous comment l’intellectuel peut-il le relever dans le contexte actuel guinéen ?

Dr Mouctar Diallo : toujours dans la logique de l’action et de l’engagement, l’intellectuel a aussi un rôle fondamental à jouer quant au changement de mentalité et de comportement. Il doit être capable de jouer sur les leviers culturels pour influencer, voir déconstruire les mentalités et les idées toutes faites. C’est par la diffusion et la transmission des idées, du moins par l’enseignement de la raison aux individus. L’intellectuel a un rôle hégémonique dans la société.

Confidence224.com : pour beaucoup nous sommes une société en perte de repère idéologique. Comment peut-on rectifier ce tir ?

Dr Mouctar Diallo : face à cette société guinéenne en perte de repère, de souffle idéologique, cette société bloquée, incapable de se projeter de manière optimiste vers l’avenir, l’intellectuel doit être susceptible de mobiliser une parole, un nouveau paradigme pour l’action. Une société se pense d’abord et se transforme ensuite. Et la transformation sans la pensée s’avère une catastrophe. Tout le chantier qui attend l’intellectuel guinéen, c’est celui d’une nouvelle pensée capable de propulser la société guinéenne vers de nouvelles rives, des rives plus magnanimes.

Confidence224.com : tout au long de notre entretien vous avez parlé d’intellectuel et vous vous êtes adressé à cette catégorie de personne. Mais n’êtes pas vous entrain de vous adresser à vous-même ? Intellectuel vous en êtes un n’est-ce pas ?

Dr Mouctar Diallo : à la question si je suis intellectuel je réponds par la négation. Non je ne le suis pas encore malgré mon obstination à vouloir l’être et le devenir. Pour l’instant je reste dans mon manteau de politique. Il est vrai qu’en tant que politique nous pensons la société et nous nous battons pour sa transformation optimale. Mais pour ma part je ne souhaite pas avoir de prétentions. Je réfléchi et agi pour mon pays.

Entretien réalisé par Mohamed Lamine Sylla

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