Ce fut une nomination qui n’avait surpris quasiment aucun guinéen étant donné que le profil de l’homme et surtout la personnalité qu’il incarne lui donnaient pour favori quand à sa capacité de tenir la barque du département de la justice. Pour nombre d’analystes il s’agit de l’un des meilleurs castings opérés par le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya qui, rappelons-le, a inscrit la justice au centre de ses préoccupations. Cent jours donc après sa venue à la tête du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, quel bilan à mi parcours peut-on dresser de monsieur Alphonse Charles Wright ?
Outre le Président de la transition, nombreux sont les guinéens d’ici et d’ailleurs à avoir placé en ce magistrat dans l’âme, l’espoir de donner un souffle nouveau à la justice guinéenne dont les défis à relever sont, à la limite, gigantesques. Pour tenter de répondre à l’interrogation haut-posée concernant le bilan, nous nous intéresserons d’abord aux FAITS, c’est-à-dire aux actions jusque-là matérialisées courant les cent premiers jours passés au sein de l’équipe gouvernementale par le jeune Garde des Sceaux. Ensuite nous porterons un regard analytique sur les perspectives, les ambitions à court, moyen et long terme de monsieur Alphonse Charles Wright et son équipe.
Sur les questions de droits de l’homme
A dire vrai la question des droits de l’homme a toujours été une sorte de serpent de mer, voire même un caillou dans la chaussure des différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays depuis l’indépendance. Si par endroit le discours politique nous a habitué à en ériger au rang des priorités gouvernementales au fil des ans, force est de reconnaitre que dans les faits l’action n’a suivi que très peu. Mais dès son arrivée à la tête de la Chancellerie, Alphonse Charles Wright a décidé, selon ses propres mots, de ‘’donner la parole aux actes…’’.
De la lutte contre la corruption tous azimutes
La corruption est le tendon d’Achille de notre gouvernance et met, à ce titre, un frein à notre développement. « La corruption érode les principes qui régissent l’Etat de droit, mine la légitimité des gouvernements ainsi que l’efficacité et la crédibilité des institutions publiques, rend la justice inopérante et crée un climat d’insécurité susceptible de porter atteinte à la stabilité politique et au développement du pays », a écrit Dr Lamine Diedhiou, Chargé des questions de gouvernance au sein du Forum Civil Sénégalais. Combattre donc ce fléau qui a gangréné notre société c’est tout simplement rendre justice. C’est aussi promouvoir le développement socioéconomique de notre nation. Or pour réussir le combat contre la corruption et ses corolaires, la justice doit sévir dans toute sa magnanimité. La corruption fleurie là où se ramollit la justice. C’est la raison pour laquelle, monsieur Charles Wright, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, reste intraitable lorsqu’il s’agit de réprimer le phénomène. Qu’il s’agisse des arcanes de l’appareil judiciaire, des collectivités locales ou encore de n’importe quelles autres administrations où circulent les fonds publics, notre justice n’entend plus baisser la garde lorsqu’il s’agit de traquer les délinquants financiers du pays.
Des reformes structurelles et institutionnelles
Le rajeunissement et le renforcement du personnel judiciaire sont parmi les priorités du Garde des Sceaux. A sa prise de fonction, le Ministre Charles Wright, grand connaisseur de l’appareil judiciaire du pays pour avoir été magistrat, avait promis dans le cadre justement du rajeunissement du personnel judiciaire le recrutement de cent (100) magistrats et greffiers. Aujourd’hui, l’on peut se réjouir de constater le démarrage de ce processus qui d’ailleurs suit son cours normal. Encore une fois, parole a été donnée à l’acte. On n’en dira pas moins de la promesse liée à la validation du projet de politique pénale du gouvernement conformément à l’article 37 du Code de Procédure Pénale, et surtout de la signature des textes d’application du Code de Procédure Pénale. Ce furent entre autres des projets à court terme auxquels le Garde des Sceaux avait promis de s’atteler dès les premiers mois de son entrée en fonction. Aujourd’hui c’est chose faite. A ce niveaux il faut saluer et féliciter le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, d’avoir une fois de plus placé sa confiance à Monsieur Charles Wright et surtout d’avoir soutenu, encouragé et accompagné les reformes engagées par ce dernier. La justice comme boussole de cette transition n’est pas un vœu pieux.
Mohamed Lamine Sylla
Journaliste et analyste
Politique
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