Les hommes en blouse blanche ont battu le pavé ce mercredi 13 juillet 2022 dans l’enceinte de l’hôpital national Donka. L’objectif de cette grogne consiste d’une part à répondre à la dernière sortie médiatique du Ministre de la Santé et d’autre part, à interpeler le gouvernement sur le danger que représente la privatisation de ce patrimoine national. Joint au téléphone par la rédaction de Confidence224.com, Moustapha Fernandez, porte-parole des manifestants, est tout d’abord revenu sur l’historique du plus grand centre hospitalier du pays. « Vous savez le CHU Donka compte deux blocs. Le premier a été construit en 1957 et le second en 1960, sous feu Ahmed Sékou Touré. Après lui, Lansana Conté est venu et il s’est chargé du second bloc. Depuis, tous les présidents qui se sont succédés à la tête du pays ont compris que la population guinéenne soufrait et donc qu’il fallait entretenir cet hôpital. Il vous souviendra que la dernière rénovation et extension de Donka a été financée par le Fonds Saoudien de Développement », a rappelé le médecin.
La junte actuellement au pouvoir en Guinée a jugé bon de confier la gestion de ce hôpital à des experts canadiens. Mais cette décision est loin de faire l’humanité au sein du personnel guinéen. Celui-ci estime qu’il n’y a ni motifs valables ni urgence à aller vers cette privatisation qu’ils jugent inopportune. D’où le tollé de ce matin. « A notre fort étonnement, le CNRD à travers son ministre de la santé a décidé de donner ce patrimoine national au canadiens. On leur a dit de ne pas aller dans cette direction car ils ne maitrisent pas trop ce pays. C’est nous qui sommes là, nous connaissons les souffrances de nos populations. Cet hôpital est notre bijou national. C’est l’hôpital des pauvres. On a tout fait pour trouver un terrain d’entente dans cette affaire mais le ministre là n’est pas disposé à faire la paix avec nous. Il est résolu à donner ça aux canadiens. Il a pris rendez-vous avec nous mais il ne l’a pas honoré. A la veille du jour de la fête il a déclaré, à la télévision nationale, qu’il a pris en charge notre affaire, chose qui n’est pas exacte. Nous nous voulons qu’il vienne concrétiser tout ce qu’il annonce verbalement », a-t-il lancé.
Face ce qu’ils qualifient d’incapacité du ministre de la santé à gérer cette crise, les manifestants en appellent à limogeage pure et simple du patron de leur département. C’est du moins ce que martèle leur porte-parole : « à présent nous voulons qu’il soit remplacé. Il a fait preuve d’incapacité dans ce dossier. Il doit être remplacé (…). Nous sommes prêts à travailler avec les canadiens mais sous la gestion des guinéens que nous sommes. La direction générale, les chefs de services, nous voulons que tout soit géré par les guinéens. Au Colonel Mamadi Doumbouya nous demandons qu’il s’implique en tant que père de la nation. Le ministre qui est là n’est pas capable de régler cette crise. D’ailleurs je le dis haut et fort, le marché qui est là est celui du ministre de la santé en personne. Nous voulons que la Chef de l’Etat soit imprégné de cette situation ; nous voulons lui faire savoir que le guinéen souffre. J’en suis sûr et certain que lorsqu’il nous recevra pour parler de cette affaire, le Président de la République n’hésitera pas une seule second à nous retourner notre bijou national », déclare Dr Moustapha Farnandez avant de poursuivre : « Donka compte 250 titulaires et les autres sont au nombre de 600 personnes. Or le ministre a envoyé 12 experts alors qu’il dit qu’il n’en a envoyé que deux (2). Venez voir vous-mêmes, il y a 12 experts et chacun d’eux reçoit 23mille dollars, soit 260millions de francs guinéens. Tenez-vous bien, le salaire d’un seul d’entre eux équivaut à celui de 50 médecins guinéens », a-t-il dit.
Il faut insister pour dire que la présente grogne est une réponse à la dernière sortie médiatique du Ministre de la Santé. Sur les plateaux de la télévision nation, Pr Mamadou Pathé Diallo a affirmé que la question du personnel de Donka est en passe d’être réglée. Mais les concernés y voient une manœuvre visant à leur endormir la conscience, le temps pour le gouvernement de parachever le processus de privatisation du CHU Donka.