Home à la une La pédagogie militaire au service de l’administration scolaire en Guinée (Opinion)

La pédagogie militaire au service de l’administration scolaire en Guinée (Opinion)

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Les pays élaborent les programmes d’enseignement apprentissage en fonction des politiques éducatives nationales. Ces dernières dépendent des époques, des visées, en rapport avec les mœurs, les coutumes et les traditions des peuples endogènes. Le choix des modes d’enseignement, de la nature de l’éducation à donner doit avoir écho sur les perspectives de développement au niveau national global : développement humain, culturel, économique…. A ce titre notre pays est situé dans le cadre de la laïcité (les croyances religieuses, l’éducation, la cohabitation des communautés dans leurs différences comme dans leurs complémentarités…). Nous sommes un creuset, une mosaïque de peuples et de cultures, alors nous devons l’accepter, nous devons l’assumer.

Notre ambition aujourd’hui est de promouvoir une jeunesse concurrentielle, épanouie et émancipée. Cet idéal est incompatible avec les modes d’encadrements rétrogrades et surtout restrictifs. Permettez de rappeler que dans toutes nos écoles au cours de l’année scolaire, des semaines culturelles sont organisées avec des activités telles la musique, la danse, le sport, le théâtre…, et nos élèves par leur âge s’identifient à telle ou telle star d’une de ces disciplines. Nous les avons applaudis et surnommés pendant leur prestation, leur avons dédié des médailles et des enveloppes d’argent sans jamais les blâmer. Nous ne les avons jamais éliminés à cause de leurs comportements jugés incommodes. Cela voudrait dire que ces attitudes peuvent être intégrées dans l’encadrement scolaire, donc dans notre éducation. Nous aurions pu les scolariser, ces habitudes comportementales, devenues des habitudes sociales et surtout juvéniles.

Apprenons plus à enseigner les vertus de nos modes d’accoutrement (les tenues vestimentaires, les coiffures, les articles de parade et autres). Ainsi, chacun de nos jeunes choisira le chemin qui lui convient pour sa réussite, en fonction de son potentiel et sous le contrôle des conseillers pédagogiques. Vous n’allez pas me dire chers compatriotes que nous voulons d’un ‘’Ronaldo’’ ou d’un ‘’Mbappé’’, mais on interdit les stades à nos jeunes ; nous voulons d’une ‘’Céline John’’, d’un ‘’Youssou Ndour’’ alors que les boites et studios sont inaccessibles à ces potentiels artistes.

Souvenez-vous que le but de l’éducation n’est pas simplement l’acquisition de la science, mais aussi de l’art, la technique, la technologie… Nous avons dépassé l’étape d’une éducation ‘’idéologique’’ ! Nous tendons à une éducation/formation et apprentissage de professionnalisation des jeunes. Pour cela il convient de tirer certains de nos ainés de l’ombre, de l’archaïsme ! Qu’ils comprennent que cette conception de l’éducation qu’ils voudraient toujours perpétuer est désormais caduque et erronée. C’est pourquoi il serait aujourd’hui très utile de former nos administrateurs à la diversité et à la modernité. Il faut leur ouvrir largement les horizons afin qu’ils s’adaptent  et puissent s’intégrer au courant de vie mondialiste !

S’agissant du limogeage de monsieur le Préfet de Siguiri, en rapport avec son acte sur des jeunes candidats au BAC, je dirai que c’est seulement un malheureux incident ! Nous le déplorons tous ! Mais encore une fois, c’est la preuve que beaucoup de nos administrateurs ignorent la limite de leurs prérogatives ! Sinon le Préfet représente le Président de la République dans sa juridiction. A ce titre il se doit rassurant, protecteur et intervient en denier ressort quand une affaire est préoccupante. Dans ce cadre précis des examens par exemple, il intervient juste en qualité de ‘’tuteur préfectoral’’ de l’administration. Bien que nous soyons dans un régime militaire, il aurait pu être en civil et tenir un langage pédagogique ne serait-ce que pour la circonstance. Voilà aussi le rôle de ces conseillers, dont le chef protocole. Je considère simplement qu’il a trop voulu paraitre et plaire, notamment à la hiérarchie. En tout cas c’est ce qui ressort de son intervention lors de sa sortie sur les Grandes Gueules de ce lundi 20 juin. J’aurais mieux aimé entendre qu’il est prêt à servir la république partout où la nécessité l’amènerait. Au lieu de dire que « je servirai le colonel… ».

Il est aisé de comprendre que le scandale provoqué ici n’a rien de fortuit. Il est la coalition de plusieurs mobiles dont il nous revient d’éradiquer les causes. Je dirai que cet acte n’aurais pas dû intervenir ! Que c’est vraiment absurde ! Je pense que mon colonel peut être encore très utile à une place qui sera la sienne dans la corporation militaire, terreau fertile pour faire prévaloir ses compétences. Je plains sincèrement son sort et j’espère le retrouver sur une nouvelle nomination dans son domaine de prédilection. Aux acteurs sociaux et surtout éducatifs, soyons plus indulgents, plus tolérants envers notre frère ! Peut-être qu’il avait dû sauver des vies, voir toute la nation à un autre jour passé ! Rappelez-vous que chacun de nous à un moment, dans sa propre famille ou en classe, malgré notre professionnalisme, a toucher à la sensibilité des personnes sous notre tutelle, a eu à traumatiser un enfant, un ou une jeune que nous avons en charge. Donc l’erreur est humaine tandis que la faute devient bestiale.

Chers camarades compatriotes, je regrette que nous manquions trop de management, de pédagogie pour ne pas dire d’humanité afin de garantir l’harmonie et la cohésion entre nous, comme ce responsable se serait juste mis dans la peau du candidat pour se rendre compte de l’ampleur de l’acte qu’il venait de poser. Qu’à cela ne tienne, il lui suffisait cette expression pour faire amande honorable : « je suis désolé mes enfant ! Erreur ! ». Il oubliait ainsi son statut de militaire pour se mettre dans la peau d’un humain, donc imparfait.

Par Abdoulaye Dieng, enseignant

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