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Guinée : quand les roues de la diplomatie crèvent les unes après les autres (Par Mohamed Lamine Camara, MOLAC)

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Nous aimons en tant que guinéennes, nous cacher derrière notre fierté d’être dans un pays libre et souverain, ce n’est pas mal. Mais il faut reconnaître aussi qu’à nos jours «les pneus de la voiture diplomatique guinéenne sont presque dégonflés. La diplomatie reste un réel défi pour le CNRD à cette période de la transition».

En effet si avant la diplomatie se faisait de façon discrète, de nos jours elle s’exerce au milieu de la place publique car la mondialisation oblige. Faut-il rappeler qu’il n’est pas diplomate qui le veut mais qui le peut et donc s’y connaît? Ceci dit, la diplomatie guinéenne devrait se résumer à quatre fonctions essentielles à savoir: observer, négocier, représenter et vendre.

Observer

Tous les guinéens ont actuellement les yeux rivés sur les événements et une grande partie de l’activité diplomatique du pays. De façon primaire, elle consiste à « communiquer » : parler aux journalistes, rédiger des textes destinés à être publiés. Tout cela est une première mission évidente. D’un mot, on peut dire qu’il y a une médiatisation de la diplomatie. Aussi, en diplomatie, l’objectif d’envoyer quelqu’un dans un pays étranger, a une mission simple : Comprendre ce pays, comprendre ce qui s’y passe, comprendre comment le pouvoir s’y exerce et ce qu’il y fait, afin de planifier à son tour conséquemment des actions. Par analogie, ce pied de la diplomatie guinéenne souffre actuellement d’entorse. À l’exception d’avoir des ambassades et consulats dans les pays, les missions de travail et d’observation sont actuellement au ralenti.

Négocier

Qu’il s’agisse de la diplomatie classique et traditionnelle, la négociation diplomatique est l’essor des diplomates. Ils négocient souvent des accords de cessez-le-feu quand il y a un conflit, les traités de paix quand il faut mettre fin à une guerre, et beaucoup plus les paragraphes des communiqués ou des documents publics qui seront produits à l’issue des grands sommets où ils rédigent et négocient le contenu des résolutions. Et dans l’actualité guinéenne, on peut bien comprendre que cette activité s’exerce de façon bilatérale et non multilatérale. Nous nous cachons derrière notre fierté d’être un pays libre et souverain, pour faire croire à notre santé diplomatique. À vrai dire, nous sommes tout simplement bancals dans cette rubrique car, nos accords culturels, commerciaux, bref, de tout ce qui forme la trame de la vie internationale et qui reste confié aux diplomates se trouve impacter jusqu’à preuve de contraire par la période dite d’exception en Guinée.

Représenter

C’est loin d’être uniquement la participation à la CAN au Cameroun ou recevoir ses homologues de la sous-région pour des échanges d’expériences. C’est aussi se déplacer réciproquement. Et C’est surtout le plus souvent, participer à un très grand nombre de cérémonies ou de choses publiques internationales pour porter le drapeau guinéen à l’étranger. Représenter dans notre style de figure, ne veut pas seulement dire enfiler une jaquette pour aller vers le Mali à côté ou pour aller assister au couronnement de la reine… Elle veut aussi dire, apparaître à la télévision, expliquer les positions de la Guinée, les défendre, articuler ses propositions ou ses thèses. Cela demande un travail de communication publique des spécialistes. Nous souhaitons guérir de notre amputation dans ce domaine.

Vendre

C’est aussi compliqué que les autres fonctions précédentes. Il est souvent nécessaire et même presque impératif pour les diplomates, d’aider nos chefs d’entreprise, d’aider nos exportateurs et importateurs, leur ouvrir des portes, les conseiller, être en quelques sorte une espèce de consultants gratuits au service de tous ceux qui représentent la puissance économique guinéenne. Ça s’appelle vendre tout l’aspect économique de la diplomatie qui véritablement a besoin de se développer. Mais si nous sommes amputés de ce pied à travers notre exclusion dans certains accords commerciaux importants (par exemple l’AGOA) ça fait sentir de la catastrophe à venir. Un vrai ouragan qui effraye les analystes.

Au delà de toutes attentes de mes lecteurs, je suis un religieux. En attendant de voir nos dirigeants prendre des dispositions idoines pour faire revenir l’ordre constitutionnel, je ne peux qu’implorer la grâce divine afin qu’il donne à la Guinée et à ses dirigeants toute la force nécessaire, l’intelligence et surtout le sens du patriotisme pour conduire honorablement notre destinée commune. Patriotisme oblige.

Par le serviteur du peuple, Mohamed Lamine Camara (MOLAC)

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