S’il est très important d’engager des poursuites contre les auteurs et complices d’infractions économiques et financières commises sous le régime d’Alpha Condé en particulier, il est tout aussi important de poursuivre les auteurs de crimes de sang lors de manifestations politiques. L’annonce faite par le procureur général près la Cour d’appel de Conakry dans ce sens est un motif d’espoir. Mais il ne faut pas se laisser séduire par la magie des mots.
En effet, aussi longtemps que les auteurs de morts d’hommes au cours de manifestations bénéficieront de l’impunité, le pays s’expose à revivre les mêmes événements tragiques lorsque des citoyens prendront l’initiative d’user de leur droit constitutionnel de manifester.
La répression des infractions économiques et financières n’est pas plus importante que celle des crimes de sang. Malheureusement, au-delà des déclarations du chef du parquet de la Cour d’appel de Conakry, il n’est pas sûr qu’il y ait une volonté ferme d’engager des poursuites pénales, de faire juger ceux qui se sont rendus coupables de répression sanglante de manifestations. Or, il y a des dizaines voire des centaines de familles qui ont été endeuillées par la violence exercée par des individus agissant au nom de l’État. Ces familles dont certaines sont marquées à jamais, demandent justice. Les homicides et autres coups et blessures ne devraient pas passer en pertes et profits. Les éléments des Forces de Défense et de Sécurité qui ont toujours eu la gâchette facile pendant les opérations de maintien d’ordre et qui ont transformé celles-ci en expéditions punitives, doivent absolument rendre compte devant les juges. Un procès a toujours une dimension pédagogique. C’est une garantie contre de non répétition d’actes répréhensibles.
Par Me Mohamed Traoré (avocat)