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La diplomatie sous le CNRD : entre rayonnement et repositionnement (Par Dr Mouctar Diallo, Président du PSTG)

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Parvenu au pouvoir en 2021, le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a peu à peu redéfini la place de la Guinée sur la scène internationale. En misant sur la souveraineté assumée, la diversification des partenariats et le dialogue maîtrisé, le pouvoir militaire a évité l’isolement redouté à la suite du coup d’État.

Lorsque le général Mamadi Doumbouya annonce, le 5 septembre 2021, la destitution du président Alpha Condé, la communauté internationale réagit rapidement : condamnation, suspension de la Guinée de la CEDEAO et de l’Union africaine, gel de certains programmes d’assistance. La diplomatie guinéenne, déjà affaiblie, entre alors dans une zone de turbulences.

Mais trois ans plus tard, le paysage a changé. La diplomatie guinéenne a repris du poil de la bete. La Guinée fréquente et se fait fréquenter.  À Conakry comme dans plusieurs capitales africaines, le pouvoir du Général Mamadi Doumbouya a repris la main.

Repositionnement rapide

L’un des premiers actes de la junte a été de s’inscrire dans une logique de « souveraineté responsable ». Plutôt que de céder aux injonctions ou de se braquer, les autorités guinéennes ont multiplié les consultations, les missions d’information et les échanges avec les partenaires régionaux et internationaux. La Guinée ne renie pas sa rupture politique, mais elle cherche à en maîtriser le récit à l’étranger.

« La transition n’est pas un repli sur soi. C’est une phase de refondation », martèle régulièrement la diplomatie guinéenne. Ce discours, relayé à New York, Addis-Abeba ou Abuja, a permis un retour progressif de la Guinée dans certaines discussions régionales, malgré son statut de pays suspendu.

Des alliés diversifiés

Le CNRD s’est aussi distingué par une diversification des partenariats. Si les relations avec les puissances traditionnelles (France, États-Unis, Union européenne) restent prudentes, Conakry renforce ses liens avec la Chine, la Russie, la Turquie, ou encore les Émirats arabes unis. Une diplomatie tournée vers l’Est, mais non exclusive, qui s’inscrit dans un mouvement plus large observé en Afrique de l’Ouest.

Le dossier du mont Simandou en est une illustration emblématique : la reprise en main par l’État, les négociations avec des géants miniers internationaux, et l’ambition affichée de faire de la Guinée un hub régional de l’acier ont projeté le pays au cœur des stratégies minières globales.

Voix affirmée, mais dialogue maintenu

Sur les questions régionales, le CNRD cultive une position d’équilibriste. Hostile aux ingérences, la Guinée a néanmoins participé à plusieurs médiations, notamment en Guinée-Bissau ou au Mali. En mars 2024, elle a même accueilli une rencontre confidentielle entre leaders d’Afrique de l’Ouest, preuve que sa parole reste écoutée.

En somme, la Guinée version CNRD s’est réinvitée dans le jeu diplomatique. Non pas par contrition, mais par repositionnement. Un repositionnement visant à faire de la Guinée un pole d’attraction des capitaux mondiaux en vue d’un décollage économique réussi.

Par Dr Mouctar Diallo, Président du PSTG

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