Nous sommes bien en février 2024, au pays de celui dont la parole d’officier avait été de dire qu’il ne fera pas un jour de plus au pouvoir après ses deux ans de transition. Hors, l’échéance des deux ans approche à pas de géant et il n’y a l’ombre du démarrage d’aucun processus électoral digne de ce nom. Au contraire, le pouvoir de l’homme du 05 septembre brille par un louvoiement propre à un marin déboussolé et en plein dans une tempête inédite. Comme pour dire que ce qu’on pouvait qualifier de « parole d’officier » n’aura été que l’expression d’une promesse fallacieuse faite par un homme dont l’unique but consiste à se cramponner au pouvoir malgré les sollicitations tous azimuts d’acteurs dignes de bonne fois.
Une volonté manifeste de confiscation du pouvoir
Dorénavant il n’est un secret pour personne que les putschistes de Conakry ne travaillent qu’à consolider leur pouvoir. Dans leurs têtes le retour à l’ordre constitutionnel n’est plus à l’ordre du jour. Les preuves pour attester cette réalité sont légion. Commençons par l’installation des délégations spéciales. En violation flagrante des dispositions du code des collectivités locales et même de la charte de la transition, le CNRD fait preuve d’obstination à faire remplacer les élus par des individus totalement acquis à leur cause de confiscation du pouvoir. Ceci est évident tant et si bien que ce processus se déroule en l’absence totale des acteurs concernés que sont les partis politiques. Cette opacité manifeste vise à faire une main basse sur le pouvoir local pour dérouler un agenda qui n’est plus qu’un secret de polichinelle.
Ne parlons même pas du dilatoire dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel. Aucun acte concret visant la restauration de l’ordre constitutionnel n’est perceptible à l’heure qui fait. De l’omerta sur la rédaction de la nouvelle constitution à la confusion sur l’organe de gestion des élections en passant par le processus d’enrôlement des futurs électeurs, tout porte à comprendre qu’on est dans un véritable imbroglio sans précédant dans notre pays.
De la saignée financière
Ceci se passe de commentaires. Sous le magistère du CNRD le pays se retrouve plongé à nouveau dans ses vieux démons. La prévarication du dénier public et la corruption sont redevenues monnaies courantes. Combien il y a eu de scandales de détournement de fonds publics depuis le 05 septembre ? Plus grave encore, la justice (dont on parlera dans les prochaines lignes), ne lève même pas le petit doigt ne serait-ce que pour la forme. Or, il est de notoriété publique que de nos jours les cadres du CNRD sont propriétaires de nombreux biens immobiliers acquis dans des endroits chics de la capitale et même dans des villes de pays voisins. Le dernier scandale en date qu’il a été convenu d’appeler « SONAP-GATE » est un exemple parmi tant d’autres. L’histoire retiendra que parmi toutes les gouvernances du pays, celle du CNRD fait partie des plus scandaleuses en matière de gestion des biens du pays. Ceci est tout simplement dommage.
De la cherté de la vie
Nous partons de mal en pis. Depuis le 05 septembre aucune politique économique n’est à même de résoudre ne serait-ce que partiellement les maux dont souffrent les guinéens. Cette situation dénote de l’incompétence notoire qu’affichent les militaires au pouvoir, plongeant dangereusement notre économie dans un chaos irréversible. Pratiquement, tous les voyants au plan économique sont au rouge. Et dans ce contexte déjà difficile, est venu s’ajouter l’augmentation exponentielle du prix des denrées de première consommation. Aujourd’hui le guinéen se demande à quel saint se vouer. Économisons par ailleurs notre temps et notre énergie à parler de la courbe du chômage. Celle-ci, nous le savons tous, est à sont plus bas niveau et, plus grave, aucune perspective à même de rassurer ne pointe à l’horizon. Hélas…
Que dire du retour aux vieilles habitudes de coupures intempestives du courant électrique. Alors qu’on croyait la chose derrière nous, l’amateurisme congénital doublé d’incompétence incurable du CNRD nous replonge dans une obscurité insoutenable. Désormais, nous revoilà dans le traditionnel tour-tour. Qui l’eut cru ?
Des libertés publiques
Sur ce plan, le CNRD a battu tous les tristes records. Commençons par l’interdiction systématique des manifestations pacifiques. Au lieu de les encadrer, la junte a préféré les interdire en violation de sa propre charte qui, malheureusement, n’est plus rien qu’un chiffon abandonné par ses propres géniteurs.
Ensuite, il y a maintenant bientôt trois mois que le pays vit dans une autarcie sans commune mesure. L’internet, qui est devenu le quotidien du monde moderne, est interdit aux guinéens par un régime résolu de museler toute voix contraire à celle des thuriféraires acquis à la cause du mal qu’il incarne. Il en est de même pour les medias qu’ils ont simplement cloué le bec afin d’empêcher que ces derniers ne parlent du sale boulot en cours d’exécution actuellement en Guinée.
De la justice à géométrie variable
Malgré les élucubrations tonitruantes qu’on peut constater au niveau de la justice, celle-ci est loin d’être au rendez-vous. Jamais l’institution n’aura été aussi instrumentalisée notamment pour clouer au pilorie les acteurs jugés gênants pour le pouvoir en place. C’est un instrument de harcèlement pour la junte déterminée à dérouler son agenda encore une fois de confiscation du pouvoir.
De façon totalement délibérée la justice évolue à pas de caméléon rien que pour maintenir en détention les acteurs dont on accuse, souvent de manière fallacieuse, de détournement de fonds publics. Des cadres qui ont tout donné au pays, sont condamnés à l’exile pour des dossiers totalement vides. L’exemple du Président de l’ANAD et de l’UFDG, El hadj Cellou Dalein Diallo, en est une illustration parfaite. Et pendant ce temps, les vrais corrompus se promènent dans la cité sous la protection même du palais. Ça s’appelle de la justice à double vitesse ; et c’est malheureusement l’image de notre Guinée sous la conduite du Général autoproclamé en tout.
Par Diabaty Doré, Président du RPR
Vice-président de l’ANAD