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Le chômage, un serpent de mer qui a pion sur rue en Guinée (Reportage)

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La question de l’emploi est une problématique réelle qui se pose avec acuité en République de Guinée. En dépit des efforts fournis ça et là, l’emploi surtout des jeunes reste encore un défi qui jusque-là peine à être relevé par différents gouvernements successifs. D’années en années les universités et d’autres institutions de formation déversent sur le marché de l’emploi un nombre important de diplômés dont l’insertion professionnelle reste encore un vœu pieux. Comment les guinéens appréhendent-ils le phénomène de chômage dans le pays ? Quelles conséquences le manque d’emploi fait-il peser sur la société ? Quelles approches de solutions peut-on envisager ? La rédaction de Confidence224.com s’est intéressé à ces questions et est allée à la rencontre des acteurs non des moindres.

Au 1er trimestre 2023, 1 588 demandeurs d’emploi se sont fait enregistrer auprès des agences de placement et d’intérim pour seulement 136 offres d’emploi selon l’Institut National des Statistiques (INS). Toute chose qui dénote de l’importance du problème d’emploi dans le pays.

Les diplômés de plus en plus nombreux, peinent pour la plus part à décrocher le premier job. Sur le marché depuis près d’une année, Ibrahim Diallo nous raconte son calvaire : « il faut dire que trouver de l’emploi chez nous n’est pas chose facile. Surtout pour nous qui sortons fraichement de l’université nous sommes confrontés à des questions d’expériences professionnelles. Presque partout où vous déposez une demande d’emploi on vous dit qu’il vous faut cinq (5) ans, voir même dix (10) ans d’expériences. Donc du coup vous êtes disqualifiés d’avance. Voilà ce à quoi nous sommes confrontés », a confié le jeune au reporter de Confidence224.com.

Aux bas mots, c’est de la croix et la bannière pour décrocher le premier emploi pour nos jeunes diplômés. Cet état de fait suscite déjà de l’appréhension chez nombre d’étudiants qui se mirent du sort peu reluisant réservé aux ainés déjà sur le marché. C’est du moins ce que soutient Barry Thierno Mamadou, étudiant en licence1 Géographie : « déjà les réalités du marché de l’emploi me font peur. Vous avez tellement de diplômés sans emploi que vous vous demandez quel va être votre sort une fois le diplôme en main. Ceci est une peur qui pèse sur nous qui sommes en formation. Pour être honnête les réalités du marché de l’emploi me font peur et je sais que beaucoup de mes amis étudiants sont dans le même état d’esprit que moi », nous a-t-il dit.

Par ailleurs, selon les chiffres de l’Institut Français de Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), corroborés par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), la Guinée est le deuxième pays africain demandeur d’asile en France après la Côte d’Ivoire. Sur la méditerranée et récemment dans les forêts sud américaines, les guinéens sont en tête de peloton dans la marche vers l’eldorado. Cette situation aux multiples conséquences est intimement liée au manque d’emploi selon Barry Thierno Mamadou. « Il y a bel et bien une corrélation entre le manque d’emploi et l’immigration irrégulière dont la Guinée détient le triste record en Afrique du sud du Sahara. Aucun danger de mort, aucun discours public, aucune sensibilisation, ne peut dissuader un chômeur à rester ici bras croisés sans aller traverser de l’autre côté. Donc l’idée pour ma génération c’est de prendre la tangente après les études. Ce n’est pas l’idéal mais il n’y a aucune autre alternative qui soit plus sérieuse », explique-t-il.

Du reste, pour mieux cerner la question de l’emploi en Guinée il faut, outre l’immense potentialité naturelle dont regorge le pays, mettre l’accent sur la formation et les connaissances pratiques. C’est en tout cas la thèse que défend Félix Fodé Bongono, Responsable Technique du Cabinet CEFORD. « Pour parler du travail on a besoin de deux choses. D’abord la compétence, compétence en terme de connaissance scientifique ; ensuite l’expérience, c’est-à-dire connaissance en terme pratique. Lorsqu’on parle de travail souvent les analystes font référence à nos ressources, à nos potentialités, c’est vrai. Mais comment exploiter ces ressources ? Comment permettre une adéquation entre la population guinéenne, qui est au chômage, et ce que nous avons comme potentiel ? A mon avis c’est de là que réside le problème. Est-ce que ce que nous avons aujourd’hui comme connaissances scientifique et pratique est en cohérence avec les exigences du terrain ? », s’interroge le spécialiste des question d’emploi.

À notre interlocuteur de poursuivre en mettant un accent particulier sur le secteur privé qui, selon lui, mérite d’être redynamisé pour résorber le phénomène de chômage dans le pays. « Pour qu’il y est de l’emploi il faut qu’il y est création de l’emploi. Mais vue que l’Etat à lui seul ne peut pas créer de l’emploi pour tout le monde, alors tournons nous là où il peut y avoir de l’emploi pour tout le monde, c’est-à-dire le secteur privé (l’entreprenariat) », propose Félix Fodé Bongono.

Pour accompagner les diplômés en quête d’emploi, certaines institutions d’enseignement supérieur ont mis sur pied des services d’insertion professionnelle. A l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia vous avez le Service des Relations avec les Entreprises que dirige Lonceny Keita. Pour cet enseignant chercheurs il y a des services publics et privés de placement et d’intérim mais dont l’existence est mal connue des chercheurs d’emploi. D’où son appel : « aujourd’hui il y a assez de services qu’ils soient étatiques ou pas qui s’occupent de l’employabilité des jeunes, c’est le cas de l’GUIPE, Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi. Mais le problème est que les jeunes ne cherchent pas souvent à aller vers ces structures là. Quand je prends par exemple mon université, il y a un service que j’ai le plaisir de diriger, c’est le Service des Relations avec les Entreprises. Donc c’est cela mon opinion, il faut que les jeunes s’informent autour des structures qui œuvrent pour leur insertion professionnelle. Nous nous faisons de notre mieux en passant de classe en classe pour dire aux étudiants qu’au sein de l’université il y a un tel service qui existe pour les accompagner dans leur quête d’emploi », a-t-il confié à notre rédaction.

Mohamed Lamine Sylla, pour Confidence224.com

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