Je pense que l’opinion guinéenne dans sa majorité a été aux anges d’apprendre la décision du juge de la CRIEF accordant à l’honorable Amadou Damaro Camara, ancien Président de l’assemblée de la neuvième législature, une liberté conditionnelle. Chacun en était satisfait d’autant plus que le principal concerné venait de passer dix-huit (18) mois en détention provisoire. Comme on dit souvent dans le milieu judiciaire : « la libération est la règle et la détention est l’exception ». Mais très malheureusement il est donné de constater ces derniers temps l’inversion de la pyramide entre la règle et l’exception. C’est-à-dire que l’exception devient la règle et la règle quant à elle devient l’exception. C’est plutôt un constat quelque peu triste tant et si bien que la transition en cours avait déclaré faire de la justice une boussole.
Mais il ne s’agit pas de tirer à boulet rouge sur qui que ce soit. D’ailleurs en toute franchise chaque acteur engagé dans la procédure est entrain de jouer son rôle sur la base des textes en vigueur. Souvenez vous de ce que disait Montesquieu au sujet de la liberté dans une société : « la liberté consiste à faire faire ce que les lois permettent », a-t-il écrit dans l’Esprit des lois. C’est juste pour dire que chaque partie au procès est libre d’exercé les droits que lui confère la loi. Cependant, force est de rappeler que l’annonce en début de semaine de la liberté conditionnelle de monsieur Amadou Damoro Camara a été ressentie comme un ouf de soulagement pour sa famille, ses proches et pour une grande partie de l’opinion publique. Pendant que tous nous étions dans cette joie aux coté de la famille et des proches de l’intéressé, nous avons appris non sans amertume que la décision du juge s’est heurté, comme d’habitude, à l’appel du procureur près la CRIEF. C’est un droit encore une fois que nul ne peut refuser à ce dernier ; mais il faut insister pour dire que l’exercice de ce droit tend à ternir l’image humaine de notre justice.
Damaro, Kassory, Diané, Oyé etc, sont en prison depuis l’entame de cette transition. La procédure engagée contre eux est taxée de lenteur alors que certains d’entre eux sont souvent en soins intensifs. Le minimum que je demande humblement à la CRIEF, au Garde des Sceaux et surtout au président de la transition, c’est de faire en sorte que chacun de nos frères en détention puissent regagner sa famille bien sûr sous condition. La procédure suit son cours et les prévenus bénéficient encore de la présomption d’innocence. Ils peuvent donc rester chez eux et se présenter toutes les fois que les juges auront besoin d’eux étant donné que tous leurs documents de voyage sont entre les mains des autorités.
C’est donc un plaidoyer, un appel fraternel que je lance particulièrement à mon président, le Colonel Mamadi Doumbouya, père de la nation guinéenne, de peser de tout son poids pour que nos frères puissent rentrer à la maison. Le processus de réconciliation nationale si cher aux autorités de la transition en dépend. Notre pays en ce moment et plus que jamais a besoin d’entente et de concorde de la part de tous ses fils et de toutes ses filles. Votre clémence, cher Colonel, vis-à-vis de vos frères en détention fera de vous plus GRAND et donnera à notre justice le visage humain que tous nous attendons d’elle.
Par Dr Mouctar Diallo, président du PSTG