Après un mois de trêve due au Ramadan tous les voyants indiquent que la situation en Guinée tend au vinaigre ; étant donné qu’aucune ligne n’a jusque-là bougé ne serait-ce que d’un iota. Les rencontres et discussions entre le Premier Ministre et les Forces Vives de Guinée sous l’égide des responsables religieux n’ont jusque-ici été qu’une montagne qui n’a accouché que d’une souris. Toutes les promesses, tous les engagements pris par le PM devant les FVG et les religieux au sujet des préalables exhibés par le consortium d’acteurs politiques et sociaux réunis au sein des Forces Vives de Guinée se sont montrés vains.
Dr Bernard Goumou ou le dindon de la farce du CNRD
Nul n’ignore le fait que le Premier Ministre, dans sa démarche pour une décrispation de la situation sociopolitique, qui n’arrête de se geler sous cette transition, renferme une certaine dose de « sincérité ». Sincérité soit parce qu’il veut remporter un trophée personnel en tant que PM (n’oublions pas au passage que l’homme est décrit par nombre de ses ex collaborateurs comme étant un nombriliste ne roulant que pour son image et profit personnels), soit parce qu’il entend permettre à son patron, le colonel Mamadi Doumbouya (à qui son destin du moment et peut-être du futur se trouvent intimement liés) de commander dans une mer tranquille durant les « 24 mois » de transition. Mais c’est sans compter l’aile belliciste du CNRD qui donne l’impression de l’emporter sur les colombes apparemment minoritaires. Sinon comment comprendre que Dr Bernard Goumou ait pris des engagements nobles concernant les préalables des FVG et qu’il n’arrive pas à les faire accepter par le Palais Mohamed V ? La récente gifle à lui donnée par son bouillant Garde des Sceaux lorsqu’il a voulu échanger avec l’avocat général au sujet des détenus politiques est encore présente dans les mémoires. Qui autour de Mamadi Doumbouya tirerait donc les ficelles d’une situation sociopolitique aussi délétère ? Quel serait l’agenda de cet individu ou groupe d’individu qui semble se sentir bien dans cette situation d’eau trouble ? On en saura peut-être davantage dans un futur certainement proche. Pour l’heure, continuons d’observer car cette fois encore, un ou des singes sont entrain de monter haut, beaucoup trop haut…
Vers la radicalisation de la branche modérée des Forces Vives de Guinée
A dire vrai, l’on peut accuser les FVG de tout sauf celui de ne pas être de bonne foi pour une transition apaisée. En témoignent notamment les multiples appels au dialogue et surtout les nombreux reports des manifestations programmés histoire de donner chance au dialogue. Ceci est évident tant et si bien que les religieux qui jouent l’interface entre les deux parties sembles dorénavant être à court d’arguments pour dire quoi que ce soit au Forces Vives si ces derniers étaient amenés à lancer à nouveau les mots d’ordre de manifestations. « Nous interpellons le gouvernement pour dire que s’il y a la paix c’est dans l’intérêt de tout le monde. En cas de trouble nous allons tous subir les conséquences mais c’est l’image du pouvoir en place qui sera considérablement écornée », a prononcé de vives voix le grand imam de Conakry dans son sermon du jour de la fête passée.
Or, tout indique que l’on s’achemine vers de nouvelles manifestations. Des manifestations d’autant plus que même l’aile la plus modérée des FVG ne dispose plus aucun argument pour faire taire les faucons, car de ce coté il en existe aussi.
Une rencontre de dernière chance
Selon les informations confirmées par des sources au sein du gouvernement et des forces vives, une rencontre entre le PM, les religieux et les FVG est prévue ce mercredi 26 avril 2023. Après un mois de trêve, ce sera la première rencontre mais dont l’issue n’est plus un mystère. C’est un fiasco programmé en effet. « Ils se retrouveront pour se mettre d’accord de ne pas être d’accord », a ironisé pour sa part un membre influent mais sceptique des forces vives. Aussi cynique qu’il puisse paraitre, l’avis de cet acteur n’est pas loin de la vérité eu égard aux informations qui filtrent du Palais de la Colombe. Selon de nombreuses indiscrétions le PM n’aurait obtenu que dalle du CNRD. Aucun accord, aucune garantie sérieuse n’aurait été obtenue à propos des préalables exigés par les acteurs sociopolitiques. Cette intransigeance de la partie toxique des hommes en béret (pour reprendre l’autre) risque à tous les égards de jeter l’huile sur le cratère béant d’un volcan déjà en activité.
Par Mohamed Lamine Sylla
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