De nos jours, la vérité selon laquelle, l’essentiel du commerce mondial se fait par mer, n’est plus à démontrer. En effet, 90% du commerce mondiale passe par la mer, d’où son surnom de l’autoroute de la mondialisation. A côté de ces performances économiques, les océans abritent une immense variété de vies marines. En Afrique, comme dans le reste du monde, le domaine maritime est l’élément vital de l’économie et, dans de nombreux cas, un élément central de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.
Le concept de l’économie maritime s’est développé ces dernières années comme un paradigme solide pour la gestion globale et durable des zones marines et côtières et de leurs ressources naturelles. L’un de ses principes fondamentaux est la coexistence cohérente et optimisée de tous les secteurs d’activité, tout en préservant la qualité des biens et services des écosystèmes sur le long terme. La pêche maritime est un secteur crucial de cette économie maritime, tant en termes d’emplois que de contribution aux économies nationales, mais aussi et surtout à la sécurité alimentaire. C’est pourquoi aujourd’hui, le Think tank guinéen devra faire sienne, l’analyse des nombreux défis que ce secteur devra relever dans les prochaines années pour répondre à la demande d’une population croissante tout en étant particulièrement exposé aux impacts du changement climatique. Si les problèmes liés à la gouvernance et à la sécurité constituent un réel défi, il est clair qu’ils sont aussi souvent restés absents des débats. Cinq thèmes sont particulièrement importants à traiter de nos jours. Ce sont : la sécurité, la nécessité de légiférer et la transparence, le respect des droits humains, l’occasion d’œuvrer pour une économie durable et le développement humain. Négliger ces problèmes conduira à entraver la croissance potentielle promise par l’économie maritime guinéenne.
La piraterie aussi est un problème grave à l’échelle nationale et continentale. Alors que beaucoup pensent que la piraterie se poursuit au large des côtes et beaucoup pensent qu’elle a été vaincue. Les deux assertions sont fausses. La piraterie est un problème terrestre présentant des symptômes maritimes et, même si les symptômes ont changé, les problèmes persistent car de nombreux acteurs qui se sont spécialisés dans des actes de piraterie continuent encore de commettre des crimes maritimes. Il est alors temps qu’il soit réuni les moyens d’assurer la durabilité de la pêche maritime dans le cadre d’une économie bleue qui met l’accent sur les services fournis par des écosystèmes sains.
Comme moi, je pense qu’il est d’un avis partagé par certains analystes guinéens, que la gestion durable des ressources maritimes est cruciale pour le développement socioéconomique de la Guinée. Bien que la plupart d’entre eux reconnaissent le potentiel de croissance du transport maritime sûr, de la pêche, des chantiers navals, il reste clair que l’insécurité maritime en Guinée empêche de faire de réels progrès. C’est pourquoi une évaluation sévère de ce secteur devra être faite pour marquer la naissance de nouvelles politiques de réformes dans la gestion des mers et des océans guinéens et mettre en lumière les dimensions maritimes de la sécurité, du développement et de la prospérité du pays. Ainsi pour mieux résoudre le problème d’insécurité maritime et profiter pleinement des richesses de la mer, il faut impérativement une gestion concertée ou participative des espaces et des ressources s’y trouvant, une mise en œuvre de politiques adéquates, des orientations politiques claires et des mesures de performance pour évaluer chaque dispositif. Aussi, pour une meilleure organisation des structures étatiques évoluant dans le domaine et une bonne coordination de leurs activités, il faudra associer tous les acteurs concernés dans une démarche participative qui aidera sans doute à faciliter les prises de décisions opportunes.
Une initiative pour la croissance du secteur maritime visera à faire converger les aspects environnementaux, sociaux et économiques des ressources biologiques aquatiques pour que les populations y tirent des avantages équitables. Cela ne sera possible que si les différentes initiatives d’accompagnement des partenaires se donnent l’objectif de promouvoir une bonne gouvernance, des processus participatifs de décisions et des pratiques optimales dans le secteur des pêches.
Aujourd’hui beaucoup sont ceux qui savent que l’espace maritime guinéen a de la valeur, mais ils ne comprennent pas combien il vaut ni ce qui pourrait être fait pour l’améliorer. Pour cela, les gouvernements devront se montrer plus agressifs envers ceux qui cherchent à voler les ressources maritimes du pays. Il faudra renforcer les dispositifs policiers côtiers car de la piraterie au vol à main armée en mer en passant par les activités pétrolières illicites, le trafic sous toutes ses formes, la contrebande de biens divers et diverses infractions environnementales, menacent la sécurité, la sûreté et la durabilité des espaces maritimes.
La CNUCED du 6 au 8 avril 2022, a lancé un appel à un investissement conséquent et fiable à long terme dans un “Blue Deal” visant à conserver et à utiliser durablement l’océan pour le développement durable. Les recommandations du forum sur les actions nécessaires pour construire une économie maritime durable consistait à promouvoir des substituts non polluants en stimulant la recherche, le développement et l’adoption de substituts de matériaux moins polluants pour l’océan et recyclables ou compostables, comme les fibres naturelles, les sous-produits d’algues marines et les déchets agricoles après récolte. Ensuite il s’agissait de finaliser un accord sur les subventions à la pêche, car le monde doit de toute urgence signer et mettre en œuvre un accord mondial dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour réglementer les subventions à la pêche. Les mêmes recommandations visaient à s’attaquer aux problèmes sociaux dans les secteurs maritimes en redoublant d’efforts pour résoudre les problèmes de durabilité sociale qui empêchent les communautés ou les personnes pauvres et marginalisées de bénéficier de manière juste et équitable de la commercialisation des ressources maritimes. Il en était de même quand à l’élargissement de l’accès et l’utilisation de la technologie en appelant au développement continu d’outils conviviaux de la CNUCED et de la FAO pour le suivi des secteurs maritimes et à leur couplage avec des programmes d’assistance technique et de renforcement des capacités. En fin parmi les recommandations figurait la construction des chaînes d’approvisionnement durables et résilientes en fournissant plus d’efforts pour garantir des chaînes d’approvisionnement durables, soutenir les pêcheurs à petite échelle et promouvoir la diversification économique, par exemple en développant la culture des algues et les secteurs des sous-produits pertinents. Il devra donc être renforcé la résilience de l’économie maritime par l’amélioration des infrastructures portuaires, des opérations de transport maritime plus durables et une plus grande ouverture commerciale.
Par Mohamed Lamine Camara, MoLaC
Analyste