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Sanctions de la CEDEAO : comment maintenir pendant cette période, le minimum de stabilité économique et la résilience face aux externalités négatives des sanctions ?

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Rappel des sanctions et les causes : le jeudi 23 septembre 2022, la CEDEAO a annoncé un régime de sanctions progressives à l’encontre de la junte guinéenne et de ses soutiens. Ces sanctions comportent, le gel des avoirs financiers des dirigeants, assujetti d’une interdiction de voyager, ainsi que la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO qui a même recommandé aux ambassades et consulats, à travers les États membres auprès de la Guinée, de se retirer.

Les causes de ses sanctions viennent des excès verbaux de part et d’autre. L’envoyé spécial de la CEDEAO auprès de la Guinée (AMBALO), s’exprimant avec un caractère singulier «”je” ne permettrai pas à la guinée d’aller au delà de 24 mois de transition » et avec le manque de respect à l’égard de la junte et de la Guinée, a suscité des interrogations de bon nombre de guinéens. Est-il un négociateur en négociation ? Les réponses à cette question sont alors devenues incitatrices des répliques certes offensantes et insultantes, mais qui venaient de la manifestation d’un ensemble de fibres patriotiques dans les rangs du gouvernement guinéen. Comme finalité, l’audace démesurée de l’un et l’excès verbal des autres ont amené à des régimes de sanctions progressives de la CEDEAO contre la Guinée.

Il ressort donc de l’analyse des sanctions, des conséquences sur plusieurs plans. Elles seront de natures économiques, sociales et politiques. Parmi elles, il y’a certaines qui n’auront pas de conséquences directes sur la population à cause de leur caractère micro (par exemple le gel des avoirs financiers des dirigeants), tandis que d’autres de nature macro comme les autres sanctions, auront des impacts directes sur la population à travers les externalités négatives qu’elles occasionneront. Pour l’affirmer je me base sur l’accumulation des effets papillons ou criquets favorisée par la résistance du CNRD et surtout le terme “sanctions progressives” qui accompagne les dispositions. Quelles sont les futures sanctions ? Le temps nous édifiera. Pour revenir à nos moutons, tentons de répondre à comment maintenir le minimum de stabilité économique et la résilience face aux externalités négatives des sanctions ?

Je tiens cependant à préciser, que les dispositions de gestion de la crise qui seront ici proposées ne tiendront pas assez longtemps. Mais ils donneront un petit temps de respiration à la junte guinéenne ainsi qu’à la population pour laquelle d’ailleurs cette réflexion a été envisagée. Ainsi, économiquement, les sanctions augmenteront le PIB à des taux si bas qu’ils peuvent même être beaucoup plus inférieurs aux taux de natalité. C’est pour dire que, le PIB par habitant sera réduit dans un futur proche. Si toutefois des dispositions ne sont pas prises, le système économique de production fera forcément face à la loi des rendements décroissants. C’est à dire, que le pays fera face tant peu soit-il, à une augmentation de l’un des facteurs de production et gardera les autres fixes. La production finale augmentera à des taux de plus en plus bas, et peut même chuter avec le temps plus que le niveau actuel déjà considéré très bas. Ainsi, si le pays n’augmentera par exemple, que le facteur travail à cause des chômeurs qui vont continuer à inonder le marché (donc il faut recruter), laisser les facteurs capital et technologie au même rythme ou les diminuer à cause des contraintes financières résultantes des sanctions, cela amènera pour un premier temps le ralentissement du PIB du pays, qui par la suite pourra chuter avec le temps. Dans une telle situation, c’est la population qui en payera le prix élevé. Face à cette situation inquiétante, je propose :

1) Au gouvernement guinéen d’appliquer une mesure monétaire expansionniste par exemple pour encourager la consommation. Il faudra alors diminuer le taux directeur pour que l’offre de monnaie augmente. Cette baisse du taux d’intérêt stimulera l’investissement et la consommation, faisant ainsi augmenter la demande. Faut-il rappeler dans une économie fermée, que toute augmentation du taux d’intérêt viendra évincer une partie de l’investissement et de la consommation ?

2) Que par la politique budgétaire, le Gouvernement guinéenne rectifie son budget pour dégrader le solde public avec l’espoir d’accroître l’activité économique, tout en sachant que l’augmentation de la dette publique devra être contrebalancée par de futures rentrées fiscales. D’un point de vue social et politique, il faut craindre un soulèvement populaire, sous l’effet des restrictions financières (la cherté de vie), de mouvements des hommes, des exportations (réduction des débouchés, manque d’infrastructures de stockage et conservation des produits de mer et agricoles comme le poisson, l’ananas et le citron en basse côte, la pomme de terre au Foutah etc).

Tout soulèvement populaire pourra connaître une récupération politique des acteurs qui ne se retrouvent pas tout à fait, dans la politique du CNRD à mener une transition pacifique et participative. Il n’est pas à exclure, le rôle combien de fois important, des communicants politiques sur les réseaux sociaux dans l’allumage de cette étincelle et aussi, celui des opérateurs économiques déchus par le système.

En prélude de cette situation, il faudra forcément des dispositions de RÉSILIENCE sans lesquelles, toutes dispositions économiques éventuelles seraient vaines et utopiques. Il faudra donc :

1) Rapidement constituer une commission forte de religieux des différentes régions de la Guinée.

2) Mettre en valeur et en marche le Médiateur de la République et son équipe.

3) Forcément pour le Premier Ministre, un retour à la case de départ. Sous sa coupole, et surtout dans une atmosphère imprégnée de libres et transparents échanges, les deux premières commissions aideront le pays à tendre vers des assises nationales avec un contenu favorable au retour à l’ordre. Pendant ce temps, qui se doit d’être raisonnable et sérieux, les dispositions économiques ci-dessus énumérées permettront au pays de tenir le coup des sanctions et éviter le côté progressif de celles-ci. Aussi il permettra aux diplomates de prendre leur bâton de pèlerin pour renouer la relation suspendue.

4) Il faudra, séance tenante, envisager avec les jeunes leaders des différentes formations, la construction d’une citoyenneté active autour du projet envisagé. Cela permettra de leur impliquer pour mieux renforcer leur compréhension des questions d’urgence qui se posent, et l’intérêt pour eux de faciliter le retour à l’essentiel. C’est comme ça aussi, on pourra maîtriser en faveur de l’apaisement, leur usage des technologies et modérer leur utilisation des médias nouveaux et traditionnels dans des stratégies de communication ajustées.

En conclusion, il serait qu’à même partiel de ma part s’il n’est pas rappeler ici, que les sanctions n’auront des répercussions visibles que si dans le temps accordé aux effets papillons permet une accumulation de ceux-ci. La chance peut-être qu’a la Guinée et les guinéens, est qu’on n’est pas membre de l’union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) comme le Mali. En plus de cela la Guinée a une indépendance totale et elle n’est pas aussi intégrée à la CEDEAO, comme pourrait le penser certains analystes nationaux et internationaux. Cependant, il est aussi important de rappeler «qu’aucune nation, quelque soit sa force et l’immensité des ressources dont elle disponible, ne prétendre évoluer dans l’autarcie en repliant sur elle même». Ce qui m’amène à dire, de craindre la nature des sanctions futures de la CEDEAO. Cette impasse, occasionnera un vrai suspense économique troublant. Les futures sanctions pourront pousser à abandonner les présents garde-fous pour de nouvelles dispositions, tout simplement parce que les données auront changé. La CEDEAO peut aussi avoir des alliées puissantes comme les États Unis, et la France qui n’a d’ailleurs pas intérêt à se mettre du côté de la Guinée, à cause de sa relation avec le Mali qui lui a craché au visage. Faut-il compter sur la Russie, la Turquie et la Chine ? Un point d’interrogation qui ne cache pas de toute façon, les relations de ses pays avec le régime déchu et son Président Alpha CONDE.

L’autre aspect brûlant qu’il ne faudrait pas oublier est que, les grands opposants politiques du pays (El hadj Cellou Dalein, Sidia TOURÉ et consorts), sont aussi hors du pays sous forme d’exilés politiques. C’est une preuve suffisante pour les Puissances défenseurs des droits de l’homme, de se mettre du côté de la CEDEAO.

Pour terminer, la Guinée en fin de compte, ne devra pas se cacher derrière sa fierté de pays libre, indépendant et souverain. Nous ne sommes plus à l’époque de la révolution, mais plutôt du modernisme et de l’intégration.

Vive la Guinée et les guinéens !

Vive la démocratie et ses principes !

Par Mohamed Lamine Camara, MOLAC

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