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GUINEE : lettre ouverte aux Présidents ÉLUS de la CEDEAO au sujet des putschistes illégaux et illégitimes de Conakry (Par Mamadou Billo Sy Savané)

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Messieurs les Présidents ÉLUS, membres de la CEDEAO,

Monsieur le Secrétaire exécutif de la CEDEAO,

Il n’est pas habituel qu’à titre personnel, un simple Citoyen, ressortissant d’un État membre fondateur (Guinée-Conakry) de votre grande et efficace Organisation (Communauté Économique et Douanière des États de l’Afrique de l’Ouest), vous interpelle, de la manière dont je le fais ici.  Pour la première et peut-être dernière fois, vous me permettrez de m’affranchir de cette « loi » non écrite.  N’y voyez aucune vanité de ma part, ni désinvolture, et encore moins d’ambition personnelle tardive. Ce sont les évènements militaro-politiques survenus dans mon pays, le 5 septembre 2021 qui m’y obligent.

Les nouvelles « autorités » de fait, par le DÉTOURNEMENT FRAUDULEUX des armes et munitions de la Nation entière à leur profit, et le recours inédit au mercenariat pour s’emparer du pouvoir politique et le CONFISQUER, entraîneront inévitablement d’abord la Guinée, ensuite la Sous-région dans une catastrophe sociopolitique dont les prémices apparaissent déjà dans les rues de CONAKRY, et sur l’ensemble du territoire national.

Premièrement : le recours aux mercenaires blancs, vraisemblablement extra-africains pour la destitution du président Alpha CONDÉ qui était lui-même devenu ILLÉGITIME et ILLÉGAL à la tête de la Guinée-Conakry, n’est plus qu’un secret de polichinelle, y compris dans les pays voisins. Les populations de CONAKRY effarées, ont vu des mercenaires blancs surarmés, parader aux côtés des hommes de « lieutenant-colonel » Mamadi DOUMBOUYA, ce jour du 5 septembre 2021. Des « officiers » supérieurs sollicitant l’appui des mercenaires étrangers contre leur propre PATRIE, contre leurs compatriotes, c’est INÉDIT en Afrique de l’Ouest.  Le tout récent ex-caporal de la Légion étrangère française, Mamadi DOUMBOUYA et son CNRD l’ont fait. Aucun militaire d’aucun pays de l’Afrique n’avait commis un tel FORFAIT contre sa PATRIE. En tout cas, ce n’est pas en FRANCE où il a pourtant été Légionnaire, qu’il a appris cette étrange éthique militaire. Ce n’est pas cela l’armée française.

Si dans les jours et mois à venir, ces putschistes devaient rester au pouvoir, alors rien, absolument rien n’empêchera des militaires d’autres pays voisins de reprendre à leur compte, le chemin qui a l’air d’avoir « réussi » à l’ex-caporal Mamadi DOUMBOUYA.  Or dans notre Sous-région, les mercenaires comme outils de conquête du pouvoir politique, y étaient INCONNUS. Et les pays africains dans lesquels sévissait le mercenariat dans les années 60, ont tout fait pour s’en débarrasser. Ils y sont parvenus au prix de mille et une difficultés.

Deuxièmement : La junte de Conakry, son chef Mamadi DOUMBOUYA et les membres civils de leur C.N.R.D., ont réveillé et installé dans le pays, une mini-guerre froide localisée, pour le moment circonscrite à la Guinée-Conakry.  Les deux ou trois acteurs extra-africains ont connus, ainsi que leur motivation. Ce serait une ERREUR mortelle de croire qu’elle resterait limitée à mon pays.  Évidemment la configuration géostratégique de la Guinée, sa dotation en ressources naturelles, attirent des convoitises de provenance diverse. Et les rapaces miniers avec lesquels travaillent les Putschistes, ne sont pas tous des plus recommandables.   Ils le sont encore moins, puisqu’ils ont déjà mesuré le niveau et la personnalité des « autorités » de fait qu’ils ont en face d’eux.  Partout où ces groupes ou organisations occultes se sont installés, ils en ont pris le contrôle par leurs hommes de pailles comme le « lieutenant-colonel » DOUMBOUYA qu’ils gavent de dollars Us et d’euros. Enflé de dollars Us, il pousse notre pays vers une situation identique à celle qui prévaut en HAÏTI.

Je vais insister une deuxième fois : si l’ex-caporal de la Légion étrangère française, Mamadi DOUMBOUYA, et son clan devaient rester au pouvoir dans les semaines et mois à venir, alors la Sous-région entrera malheureusement, dans une situation inquiétante qui plongera inévitablement, l’ensemble de l’Ouest-africain dans des troubles rarement vues en Afrique subsaharienne, depuis les années 60.  A mon avis, les pays voisins qui semblent aujourd’hui stables, n’en sortiront pas indemnes. La CEDEAO devrait impérativement, en concertation avec les trois partis politiques REPRÉSENTATIFS (UFDG, UFR, et RPG), et la société civile (F.N.D.C.) pouvoir faire respecter une durée de la raisonnable de la transition, puisque les putschistes, à part les armes et munitions frauduleusement détournées, n’ont aucune légitimité à parle au nom et pour la Guinée. Ils ne sont pas Représentatifs, même dans l’armée. Cela aussi est vérifiable.

Le « lieutenant-colonel » DOUMBOUYA, son CNRD et son gouvernement, clament partout en Guinée, qu’ils vaincront la CEDEAO, avec des rires graveleux en plus.  J’évite d’employer ici leurs expressions, tant elles sont vulgaires et inconvenantes pour la CEDEAO. Si le dernier mot devait leur revenir, alors la CEDEAO serait en état de mort cérébrale.

Troisièmement : Le récent ex-caporal de la Légion étrangère française, Mamadi DOUMBOUYA autoproclamé « président », n’a pas de mandat du pays. J’affirme ici, solennellement, qu’il ne représente pas non plus l’armée guinéenne. Il est porté par une fraction des « forces » dites spéciales, lesquelles ont la caractéristique principale d’être d’une étrange homogénéité ethno-régionale indiscutable. Cette homogénéité est inquiétante. Inutile d’énumérer ici les exactions sanglantes quotidiennes qu’elle commet contre les populations paisibles, à travers le pays. Peut-être, le « lieutenant-colonel » autoproclamé « président » panique-t-il face à la détermination de mes concitoyens, à ne pas accepter un pouvoir n’a pas choisi au cours d’un processus LIBRE, HONNÊTE, TRANSPARENT et ÉQUITABLE.

Monsieur le Secrétaire Exécutif de la CEDEAO,

Voilà, brièvement exposées, les raisons qui me poussent à vous interpeller, alors qu’en apparence, je n’ai aucun MANDAT de REPRÉSENTATION pour le faire, je dis bien en apparence, puisque comparativement aux putschistes, il y a débat.

Dans quelques jours, vous enverrez à Conakry une délégation qui aura pour mission, de discuter du destin immédiat et futur de la Guinée, avec une junte, issue du PUTSCH sanglant du 5 Septembre 2021. De ce fait, elle est ILLÉGITIME et ILLÉGALE.  Elle n’a aucun mandat de mon pays, qu’elle ne représente d’ailleurs pas.  La junte ne peut donc engager la Guinée, ni parler en son nom.

Faut-il le rappeler, la Guinée est l’un des pays fondateurs de la CEDEAO, Organisation sous-régionale dont l’un des PRINCIPES FONDATEURS est le refus catégorique de toute prise de pouvoir politique par les armes.

Messieurs les Présidents ÉLUS de la CEDEAO,

Vous me permettrez de vous rappeler, que vos possibles interlocuteurs de CONAKRY (lieutenant-colonel Mamadi DOUMBOUYA et son CNRD) ne sont pas élus par leurs compatriotes. Ils s’imposent comme interlocuteurs, par les armes et munitions détournées aux dépens du pays tout entier. Autrement dit, ils ont DÉTOURNÉ à leur profit, les armes et munitions acquises avec les ressources publiques, les ont mises à leur SERVICE, pour assouvir leur ambition personnelle privée d’ENRICHISSEMENT et de PUISSANCE. Vous conviendrez donc avec moi, qu’ils ne sont pas la GUINÉE, qu’ils ne sont ni LÉGAUX, ni LÉGITIMES.  Ils ont TUÉ et MUTILÉ des centaines de mes compatriotes, le 5 Septembre 2021.  En raison de votre grande expérience des hommes et de la chose publique, je suis convaincu que vous réalisez déjà, le risque qu’il y a pour la sous-région, ou précisément pour la CEDEAO, à admettre comme interlocuteur crédible, un groupe putschiste, autoproclamé « président », ou « gouvernement ».

Au regard de tout ce qui précède, je vais m’accorder une seule « vanité » : Je suis plus LÉGITIME que le chef des putschistes, à parler au nom et pour mes compatriotes.  Et il y a des compatriotes encore infiniment plus légitimes que moi à représenter la Guinée et les Guinéens. Je n’ai jamais versé, ni fait verser la moindre goutte de sang de qui que ce soit. Le CNRD et son chef autoproclamé « président » l’ont fait, sans vergogne.  Les fosses communes où sont jetés les corps de pauvres jeunes gardes suppliciés du 5 Septembre 2021, l’attestent.  D’autres preuves foisonnent pour ceux et celles qui voudraient les trouver.

Messieurs les Présidents ÉLUS de la CEDEAO,

Pour conclure, je vous suggère en toute humilité ceci :

La CEDEAO a maintenant un crédit international indiscutable et certain. Elle est écoutée, entendue.  Toutes les grandes organisations extra-africaines ne s’engagent sur la Sous-région qu’avec son soutien.  Les putschistes de la Guinée-Conakry n’ont strictement rien de commun avec ceux du MALI ou du BURKINA.  Ces deux derniers ont de vrais problèmes de sécurité, puisque l’existence même de leur pays en tant qu’entité unie est en cause. De ce fait, ils ont une certaine Légitimité à intervenir provisoirement dans le pouvoir. On peut le comprendre, sans dire qu’ils ont une Légalité.  Alors que le « lieutenant-colonel » Mamadi DOUMBOUYA et son groupe (CNRD et gouvernement), ne sont mus que par des ambitions personnelles démesurées de puissance et d’enrichissement.  La preuve ? L’armée régulière se tient à distance. La classe politique est marginalisée, la société civile muselée. Des milices ethniques, téléguidées depuis le palais Mohamed V prolifèrent dans le quartier.   Le pouvoir de la junte repose exclusivement sur une VIOLENCE inouïe exercée par une garde prétorienne abusivement appelée « forces spéciales ».

A mon avis, la CEDEAO et la classe politique guinéenne doivent pouvoir vaincre rapidement la bande qui s’est emparée du pouvoir politique  pour le confisquer à son profit. A défaut, une guerre civile est inévitable.

Mamadou Billo SY SAVANÉ (FRANCE)

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