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Cri du cœur des boursiers Guinéens au Maroc : « chaque année des étudiants très excellents sont obligés d’abandonner les études pour survivre » Interview

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Les conditions de vie des étudiants guinéens au Maroc se détériorent d’année en année. Outre l’insuffisance des bourses d’entretiens eu égard au cout de la vie, il y a le fait que celles-ci vient très rarement à temps. Toute chose qui, pour ces jeunes gens, constitue un véritable calvaire. Pour en parler la rédaction de Confidence224.com reçois pour vous en exclusivité monsieur Salifou Bérété, Elève Ingénieur en Finance de Marché et Actuariat à la Faculté des Sciences et Techniques de Marrakech. En ligne depuis le Maroc ce boursier de l’Etat depuis 2017 livre un témoignage pour le moins glacial sur les difficultés qu’ils traversent dans le royaume chérifien.

Confidence224.com : Bonjour monsieur, veuillez vous présenter s’il-vous-plaît à nos lecteurs.

Je suis BÉRÉTÉ Salifou, Elève Ingénieur en dernière année Finance de marché et actuariat à la Faculté des Sciences et Techniques de Marrakech, boursier de l’état guinéen en 2017.

Confidence224.com : Tel un serpent de mer la question liée aux conditions de vie de nos boursiers à l’étranger revient sans cesse. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le cas de ceux qui sont au Maroc ?

La bourse marocaine est l’unique bourse d’excellence dans notre pays car elle est octroyée aux meilleurs bacheliers de la nation. Tous les meilleurs sans exception au Bac viennent au Maroc sauf par préférence ou ne remplissant pas certaines conditions telles que l’âge qu’exige notre pays d’accueil le Maroc. Pour vous dire combien de fois le Maroc est le socle de notre intelligentsia.

Confidence224.com : Laisser ses boursiers étudier à l’étranger est une chose et s’occuper réellement d’eux en est une autre. Dites-nous concrètement dans quelles conditions vous vivez ici au Maroc?

Le rêve des jeunes comme nous a été de se battre pour espérer un soutien de l’Etat pour faire des meilleures études. Ce rêve se brise quand tu fais tes premiers mois au Maroc en tant que boursier guinéen. La bourse de l’état dont j’ai même honte de l’appellation est complètement dérisoire en comparaison à celle que donne le Maroc. Cette dernière, est entre 1200 et 1500dh, selon les périodes de l’année et pour chaque deux mois. Vous pouvez vous renseigner, le prix minimum de la chambre dans la ville où je suis Marrakech, est de 900dh soit 900 mille fg par mois. Qui consomme en totalité la bourse marocaine et même avec une marge négative. Comment on paye les transports ? Comment on se nourrit ? Que dire des autres besoins fondamentaux ? Voici le calvaire des étudiants ici ! Chaque année, des étudiants très excellents sont obligés d’abandonner les études au profit des petits boulots pour survivre. Certains par dépression ont tenté même l’irréparable. Des problèmes mentaux sont signalés à chaque fois à nos autorités consulaires. D’autres ne peuvent plus rentrer au pays vu qu’ils n’ont rien fait ici au Maroc. Quand on entame cette aventure, on devient espoir d’une famille, d’une communauté ou du pays. Se dire qu’on a passé ces années sans rien faire de concret et cela n’a pas forcément été notre faute, c’est la plus grande source de dépression qui puisse nous arriver. Cette année, plus de 20 a 30 étudiants guinéens sont envoyé pour la première fois au sud Maroc, sans anciens étudiants à leur côté et dans une zone encore sous tension diplomatique. Comment ceux qui survivent a 9 mois d’absence de leur fameux complément? Ils font tout pour nous enlever le peu d’amour qui nous reste pour ce pays. Après toutes ces souffrances, devrais-je dire que je dois quelque chose à cette nation ? Peut-être!

Confidence224.com : Vous avez sûrement écouté ou pris langue avec les autorités en charge des bourses extérieures. Que vous ont-elles dit comme arguments qui pourraient justifier la situation que vous vivez actuellement ?

Vous croyez que ça leur dit quelque chose? Je vous dis qu’on est finalement reconnu par la police marocaine à Rabat à cause de nos perpétuelles manifestations à l’ambassade. On a même manifesté lors des assises nationales organisées ici. Ce sont des choses que la RTG n’osera jamais diffuser. Allez voir le journal d’hier, le directeur a fait une intervention très enjolivée de notre situation comme si tout allait bien. Nôtre bourse de 50$ mensuel quand et comme ils le veulent. Ils font tout pour plaire à leur chef et non servir la nation. Voici l’une des causes de notre retard. Sinon on connaît ce qu’a fait les grandes nations par rapport à l’éducation pour être la où elles sont aujourd’hui.

Confidence224.com : Si aujourd’hui vous aviez un message à passer aux autorités de Conakry, quels seraient vos mots ?

J’aimerais dire à nos autorités qu’il est temps d’ouvrir les yeux et profiter de l’énorme opportunité que peuvent offrir ces boursiers là à leur nation. Comment comprendre que plus de 30 ans d’investissement dans des boursiers et qu’on ne se pose jamais la question sur leur retour ? Elles servent à quoi alors pour notre pays si ce n’est pas de motiver davantage la fuite des cerveaux ? Nous sommes des ingénieurs dans tous les domaines: informatique, géologie, mathématiques…, architectes, docteurs, de sortants de grandes écoles de commerce marocaines… qui voudrons juste un peu d’attention pour qu’un jour, nous puissions rendre service à notre pays.

Par Mohamed Lamine Sylla

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