Avec une production annuelle estimée à 10mille126 kg, l’exploitation artisanale de l’or, communément appelée orpaillage, constitue pour de nombreux guinéens un moyen inestimable de survie. Mais du fait de son caractère informel, clandestin et surtout anarchique, le secteur cause de nombreux dégâts d’ordre environnemental. Dans quasiment toutes les zones d’extraction, la dégradation du sol avec ses corolaires de ravage faunique et floristique amène à questionner nos politiques publiques pour le sous-secteur de l’or qui, rappelons-le, procure à notre économie une part non négligeable.
En effet l’exploitation artisanale de l’or ou l’orpaillage consiste à l’exploitation de l’or de manière non planifiée, par les méthodes manuelles avec des équipements rudimentaires. Dans le Code Minier l’exploitation artisanale désigne toute exploitation dont les activités consistent à extraire et à concentrer des substances minérales en utilisant les méthodes manuelles et peu mécanisés. Cette activité multiséculaire en Guinée attire d’année en année nos populations rurales qui y trouvent un moyen de subsistance. C’est pourquoi nos puissances publiques, en dépit du caractère informel de l’activité, disposent d’un arsenal législatif et règlementaire important pour encadrer le secteur. Les dispositions des articles 51 à 64 du Code Minier font sciemment cas de l’activité, sans oublier l’Arrêté Ministériel du 10 novembre 2017 instituant un comité d’encadrement du secteur. L’article premier de l’arrêté rappelle, conformément aux dispositions de l’article 64 du Code Minier, qu’il est mis en place au sein de la Direction Nationale des Mines un Comité Technique d’Encadrement Chargé d’Administrer et de Contrôler l’Exploitation Artisanale. Ce comité est un service technique qui bénéficie de l’appui de la Direction Nationale de la Brigade Antifraude. Il est chargé non seulement de mener des recherches de couloirs en relation avec les exploitant artisanaux, de réaliser des travaux de bornage et de parcellisation, mais également d’assurer le suivi environnemental et sécuritaire des activités d’orpaillage. Mais au vue de la pratique que l’on peut observer sur le terrain, force est de reconnaitre que le volet organisationnel et environnemental constituent le tendon d’Achille dudit comité et de l’Etat par ricochet. C’est du moins l’avis de sieur Mamoudou Condé, Juriste Minier et activiste de la société civile. « Le constat est que l’État ne joue pas son rôle. Il suffit d’aller aujourd’hui à Dinguiraye, à Siguiri, à Mandiana, à Beyla, à Kouroussa et récemment à Gaoual pour voir le niveau de dégradation abusif des terres et donc de l’environnement. Nous sommes dans un monde de développement durable. Cela atteste que la croissance économique doit impérativement prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux. Mais il faut faire remarquer que malgré tous ces textes législatifs et règlementaires le constat est triste en termes de protection de l’environnement. Il y a la pollution des cours d’eau, la destruction de la faune et de la flore, la dégradation des terres agricoles des communautés », déplore l’activiste.
Selon le dernier rapport ITIE les dépenses environnementales ont atteint dans le pays un montant de 6 milliards 015millions 692mille 500 francs guinéens. Si ce montant reste dérisoire au vue de l’enjeu oh combien important, il faut aussi et surtout déplorer sa non utilisation à bon escient. D’où la forte implication des acteurs sociaux pour non seulement renforcer le veille citoyen en vue d’une redevabilité de la part de chacun des acteurs se trouvant sur la chaine des valeurs du secteur. Mieux, ces acteurs sociaux se doivent d’organiser à la base, les exploitants afin de limiter les dégâts de leur activité vis-à-vis de l’environnement. C’est en tout cas ce que pense monsieur Diaby Abdoul Gadiry, Consultant dans le domaine des mines : « Le rôle des acteurs dans le processus de restauration de la flore c’est de mettre en place un système de suivi de l’exploitation artisanale de l’or. Ils doivent également regrouper les exploitants artisanaux dans des associations ou des coopératives qui constitueront des cadres d’échange avec d’autres acteurs impliqués dans l’exploitation artisanale de l’or. Ces associations pourront être comme des mutuelles pour la santé sécurité et environnementale et sociale avec pour finalité d’une part, l’amélioration des techniques d’extraction et la réhabilitation de la couverture végétale d’autre part ».
Etant donne l’anarchie qui caractérise encore de nos jours l’exploitation artisanale de l’or et son impact nocif pour l’environnement, nombreuses sont des voix qui s’élèvent pour dire s’il ne serait pas mieux d’envisager l’organisation, la reconversion et l’accompagnement des exploitants traditionnels dans des activités économiques alternatives comme l’agriculture.
Par Mohamed Lamine Sylla
Pour Confidence224.com
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