22 novembre 2024
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Les 100 jours du CNRD : regard holistique sur le bilan politico-économique (Par Mohamed Lamine Camara)

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Si l’Etat est agent économique au singulier, il est clair qu’il forme le circuit économique avec les institutions financières, les entreprises, les ménages et le reste du monde. Le CNRD représente l’ETAT dans la transition en Guinée. Le gouvernement d’union national qu’il a mis en place a été établi à la suite des accords liés aux événements du 05 septembre 2021. Il est chargé de l’établissement d’une transition démocratique dans le pays. Ses principaux objectifs sont la restauration de la paix dans le pays, la refondation de l’Etat, la mise en place des bases de développement favorisant un environnement économiquement et socialement bon pour les affaires et surtout, l’organisation des différentes élections de façon libre et transparente.

Le gouvernementale du CNRD paraît aujourd’hui comme une institution d’union nationale faisant de sa politique de refondation de l’Etat un moyen d’union nationale au service de la paix et la quiétude sociale en Guinée en prenant par exemple l’équilibre ethnique qui symbolise ses différentes nominations. Ses jalons posés jusque-là paraissent également très appréciés par les citoyens et les observateurs.

Dès après le coup d’Etat, la reprise rapide des activités a été engagée pour permettre aux guinéens de ne pas ressentir Assez les coûts de la crise politique. Les consultations des forces vives de la nation ont été engagées et achevées. Les saignées financières sont arrêtées jusque-là par le gel de comptes. Un gouvernement a été constitué et l’administration a été assainie et rajeunie  à la satisfaction de tous. Et, chose également salutaires, les grands travaux de routes ont été relancés etc…

Mais Malgré ces avancées, force est de constater que le niveau de la croissance et la paupérisation continue de la Guinée et des guinéens reste une situation anormale. Le panier de la ménagère n’a pas ressenti d’abord le changement prôné. Le taux d’inflation, le taux de change du GNF par rapport à la Devise n’ont pas connu de nettes améliorations. Les prix des biens et services sont restés les mêmes et les entreprises sensées manifester le désire d’employer un grand nombre de jeunes ne se sont pas jusque-là manifestées. L’investissement est au ralenti, la production nationale est à la baisse, les épargnes des ménages sont toujours faites suite à la faiblesse des revenus de la population etc. Faut-il penser que peut être, les 100 jours sont trop tôt pour constater ces changements ou la redouter? En tout cas, pour le moment si des initiatives sont prises dans ce sens, elles ne sont pas connues du grand public. Cela dénote un manque de communication du CNRD.

La mission principale du CNRD est de conduire à bon escient le projet de transition politique. Tout projet connait des objectifs, des stratégies et un chronogramme bien défini à respecter.

A ce jour, les nouveaux ministres après plus de 2 mois de leur nomination n’ont jusque-là pas adressés à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique une déclaration de situation patrimoniale et une déclaration d’intérêts. Ces déclarations qui devraient être transmises également au premier ministre et qui devraient être rendues publiques doivent être actualisées en cas de non modifications substantielles, ne sont pas aussi faites pour le moment. Si c’était fait, elles restent aussi Inconnues du grand public. Ça serait aussi un manque de communication du CNRD. Je me souviens, la première dame de la première république, La Grande Mère André TOURÉ, avait conseillé cette communication verticale par connaissance de cause. Elle est très importante pour le peuple.

La Conseil Nationale de la Transition (CNT) n’est pas jusque-là mise en place. Ce qui est sûr, la Guinée procèdera au 12ème provisoire pour exécuter le budget de 2022. Ce qui est un peu rassurant c’est la création au-delà de la cour des comptes, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), une juridiction créée par le chef de la junte pour la répression des infractions à caractère économique ou financier.

Jusque-ici la durée de la transition n’est pas définie. Pour le moment le projet de transition conduit par le CNRD n’a pas de chronogramme permettant d’évaluer son pragmatisme dans ce domaine. Je pense que la meilleure façon d’adhérer à un système c’est d’être animé de la volonté légitime de l’accompagner. Cela aussi passera nécessairement par lui regarder en face et lui Dire toute la vérité. Toute démagogie à part.

Cependant, critiquer est bon mais proposer des solutions est meilleur. C’est pourquoi à l’instar de nombreux analystes guinéens, j’ai décidé légitimement de faire de mon cheval de bataille, l’élaboration des théories capables de proposer des solutions adéquates pour la croissance nécessaire et le développement économique de la Guinée à cette ère de la transition. Bien entendu la meilleure façon d’accompagner le CNRD est de se mettre dès maintenant au travail. Sa réussite étant favorable à l’ensemble des guinéens.

Les pays comme la Guinée atteignent le stade de la pleine croissance qu’après un ensemble de processus interdépendants et indispensables. Même s’il est vrai qu’il n’existe pas de schéma universel de développement. Il existe qu’à même des stratégies spécifiques adaptées aux besoins de développement des pays. J’ai toujours classé la Guinée parmi les pays qui ont du mal à mobiliser les fonds nécessaires pour leurs croissances.

C’est pourquoi je décide de proposer au CNRD l’instauration dans sa politique, des solutions de développement comme suit:

  1. le développement à travers les ressources immatérielles comme la formation. Les réformes dans ce domaine devraient permettre une reconnaissance universelle de la qualité des infrastructures et du système éducatif guinéens afin de préparer des mains d’œuvres qualifiées et compétitives à l’échelle mondiale. Faut-il rappeler que la Guinée n’est plus à la phase de la révolution, ni du libéralisme, Elle est à la phase de l’intégration ? Nos réformes éducatives devraient nous permettre des rentrées de devises par l’affluence des étudiants étrangers en Guinée et non le contraire. Si la Guinée a la bauxite, le Sénégal a l’Université Cheick Anta Diop ;
  2. le développement à travers la quantification et l’utilisation massive de la main d’œuvre dans le processus de production. Si le diplôme étranger est un atout dans les différentes nominations du CNRD, c’est que quelque part elle n’a peut-être confiance aux produits guinéens. C’est un complexe pour lui et surtout un défi à relever par les produits guinéens. En plus, La Guinée est symbole de l’universalité mais son marché est inondé des produits chinois ;
  3. Le développement à travers l’importation des services dans l’économie et l’utilisation rationnelle du revenu national. La Guinée a un PIB consistant mais la répartition et l’utilisation rationnelle du revenu national doivent être des défis à relever. 20% de la population est riche et 80% d’elle est pauvre.

Ces trois modèles combinés dans le respect à celles des facteurs de production au progrès technique permettront une forte productivité. Pour la pérennisation des retombées positives de la présente politique, je Conseille d’instituer une démocratie pluraliste, la bonne gouvernance à travers entre autres, le refus de la corruption et l’instauration d’un État de droit comme entamé par le CNRD. A ceux-là, s’ajoutent la réalisation des grands projets d’infrastructures routières, l’achèvement des chantiers de barrages hydroélectriques déjà commencé par le régime défunt, l’investissement dans des chantiers agricoles (pour une autosuffisance alimentaire tant recherchée par les guinéens), la création des ressources renouvelables.

Les routes permettront l’accès facile aux champs et l’acheminement des productions sur le marché. Les barrages hydroélectriques permettront de faciliter les transformations (les tours-tours doivent cesser). L’écoulement de ces produits transformés permettra de diminuer l’inflation importée, d’améliorer le panier de la ménagère et de rendre consistant le PIB qui se doit d’être bien réparti. Une chose est claire: la production est fonction des facteurs travail et capital. L’accroissement du capital nécessite de gros investissements que le pays n’a pas. Par contre l’augmentation de la quantité et de la qualité du facteur travail est à notre portée. On peut accroître la productivité marginale du travail et répondre aux besoins de la mondialisation.

Cette technique de gestion permettra d’accroître le niveau de production du pays et donc entraîner sa croissance économique car :

– Elle créera l’emploi de fait de l’utilisation intensive de la main d’œuvre donc lutter contre le chômage ;

– Elle permettra de stabiliser le prix donc de maîtriser l’inflation grâce à l’augmentation de la production (l’offre globale des biens et services) ;

– Elle permettra de réduire les besoins d’importations et par conséquent d’améliorer l’équilibre extérieur compte tenu de l’accroissement de la production et de la transformation des matières premières sur place ;

– Elle permettra de lutter contre la pollution de l’environnement, du fait de l’utilisation nominale du stock de capital physique dans le processus de production, diminuer le chômage des jeunes et amener les entreprises à des sommets jamais atteints.

 

Par Mohamed Lamine Camara

économiste

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