Décidément la CRIEF récemment instituée par les autorités de la transition ne connaitra pas de chômage ; tant les scandales financiers sont légion dans les sérails de l’administration publique guinéenne. Cette administration, dans son rapport avec le secteur privé, regorge de nombreuses omerta dont le contenu n’arrête d’épater les observateurs à mesure que les acteurs crèvent l’abcès. L’une des illustrations parfaites de ce scénarii est sans doute l’affaire AWAL Guinée ; une entreprise née à l’initiative d’un homme d’affaire guinéen du nom d’El hadj Mohamed Koné, associé d’un fonctionnaire en la personne de monsieur Almamy Condé, dont les agissements vous causeront assurément des tournus à mesure qu’on entrera ci-dessous dans les arcanes de ce dossier rocambolesque.
La genèse de l’affaire
Tout remonte à 2015 lorsqu’un homme d’affaire guinéen qui a fait fortune en Côte d’Ivoire décide de s’installer en Guinée. Dans cette perspective il rencontre sur son chemin ce fonctionnaire guinéen qui, sous le règne d’Alpha Condé, avait véritablement pignon sur rue. Almamy Condé, c’est le nom de ce fonctionnaire, travail au trésor public. Il exige d’entrer dans les actions de la société qu’entend créer El hadj Mohamed Koné venu de Cote d’Ivoire. Là n’est pas le problème. Les deux hommes décident donc de s’associer pour mettre sur pied une entreprise dénommée SOCIETE AWAL GUINEE-SARL « S.A.G SARL » et immatriculée sous le No ENTREPRISE/RCCM/GC-KAL/061.354A/2015. Très vite les premiers marchés tombent. La société bénéficie d’un contrat de grande envergure dans l’exploitation de granite du côté de Dubreka. L’exécution de ce contrat nécessite naturellement l’acquisition d’équipement de travail et d’autres formes d’investissement. Le financier de la société (El hadj Mohamed Koné) prend alors le chemin de la Chine d’où il reviendra avec des machines et d’autres appareils de dernière génération. Le cout global de l’investissement oscille autour de quinze milliards de francs guinéens, a-t-on appris. Ainsi la production démarre dans les carrières de granite et l’entreprise fonctionne à plein régime. Nous sommes en 2016 et tout semble aller mieux, quand bien même la pomme de discorde n’est pas loin.
Début de la mésentente
Pour rappel, le capital social de l’entreprise est tenu à 60% par l’homme d’affaire (qui se trouve également être le gérant) et les 40% sont au fonctionnaire. Mais avec l’importance que prend la société, Almamy Condé qui, signalons au passage, s’était fait représenter sur papier par son garçon de moins de 5ans à l’époque, voit son appétit monter en flèche. Progressivement il s’implique dans le fonctionnement de l’entreprise et y agrandit son influence de manière considérable. Encore une fois, là ne fut pas le véritable problème. Mais le problème naitra lorsque sieur Almamy commencera de faire transiter dans le compte bancaire de la société plusieurs milliards de nos francs, tous des fonds n’ayant aucun lien avec l’entreprise et ses avoirs. Des décaissements, dont la rédaction de Confidence224.com, tient les traces par le biais d’une source proche de la gendarmerie, sont effectués à outrance. Mais d’où venaient tous ces fonds-là ? Est-ce l’argent de la drogue ou celui provenant des caisses publique ? Voilà les questions qui, légitimement, taraudaient l’esprit de l’autre associé. Mais bien sûr pour Almamy Condé hors de question de fournir la moindre explication. Tenez-vous bien, en une seule journée, le compte pouvait recevoir et décaisser trois à quatre milliards de francs guinéens (confidence224.com en détient les preuves). Peu à peu, l’attitude commence à inquiéter El hadj Mohamed Koné dont le questionnement sur l’origine de cet argent reste encore insatisfait. L’homme d’affaire voit anguille sous roche et a du mal à contenir ses craintes. Mais il oublie que pour son associer, il s’agit d’une affaire qui ne le regarde en rien. Bien sûr que cela est faux d’autant plus que c’est le compte bancaire de la Société Awal-Guinée qui est en train d’être utilisé à des fins douteuses. L’affaire ne connait aucun répit et provoque une ligne de fracture entre les deux hommes qui, progressivement s’avance dans un bras de fer.
Démonstration de force
Furieux des multiples questionnements de son associé qui ne lui laisse plus la bride de mener ses affaires de fonds comme il l’entend, Almamy Condé, nous l’avons dit, fonctionnaire très influent auprès de Président Alpha Condé, décide d’aller dans un bras de fer contre celui qui n’arrête de l’embêter à tout bout de champs. D’abord il commencerait par bloquer les payements de l’Etat à destination de la Société Awal-Guinée. Ensuite il aurait pris totalement le contrôle de l’entreprise, de ses avoirs à la banque jusque sur ses sites d’exploitation. D’ailleurs, parlant des sites d’exploitation, interdiction sera formellement faite à l’homme d’affaire et à ses proches de s’y rendre sous peine de finir ses jours en prison. Nous sommes toujours en 2016 et depuis lors, la Société Awal Guinée travail au compte exclusif du fonctionnaire. L’homme d’affaire lui, n’a que ses yeux pour pleurer car l’adversaire (en tout cas à l’époque des faits) étaient un véritable Goliath.
Dernier développement dans l’affaire
Le deuxième nom de Dieu s’appelle le TEMPS, soutiennent les musulmans. Au matin du 5 septembre passé, la Guinée se réveilla au petit matin en apprenant que monsieur Alpha Condé n’est plus celui qui dorénavant préside aux destinée du pays. Celui qui, pendant 11ans dirigeait la Guinée avait ainsi vu tout son système et toute son influence s’écrouler comme un château de carte. Ce fut le cas également pour quasiment tous ses proches à l’image de sieur Almamy Condé de qui il se raconte qu’il pouvait faire et défaire tout ministre du régime Condé. Le dossier lui opposant alors à celui qu’il avait cloué au pilori a ainsi refait surface et s’est transporté cette fois-ci sur la table des nouvelles autorités. Cerise sur le gâteau, le Président de la Transition, qui marque d’un point d’honneur la lutte contre de telle pratique, s’est résolu de tirer au clair cette affaire. Aux dernières nouvelles, le Colonel Balla Samoura, Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale, a été saisi par Mamady Doumbouya à l’effet de s’occuper du dossier. « L’affaire est entre les mains de la gendarmerie », nous a confié une source proche du milieu.
Dans les jours ou semaines à venir, nous aurons à observer l’épilogue que connaitra le dossier. Et surtout le sort qui sera celui du richissime Almamy Condé auprès de qui nos tentatives de recueillir sa version des faits se sont montrées infructueuses.
Affaire donc à suivre !
La rédaction de Confidence224.com
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