24 novembre 2024
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Dubréka : l’échangeur de Kagbelen ne mérite-t-il pas le nom de Sa Majesté Manga Balé-Demba ? (Par Alseny Farinta Camara)

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De la lignée de Khanfory Soumba Toumany, sa majesté Manga Balé-Demba, fils de Manga Damba fut l’avant dernier Roi de Dubréka dont les frontières englobaient l’actuel Grand Conakry constitué des Îles de Los, Kaloum, Dixinn, Ratoma, Matam, Matoto, Dubréka et une partie de Coyah avant l’installation de l’administration coloniale française. Intronisé en mars 1866, Sa Majesté Manga Balé-Demba a signé le 20 juin 1880 un traité de protectorat avec la France à Tanènè, sa résidence, et confirmé le 30 du même mois au poste de Benty par Sa Majesté en personne, en présence des chefs les plus influents de son pays et des européens et natifs. Secondé par certains chefs, il s’opposa à la présence française qui se concrétisait par l’établissement des postes douaniers et le privait des ressources fiscales. Conakry, village éponyme du chef-lieu de la future colonie, fut choisi comme le lieu de résidence du nouveau commandant de cercle de Dubréka en 1885.

Dans un extrait dudit traité que j’ai obtenu aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM) qui stipule en son article premier « Balé-Demba déclare placer son pays et ses sujets sous la suzeraineté et le protectorat de la France, et s’engager à ne jamais céder aucune partie de sa souveraineté sans le consentement du Gouvernement français ». Selon mes renseignements dans le Bulletin de la société de géographie et d’études coloniale volume 9 et 10, Sa Majesté Manga Balé-Demba jouissait d’un grand prestige. Il su maintenir la paix dans son royaume pendant toute la durée de ses vingt années de pouvoir. Vers la fin de son règne, seulement son autorité diminua, battue en brèche par ses ministres qui l’exploitaient, s’appropriait de la rente que lui versait le gouvernement français et aspirait à la succession. Au survenue de sa mort, le 8 décembre 1886 (Qu’Allah soit satisfait de lui), il ne laissait que des parents sans autorité; aussi des chefs du pays (dits big mans) ne purent s’entendre pour nommer un successeur. Plusieurs parties se formèrent, dont deux principales : celle de Kalé Lamina, premier ministre de Balé-Demba originaire de Koket dans Forécariah, résident à Kaporo, et celle de Kané Massiné, bigman de Manéah originaire de Soumbouya dans Coyah. 

Après analyse de plusieurs documents précoloniaux et coloniaux, je ressors qu’au-delà de sa timide opposition, Manga Balé-Demba est un des précurseurs de notre chère Guinée. Il serait judicieux à mon avis pour la mémoire collective que l’échangeur de Kagbelen situé dans la Commune Urbaine de Dubréka porte son nom. Il fut parmi les Rois les plus connus de Dubréka. D’ailleurs, pour Dr Max Buchner, «sous son inspiration, il signa une lettre adressée à l’Empereur d’Allemagne en 1884, et dans laquelle il disait qu’il recevrait avec bienveillance les sujets allemands qui viendront le visiter ».

En prélude de la mise à disposition de l’échangeur de Kagbelen aux populations Guinéennes; conscient de la nécessité impérieuse des citoyens de sauvegarder et de promouvoir notre patrimoine culturel sans s’enfermer dans un communautarisme nuisible à la construction d’une nation unitaire et indivisible, j’exhorte les autorités compétentes d’user de leurs responsabilités citoyennes pour que l’échangeur de Kagbelen porte le nom de Manga Balé-Demba Soumah à titre posthume pour l’immortaliser dans la mémoire des Guinéens afin de renforcer la cohésion, la justice sociale et l’unité nationale gage d’un développement durable.

Alsény Farenta CAMARA, 

Citoyen engagé

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