22 novembre 2024
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Justice : immersion à la Maison d’Arrêt de Kissidougou une semaine après le passage du Garde des Sceaux

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Le récent et très mouvementé séjour du Garde des Sceaux à Kissidougou, caractérisé d’une part par des dénonciations, témoignages et révélations des citoyens et d’autre part par des sanctions et de fortes recommandations, a pu lever la voile sur la situation des droits de l’homme en général mais plus particulièrement sur les conditions d’incarcération à la Maison d’Arrêt de la dite préfecture. Située à une dizaine de mètres de la route nationale au quartier Madina, la Prison Civile de Kissidougou est un bâtiment en pierres datant de l’époque coloniale visiblement dans un état de vétusté très avancée. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les conditions de détention des pensionnaires qui y séjournent soit pour attendre leurs jugements, soit pour purger leurs peines, constate la rédaction de Confidence224.com à travers son correspondant qui s’est rendu sur les lieux.

À l’intérieur de cet établissement pénitentiaire qui sert de cadre de vie pour 127 détenus dont 4 femmes et 3 mineurs, le constat est alarmant voire révoltant: la cour sans hangars et  non bétonnée favorise des eaux stagnantes partout dégageant des odeurs nauséabondes, des cales exigus, malpropres et surpeuplées (de 6 à 38 détenus par cales), des murs délabrés avec des toits troués par endroits laissant  passer des eaux de pluies, des rayons de Soleil ou autres reptiles dangereux. En s’approchant des latrines souvent sans porte, le visiteur est accueilli par la puanteur, les cafards et mouches ce qui est révélateur de l’abandon total dans lequel se trouvent ces installations  sans aucune mesure d’hygiène.

Si le passage du garde des sceaux a permis de rendre gratuites les visites et d’offrir un bain de soleil quotidien à chaque détenu, le tout nouveau régisseur, le lieutenant inspecteur Seydou Condé a établi  ses propres principes par rapport à ces deux mesures: « d’abord à ma prise de service il y a à peine une semaine, j’ai tenu une réunion avec mon personnel au nombre de huit agents à l’issue de laquelle j’ai apporté les premiers changement dans le fonctionnement de notre prison. Désormais la prison s’ouvre à 07h50mn au lieu de 08h30 auparavant. Alors de 7h50 à 9h30 c’est la corvée extérieure, c’est-à-dire le nettoyage de la cour, transport de l’eau etc. Maintenant les visites sont gratuites mais elles commencent à 9h30 et sont conditionnées par l’identification du visiteur à travers les pièces telles que la carte d’identité, la carte d’élève, carte d’électeur ou passeport. Cela nous permettra d’éviter les encombrements ce qui peut occasionner des cas d’évasion. Comme vous savez le Ministre est allergique à ça. Pour les bains de soleil, dès 8h nous faisons sortir tous les détenus pour faire leurs toilettes et profiter du soleil et des mouvements jusqu’à 14h », a confié le lieutenant inspecteur Seydou Condé.

Parlant des difficultés auxquelles son équipe est confrontée dans l’exercice de leur fonction, le régisseur s’est exprimé en ces termes : « je commence par le cadre du travail, les toits des bureaux coulent et on a même pas où garder les documents. Imaginez là où on garde plus de 100 personnes l’infirmerie qui est là n’est pas fonctionnelle, le médecin qui est détaché ici est régulier mais il n’a rien. Pas de tensiomètre ni de produits donc quand un détenu tombe malade c’est du calvaire pour nous. Ensuite la fosse sceptique qui est là nous la vidons manuellement chaque trois jours, même des simples balais c’est nous qui achetons, les savons ou eau de javel, il n’y a rien. Personne ne vient en aide ni la commune, ni la direction des affaires sociales, ni les ONGs. Parfois c’est le Procureur qui nous aide avec 50 milles ou 100 mille », raconte le régisseur.

Rencontré par notre rédaction, Keita Ousmane, élève résidant au quartier Missira, était venu rendre visite à un de ses amis détenu. Dans son témoignage, le jeune-homme parle plutôt de bon traitement des visiteurs contrairement à un passé récent: « je constate un réel changement dans le cadre des visites car c’est la deuxième fois que je viens ici. Les gardes nous traite avec courtoisie, ils demandent et on te demande le nom du détenu que tu veux voir, on te donne la place. Moi on m’a accordé 5 minutes de causerie avec mon ami, vraiment je suis satisfait », se réjouit-il.

Quelques détenus rencontrés dans la cour ont avant tout salué le dynamisme du nouveau régisseur qui porte attention à leurs différents problèmes avant d’apprécier le changement apporté surtout au niveau de la restauration. Selon eux, les plats sont désormais suffisants et de qualités. Cependant, ils n’ont pas manqué de se plaindre des toits qui coulent, du surnombre dans les cales et surtout le manque de soins médicaux. Ils ont profité de notre micro pour lancer un appel pressant à l’État pour remédier ces manquements.

Nous y reviendrons!

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