L’année 2022 qui vient de s’achever a été une année très mouvementée en République de Guinée, notamment sur les plans politique, économique et social. Après une année entière de la gestion du CNRD, l’heure est plutôt au bilan en ce début d’année. Si les commentaires sont acerbes à l’endroit des militaires, ces derniers bénéficient tout de même de quelques soutiens quant à leurs actions jusque-là posées. La rédaction de Confidence224.com à travers son correspondant basé à N’Nzérékoré s’est intéressée à la réaction des populations de cette localité vis-à-vis du bilan courant année écoulée de la junte au pouvoir.
Pour Ousmane Bella Barry, chargé des cours de philosophie à Gouecké, une sous-préfecture située à 40 Km du centre-ville, on ne peut pas tout peindre en noir quand bien même il y a des cotés à améliorer sur la conduite de la transition. « Regardons aujourd’hui la justice, on peut dire qu’elle est la boussole de cette transition à 65% ce qui dit alors qu’en matière de justice on a beaucoup progressé contrairement aux années antérieures. Parce qu’actuellement il y a la reddition des comptes, il y a la récupération de certains domaines de l’Etat qui ont été confisqués par certains hauts administrateurs du pays. Avec la comparution de certaines personnes devant la justice guinéenne, nous comprenons que désormais dans les années à venir nul ne sera au-dessus de cette justice et que chacun sera désormais appelé à répondre de sa gouvernance. C’est un premier pas qui a été franchi par le CNRD et à nous le peuple de Guinée, à tous les acteurs politiques, aux activistes, de se donner les mains pour que cette œuvre posée soit perpétuée dans les années à venir. Comme ça notre pays va être une référence en matière de justice », estime Ousmane Baldé.
Parlant du cas de la CRIEF, notre interlocuteur n’a pas manqué d’exprimer sa joie quant à la mise en place d’une telle institution. Selon Ousmane Baldé, même si quelques manquements sont à déplorer il ne faut tout de même pas jeter le discrédit sur cette institution judiciaire dont la mission consiste à la moralisation de la vie publique nationale: « l’institutionnalisation de la CRIEF en République de Guinée est quelque chose que j’ai vraiment apprécié. Aujourd’hui les gens sont inquiétés d’accord, mais il faut reconnaitre que ces gens qui sont inquiétés sont quand même soupçonnés de quelque chose par cette même population qui quelques fois est entrain de décrier. Donc une fois la CRIEF en place, il va falloir que ces gens-là répondent de leur gouvernance peu importe le commentaire que ça suscite. C’est une justice humaine et dire qu’une justice humaine peut être parfaite c’est de mettre le doigt dans l’œil, car tant que les hommes feront la justice il y aura des aspects qu’on ne verra pas. C’est ce qui fait qu’il peut y avoir des innocents culpabilisés tout comme des coupables innocentés, cela arrive souvent. Mais il faut quand même que nous fournissions de l’effort pour que la vérité et la justice soient vers la majorité », a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez cet autre citoyen qui intervient sous couvert de l’anonymat. Selon lui il faut plutôt amoindrir les critiques vis-à-vis de la junte militaire : « ce que le CNRD a fait en une seule année pour la Guinée est incroyable. Moi je pense qu’on doit aller doucement avec cette junte. En une année seulement plusieurs domaines de l’Etat ont été récupérés et la comparution de certaines personnes aujourd’hui devant nos tribunaux nous permet de compter sur cette équipe très jeune et dynamique », espère-t-il.
Par ailleurs et contrairement à ses deux prédécesseurs, Mamadou Malhado Diaouné, responsable politique ici à N’Zérékoré, renvoie un tableau sombre pour le CNRD au pouvoir. Pour lui l’année 2022 a été une année perdue pour la Guinée et pour les guinéens : « évidemment l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya à la tête de la Guinée le 05 septembre avait suscité beaucoup d’espoirs et d’engouements avec un discours programme qu’ils avaient tenu à l’époque qui nous disait que la justice sera la boussole de tout ce qui s’en suivra. Aujourd’hui force est de constater que tous les engagements qui ont été prises devant le peuple de Guinée et auxquels le peuple de Guinée avait applaudit ont abouti au désespoir. Je pense que c’est une année dans laquelle on a connu pas mal de non-respect des droits humains. Il y a des exilés politiques et des prisonniers d’opinions. Si vous comparez avant 05 septembre et aujourd’hui tout ce qui se passait avant 05 septembre est malheureusement revenu avec force », regrette ce membre du parti de l’UFDG qui poursuit en dénonçant les manquements de la CRIEF dans le traitement des dossiers dit de corruption et de détournement. Pour Mamadou Malhado Diaouné il n’est pas normal que les gens soient éperdument maintenus en prison et dans des conditions difficiles sans aucun jugement. Allusion est ici faite aux anciens dignitaires incarcérés sous le sceau de la lutte anti-corruption.
« Je pense que si la justice était la boussole et la corruption leur cheval de bataille, ce n’est pas seulement les civils que ça allaient viser. Aujourd’hui aucun homme en uniforme ne se retrouve devant cette juridiction, ce qui prouve à suffisance que cette boussole se trouve orientée. On a perdu banalement une année même une petite élection ne serait-ce que communautaire n’a pas puis être organisée et nous n’assistons qu’à des discours et actions populistes qui sont en train de se faire ça et là. Aucun programme cohérent et voilà comment s’achève l’année », a déploré Mamadou Malhado Diaouné avant d’ajouter que cette année 2023 s’annonce très difficile : « nous démarrons l’année 2023 avec une situation extrêmement difficile parce que le panier de la ménagère a pris un grand coup, ça il faut le reconnaitre. Et quand le colonel Mamadi Doumbouya dit que ni les membres du CNRD, ni les membres du gouvernement, ni les membres du CNT ne seront candidat à aucune élection, la question qui se pose est que qui sont les membres du CNRD ? Je pense qu’on a passé plus d’une année entrain de demander à ce qu’on nous dise qui sont les membres du CNRD qui ont pris le pouvoir et qui se sont engagés à restituer le pouvoir aux civils et par ricochet qui se sont engagés aussi à ne pas se présenter à une élection. Je pense qu’aujourd’hui ce n’est pas encore connu. Donc le doute existe et l’autre élément qui a manqué à son discours était de s’engager à ne soutenir aucune candidature et malheureusement ça il ne l’a pas fait dans le discours et je pense qu’il n’a pas omis ça, mais tout simplement nous estimons que le CNRD a un candidat qu’il soutient », accuse-t-il.
De N’Nzérékoré, Pathé Sangaré
pour Confidence224.Com
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