21 novembre 2024
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Les cent jours du Ministre Charles Wright, quel bilan peut-on y dresser ? (Par Mohamed Lamine Sylla)

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Ce fut une nomination qui n’avait surpris quasiment aucun guinéen étant donné que le profil de l’homme et surtout la personnalité qu’il incarne lui donnaient pour favori quand à sa capacité de tenir la barque du département de la justice. Pour nombre d’analystes il s’agit de l’un des meilleurs castings opérés par le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya qui, rappelons-le, a inscrit la justice au centre de ses préoccupations. Cent jours donc après sa venue à la tête du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, quel bilan à mi parcours peut-on dresser de monsieur Alphonse Charles Wright ?

Outre le Président de la transition, nombreux sont les guinéens d’ici et d’ailleurs à avoir placé en ce magistrat dans l’âme, l’espoir de donner un souffle nouveau à la justice guinéenne dont les défis à relever sont, à la limite, gigantesques. Pour tenter de répondre à l’interrogation haut-posée concernant le bilan, nous nous intéresserons d’abord aux FAITS, c’est-à-dire aux actions jusque-là matérialisées courant les cent premiers jours passés au sein de l’équipe gouvernementale par le jeune Garde des Sceaux. Ensuite nous porterons un regard analytique sur les perspectives, les ambitions à court, moyen et long terme de monsieur Alphonse Charles Wright et son équipe.

Sur les questions de droits de l’homme

A dire vrai la question des droits de l’homme a toujours été une sorte de serpent de mer, voire même un caillou dans la chaussure des différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays depuis l’indépendance. Si par endroit le discours politique nous a habitué à en ériger au rang des priorités gouvernementales au fil des ans, force est de reconnaitre que dans les faits l’action n’a suivi que très peu. Mais dès son arrivée à la tête de la Chancellerie, Alphonse Charles Wright a décidé, selon ses propres mots, de ‘’donner la parole aux actes…’’.

Désormais dans le subconscient collectif de tout justiciable guinéen il est établit que la donne est entrain de changer progressivement. L’espoir renait et nous ne le dirons jamais assez. Le sentiment de justice prime dorénavant sur celui de l’injustice, de l’impunité. Ne sous-estimons pas la psychologie populaire car tout y est lié. Ce que nous appelons ‘’Effet Charles Wright’’ est bien réel. Bien sûr tout n’est pas psychologique ; ou, tout au moins, cette psychologie ne peut davantage se consolider que par des actes qui se substituent à la parole, et c’est cela le leitmotiv de notre Garde des Sceaux qui a, dans ses cent (100) premiers jours, comme on pouvait honnêtement s’y attendre, déclaré la guerre à l’impunité et à toutes formes de violation des droits de l’homme dans notre pays. Les exemples sont légions et nous ne pourrons ici être exhaustifs. Il vous souviendra, en guise d’illustration, de l’assassinat du jeune vendeur de café sur les plages de Kipé dans une opération contre des fumeurs de drogue, apprend-t-on. Plusieurs témoins ont pointé un doigt accusateur contre les forces de l’ordre. Pour tirer au claire cette affaire le Ministre des Droits de l’Homme a ordonné une injonction aux fins des poursuites contre le ou les présumés auteurs de cet assassinat. Et puis le dernier cas en date est celui de la mort par balle de Thierno Bella Diallo, El hadj Boubacar Diallo et Thierno Moussa Barry lors des manifestations des 19 et 20 octobre 2022. Rigoureusement attaché à la sacralité de la vie humaine, le Ministre des Droits de l’Homme a enjoint le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry à engager ou faire engager des poursuites contre les auteurs présumés de ces meurtres. Encore une fois c’est un cas parmi tant d’autres, qui illustre que notre justice n’est plus dans sa léthargie habituelle. Fini l’impunité ! Sinon qui aurait pu croire, à part Monsieur Charles Wright et le Colonel Mamadi Doumbouya, que notre pays en ce 28 septembre 2022, pouvait ouvrir avec brio le procès des massacres du 28 septembre 2009 ? Pour nombre d’entre nous, y compris dans les rangs de certaines victimes dont l’espoir avait fini par s’amenuiser treize ans après les faits, cela relevait tout simplement de l’imaginaire. Et pourtant nous en sommes là. Le procès historique suit son cours normal à la satisfaction de la JUSTICE, de notre démocratie et surtout de la communauté des droits de l’homme d’ici et d’ailleurs. « La justice doit désormais être un allié sûr pour la démocratie et un garant pour l’Etat de droit en Guinée », avait promis Monsieur Charles Wright lors de sa prise de fonction il y a 100 jours.

De la lutte contre la corruption tous azimutes

La corruption est le tendon d’Achille de notre gouvernance et met, à ce titre, un frein à notre développement. « La corruption érode les principes qui régissent l’Etat de droit, mine la légitimité des gouvernements ainsi que l’efficacité et la crédibilité des institutions publiques, rend la justice inopérante et crée un climat d’insécurité susceptible de porter atteinte à la stabilité politique et au développement du pays », a écrit Dr Lamine Diedhiou, Chargé des questions de gouvernance au sein du Forum Civil Sénégalais. Combattre donc ce fléau qui a gangréné notre société c’est tout simplement rendre justice. C’est aussi promouvoir le développement socioéconomique de notre nation. Or pour réussir le combat contre la corruption et ses corolaires, la justice doit sévir dans toute sa magnanimité. La corruption fleurie là où se ramollit la justice. C’est la raison pour laquelle, monsieur Charles Wright, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, reste intraitable lorsqu’il s’agit de réprimer le phénomène. Qu’il s’agisse des arcanes de l’appareil judiciaire, des collectivités locales ou encore de n’importe quelles autres administrations où circulent les fonds publics, notre justice n’entend plus baisser la garde lorsqu’il s’agit de traquer les délinquants financiers du pays.

On ne compte plus le nombre d’injonctions aux fins de poursuites faites aux procureurs du parquet général et d’instances. Combien il y a aujourd’hui de conseillers dans nos collectivités locales à se voir inquiétés par la justice ? Nous l’avons dit, même la famille judiciaire n’échappe pas à cette lutte oh combien salutaire. En témoigne le cas de l’ancienne Cour Constitutionnelle, celui du tribunal de commerce et surtout des dossiers de réalisation de certaines infrastructures judiciaires. Pas une seule affaire de corruption n’échappera à la vigilance de notre Justice et cela, notre ministre y tient comme à la prunelle de ses yeux.

Des reformes structurelles et institutionnelles

Le rajeunissement et le renforcement du personnel judiciaire sont parmi les priorités du Garde des Sceaux. A sa prise de fonction, le Ministre Charles Wright, grand connaisseur de l’appareil judiciaire du pays pour avoir été magistrat, avait promis dans le cadre justement du rajeunissement du personnel judiciaire le recrutement de cent (100) magistrats et greffiers. Aujourd’hui, l’on peut se réjouir de constater le démarrage de ce processus qui d’ailleurs suit son cours normal. Encore une fois, parole a été donnée à l’acte. On n’en dira pas moins de la promesse liée à la validation du projet de politique pénale du gouvernement conformément à l’article 37 du Code de Procédure Pénale, et surtout de la signature des textes d’application du Code de Procédure Pénale. Ce furent entre autres des projets à court terme auxquels le Garde des Sceaux avait promis de s’atteler dès les premiers mois de son entrée en fonction. Aujourd’hui c’est chose faite. A ce niveaux il faut saluer et féliciter le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, d’avoir une fois de plus placé sa confiance à Monsieur Charles Wright et surtout d’avoir soutenu, encouragé et accompagné les reformes engagées par ce dernier. La justice comme boussole de cette transition n’est pas un vœu pieux.

Il faut terminer pour dire qu’en seulement cent (100) jours le cap est plus que rassurant. L’horizon donne une lueur d’espoir quand au réveil de notre justice qui fait sa mue tant en terme de pratique, d’organisation et surtout en terme d’image. Le bijou du Tribunal de Première Instance de Dixinn abritant le procès des massacres du 28 septembre 2009 en est une illustration. La battisse a été achevée en un temps record qu’il faille ici saluer et encourager. A partir de là nous avons espoir, et grand espoir, que la promesse relative à la construction et l’équipement de nouveaux locaux de la Cour Suprême, des palais de justice et des tribunaux de première instance, notamment, verra jour et donnera une nouvelle image, cette fois de marque, à nos institutions judiciaires.

Mohamed Lamine Sylla

Journaliste et analyste

Politique

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