22 novembre 2024
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Un an de gouvernance du CNRD : quel bilan peut-on y dresser ? (Par Mohamed Lamine Camara, MoLaC)

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Les événements de la nuit du 04 au 05 septembre 2021 ont fait vivre aux guinéens des moments inoubliables marquant la fin du troisième mandat du professeur Alpha CONDE, à travers un coup de force constitutionnel orchestré par le géant de la junte militaire guinéenne, le tout nouveau Président de la République, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA.  Avec pour arguments, le piétinement des droits humains et des droits constitutionnels, la cherté de la vie, le délabrement des infrastructures routières et hospitalières, le dysfonctionnement au sein du gouvernement et surtout la gabegie financière ainsi que les grands détournements, la junte au pouvoir avait réussi à vite faire partager par les détracteurs du régime défunt la nécessité de leur coup d‘’état.  Une bonne frange de la population avait aimé et apprécié cet effondrement de l’ancien régime et cela s’est rapidement matérialisé par des mains tendues et le soutien de bon nombre de guinéens à savoir, les forces vives de la nation, des institutions républicaines etc.

Au lendemain des événements, il a été donc constitué le CNRD (Comité National pour le Rassemblement et le Développement). Une nouvelle ère venait de naître. Si le gouvernement renversé n’a pas été à la hauteur des espérances, quand n’est-il du pouvoir qui lui a chassé, après un an de gestion de la chose publique? Dans cette analyse parlons-en.

D’abord des premières décisions du CNRD, qu’est-ce qu’il faudrait retenir ?

La dissolution du gouvernement et de l’Assemblée en place a été assez suffisante pour annoncer un nouveau départ qui, de ses racines a ses fruits, piétinait tous ce qui était du régime Alpha Condé.  Des promesses ont été tenues et des nouvelles orientations ont été envisagées. Parmi elles, on peut citer:

Le rassemblement du peuple, la mise en place de la charte de la transition concourant à la refondation de l’Etat, la rédaction d’une nouvelle constitution et l’organisation des différentes élections, l’union et l’organisation de l’armée pour une transition réussie, la formation du gouvernement, l’interdiction des règlements de compte, la relance de la machine de reconstruction économique, financière, culturelle, sociale et industrielle du pays. Bref l’envie de faire désormais l’amour à la Guinée au lieu de la violer sans cesse.

Une étude comparative poussée entre les promesses et discours tenus par le CNRD au lendemain de son coup d’état et les actes qu’il a posé durant sa première année lui confère t-il la reconnaissance d’un système où les normes et les réglementations ont adoptées conformément aux procédures définies par la loi ? Ces normes et procédures ont-elles été appliquées de manière impartiale?  Il convient donc de rappeler qu’en un an de gestion, les autorités de la transition ont réussi à poser des actes salutaires, même si par endroits il y a lieu de signaler des dérapages qu’il faudra corriger.

-Le gel des comptes a permis de freiner les saignées financières que subissaient les comptes de l’Etat. Mais la durée qu’a prise cela fut une erreur de disposition qui a mis au ralenti les activités économiques et commerciales. Les denrées à la consommation ont connu une hausse généralisée des prix suite à la faiblesse des importations et de la production sur place.

-L’élaboration d’une charte devant conduire la transition a été une volonté manifeste des putschistes de bien faire cette mission. Même s’il faut saluer cet effort, il est nécessaire de rappeler que l’absence des forces vives de la nation pendant la rédaction de la charte lui a donné un caractère discriminatoire qui lui a finalement conféré des acceptations partielles sous réserve des amendements par endroits.

-La baisse du prix du carburant à une période très sensible a permis l’adhésion massive de la population à la cause commune qui est la transition. Mais hélas ! Les calculs n’étaient pas bien faits car en moins de 8 mois plutôt le prix du carburant a connu son niveau le plus élevé de notre histoire.

-Bien qu’il faut dénoncer quelque nomination qui ont été au mépris de ce qu’il faudrait faire, force est de reconnaître que la mise en place du gouvernement a été effectuée à temps et le gouvernement constitué a paru une institution d’union nationale avec pour mission, la refondation de l’Etat. L’équilibre ethnique au tout début, avait orienté les différentes nominations. Le rajeunissement de l’effectif de la fonction publique et la nomination des jeunes à des différents postes de responsabilité ont été des actes salutaires.

-Le nettoyage du fichier de la fonction publique à travers le recensement de tous les fonctionnaires et le départ d’une bonne partie à la retraite a davantage offert à l’Etat la possibilité de recruter un grand nombre de jeunes diplômés au sein de l’administration publique. Mais ce recrutement se fait toujours attendre. Même s’il est fait dans certains secteurs, il reste énormément insignifiant.

-La libération des prisonniers politiques avait fait croire à la population, qu’un nouveau système de gouvernance ou il existe, la liberté d’expression et d’opinion était possible. Mais si le régime défunt a violé ces droits dans à un moment donné, le pouvoir qui lui a renversé l’a fait autant. Cette affirmation s’appuie sur le fait qu’aujourd’hui, des dignitaires de l’ancien régime sont encore en prison depuis plusieurs mois et leurs procès tardent à se faire, par manque de preuves suffisantes pour prouver leurs inculpations.

La récupération des biens et domaines de l’Etat continue à suivre son cours normal. Si toutefois c’est n’est pas finalisée, elle paraîtra pour une action discriminatoire, ou pourra être considéré par certains, comme un règlement de compte (acte banni par le CNRD au lendemain du coup d’état).

-L’organisation des assises nationales devrait permettre aux guinéens, d’identifier des zones d’ombre de la transition à travers un dialogue inclusif, franche et équitable entre toutes les parties prenantes. Mais le fait de lancer les assises nationales sans contenu ou feuille de route, a laissé croire que les organisateurs n’étaient pas à la hauteur du défi à relever. Le slogan des assises devrait être revu. Il ne pouvait avoir de pardon sans justice préalable.

La création de la CRIEF a permis de moraliser les actes et les façons de faire dans la gestion de la chose publique, et la mise en place du CNT a démontré qu’un retour à l’ordre constitutionnel est bien possible. Mais pour quand ?

-La détermination du chronogramme fixant la durée de la transition à 3 ans et ses activités à dix ‘‘essentielles’’ a démontré la volonté des putschistes à organiser les élections dans le maxima du court terme. Faut-il croire à cette volonté ou en douter? En tout cas, les allures ne sont pas pour le moment rassurantes.

Que reprocher réellement au CNRD?

Bref résumé.

Finalement, s’il faut reprocher au CNRD, ça sera d’abord de dénoncer son objectif qui est resté jusque-là moins spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement défini. Le fait de vouloir tout changer avant de raccrocher, créer une incohérence entre les réalisations prévues et le délai fixé. Un changement visible ne saurait être réalisé par le CNRD dans cette atmosphère guinéenne très précaire.

-Il faudra retenir également que les décisions n’ont pas toujours été prises en fonction de la volonté de la majorité des citoyens. La charte a été imposée à la population, sans possibilité de révision de celle-ci par les acteurs de la transition. Cela ne voudrait pas dire, que les droits et les intérêts légitimes de la minorité devraient être mis en cause.

-Les objectifs, règles, structures et procédures ne sont pas encore totalement adaptés aux attentes légitimes et aux besoins des citoyens. Par exemple l’interdiction des marches (pacifiques) dans une certaine mesure, pourrait être jugée d’abus d’autorité ou peut-être de violation de loi en vigueur (Voir Charte de la transition, Chapitre IV, article 08).

-Le système d’évaluation et d’amélioration des services a été moins efficace. Certains Directions comme la caisse nationale de sécurité sociale, l’OGP et autres, ont vite été reprochés de mauvaise gestion. Et certains ministres ont été moins efficaces.

-La justice n’a pas été forcément la boussole du peuple de Guinée comme cela fut promis. Sinon, elle aurait permise aux uns et aux autres de placer, les intérêts généraux au-dessus des intérêts individuels.

-Les fonctionnaires n’ont pas été encouragés à tel point de les pousser à améliorer continuellement leurs performances. La création et l’utilisation de méthodes et de procédures pratiques pouvaient leur permettre de changer leurs aptitudes en compétences et obtenir de meilleurs résultats pour le pays.

-Il a existé aussi, une faible disponibilité visant à accepter le pilotage et les tests de nouveaux programmes appris de l’expérience des autres. Les diplomates guinéens devront fournir encore plus d’efforts. Car au-delà de leurs fonctions d’observateurs, de négociateurs et de représentants, ils devraient vendre aussi l’image de notre chère Guinée. Bien que cette mission soit plus compliqué que les autres fonctions précédentes, il est nécessaire et même impératif pour eux, d’aider nos chefs d’entreprise, nos exportateurs et importateurs, leur ouvrir des portes, les conseiller, être en quelques sortes une espèce de consultants gratuits au service de tous ceux qui détiennent une portion de la puissance économique de notre pays. Ça s’appelle vendre, et c’est la diplomatie qui en est le véritable moteur. Mais si nous sommes amputés de ce pied à travers notre exclusion dans certains accords commerciaux importants comme l’AGOA, ça sent de la catastrophe, un vrai ouragan qui effraye les analystes.

-Le programme budgétaire annuel n’a pas été préparé en consultation avec le public.

-Il existe encore, la nécessité de renforcer les mesures permettant de remédier aux différents abus et agissements qui bafouillent les droits civils de la population.

-L’accès aux services de base n’a pas évolué et les différents entretiens des voiries de Conakry ont été des gâchis, car la plupart des endroits réparés sont redevenus délabrés. Faut-il faire remarquer que ces actes du gouvernement n’ont pas empêché les inondations par endroits ? L’insalubrité dans la capitale reste un grand défi à relever.

Mes doléances en tant que patriote

Si j’ai une doléance à faire en tant patriote, c’est de demander au gouvernement d’éviter cette fois-ci aux guinéens, le projet fantôme de la fête des lumières en fin d’année. Ce projet n’a jamais été porteur de croissance en Guinée. Plutôt ça été une façon des gaspiller nos réserves d’énergie et d’ailleurs beaucoup salissant par la suite. Les milliards investis dans ce domaine pourront par exemple aider, le gouvernement à améliorer les images de nos écoles et universités.

Bonne fête de 05 septembre au CNRD et surtout à son Président, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA.

Mohamed Lamine Camara, MoLaC

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