20 septembre 2024
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Interview exclusive : le Président de l’Alliance des Démocrates Africains se prononce sur la transition en cours

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Pour nombre d’observateurs, la transition en cours actuellement en Guinée bat de l’ail, tant et si bien que les acteurs à tous les niveaux sont à couteaux tiré. Etant donné le climat délétère qui prévaut dans le pays, il s’avère plus qu’urgent que les uns et les autres prennent de la hauteur pour se retrouver autour d’une table de dialogue afin de débattre des questions en lien avec le retour à l’ordre constitutionnel. La main tendue du Premier Ministre pourrait-elle être cette bouée de sauvetage tant souhaitée ? Quelles réponses les acteurs sociopolitiques doivent-ils donner à cet appel du chef du gouvernement ? Pour débattre de toutes ces questions ainsi que d’autres, la rédaction de Confidence224.com  a reçu pour vous Monsieur Mohamed Lamine Camara, Président du parti Alliance des Démocrates Africains (ADA).

Confidence224.com : Bonsoir Monsieur le Président! Le Premier Ministre a affiché sa volonté d’organiser un dialogue franc et sincère. Comment analysez-vous cette main tendue du patron de la primature ?

D’abord il est important de rappeler que s’il y a de quoi se réjouir dans cette main tendue du gouvernement, c’est que l’initiative vient du Président de la transition, le colonel Mamadi Doundouya. Ce qui est aussi rassurant et qui d’ailleurs doit amener les Forces Vives à adhérer à l’idée du projet est que le cadre de dialogue intervient au bon moment. Il s’agit d’un moment où la transition politique a besoin d’être dégonflée pour éviter un second 28 septembre en Guinée. Une marche profilait à l’horizon. C’est un moment où les Forces Vives ont prouvé à la junte qu’elles sont capables d’impacter la transition  sur plusieurs plans. On peut aussi noter qu’il s’agit d’un moment où le Premier Ministre vient de passer quatre (4) semaines à l’intérieur du pays avec tous les membres de son gouvernement. Cette tournée leur a permis d’écouter nos compatriotes des différentes couches sociopolitiques et de partager leur difficile quotidien. S’il faut griller le poisson à l’aide de sa propre graisse, les propos du Premier Ministre montrent « qu’ils ont vu et compris » la volonté du Président de la transition et celle du peuple.

Ceci dit, la volonté populaire peut et doit accompagner cette initiative présidentielle (le cadre de dialogue). L’accompagner parce que le projet de dialogue aura un contenu. Ensuite parce que les politiques d’équité territoriale et de justice sociale doivent rester toujours au centre de nos préoccupation ; car du fond de nos cœurs, nous voulons tous une part de bien-être, de dignité et de décence qu’une nation qui se veut solidaire, unie, prospère et indivisible peut offrir à tous ses citoyens. Il faut accompagner l’initiative de dialogue parce que les modalités d’encadrement permettront un véritable dialogue sans tabou, franc et sincère. Il faut encore l’accompagner car la période de transition actuelle nous impose à tous la nécessité d’un dialogue inclusif avec l’ensemble des acteurs politiques et ceux de la société civile. Un dialogue dont les issues nous permettrons d’aboutir à un consensus national autour d’un chronogramme modeste et des conditions d’élections justes, transparentes et démocratiques. Ceci est un impératif.

Tous et toutes nous devons accompagner ce dialogue parce que notre héros, le colonel Mamadi Doumbouya doit choisir de sortir par la grande porte. Ce choix lui met au défi d’une décision de bien vouloir amener le pays vers une organisation des élections dans un délai accepté de tous ; ou le choix de sortir par la petite porte en procédant au forcing, cherchant à s’éterniser au pouvoir sous prétexte de vouloir tout changer avant de raccrocher.

Confidence224.com : Vous êtes aujourd’hui à la tête du parti de l’Alliance des Démocrates Africains (ADA). Quelles recommandations formulez-vous pour la bonne tenue de ce dialogue ?

Pour celui qui m’a lu et compris, pour un gouvernement qui a vu et compris durant les quatre semaines d’immersion au pays profond, je crois que les conditions qui ont poussé mon parti a soutenir ce dialogue doivent être les contenus qui peuvent encadrer valablement le déroulement du projet en question. Ma prière est pour un retour à l’ordre constitution où chacun de nous aura sa part de bien-être, de dignité et de décence pour qu’ensemble nous formions une nation qui se veut solidaire, unie, prospère et indivisible.

Confidence224.com : Quel regard portez-vous sur la pénurie de carburant en Guinée ? Et quelles peuvent êtres les conséquences directes à court et long terme de cette crise d’or noire ?

La bonne nouvelle pour la population est que cette crise de carburant n’a rien à avoir avec une quelconque volonté du gouvernement d’aller à une augmentation du prix du litre à la pompe. C’est plutôt une crise liée à une mauvaise gestion du stock. Il y a ce que l’on appelle le ‘’stock tampon’’. Il permet de prévenir le réapprovisionnement à nouveau. Je n’ai rien à leur apprendre quand on sait que leurs nominations ont été faites selon le critère d’évaluation. Soit ils ne maitrisent pas les notions de gestion ou peut-être ils ne peuvent pas être à la hauteur des attentes.

Quand aux conséquences, je parlerai beaucoup plus de celles qui sont directes et immédiates. C’est une crise passagère qui peut être évitée désormais. Elle a causée la paralysie des activités économiques du fait de l’abstention de la population à circuler librement. De façon temporaire les prix sur le marché peuvent connaitre une augmentation. L’Etat verra ses recettes baisser drastiquement ; et si des dispositions ne sont pas prises, cela peut conduire à un cercle vicieux pouvant mener à un soulèvement populaire. C’est une crise qui n’a presque pas de conséquences lointaines. Mis à part le fait qu’elle permet une prise de conscience devant pousser les autorités à être plus anticipatives.

Confidence224.com : Monsieur le Président, merci !

C’est moi qui vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur des questions aussi sensibles de notre Guinée natale. Bien entendu les libertés d’expression et d’opinion de façon encadrée figurent parmi les principes qui régissent de nos jours notre fonctionnement démocratique. Donc je vous remercie encore un fois de m’avoir permis d’exercer ce droit.

Mohamed Lamine Sylla

Pour Confidence224.com

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