28 mai 2025
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Affaire Mohamed 1 Camara à Kindia : la justice a-t-elle oublié l’humain ? (décryptage)

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Condamné à dix ans de prison pour vol aggravé, un jeune primo-délinquant guinéen devient le symbole d’une justice perçue comme inégalitaire. Dans une tribune percutante, l’avocat Pépé Antoine Lamah reconnait la légalité de la peine mais plaide pour une justice plus équitable, humaine et cohérente. La rédaction de Confidence224.com vous propose un décryptage complet de la sortie de Me Lamah sur une affaire qui, déjà, fait couler assez d’encre et de salive.

Une peine conforme à la loi, mais excessivement sévère

La décision rendue le 26 mai par le Tribunal de Kindia a fait l’effet d’un choc : dix ans de prison pour Mohamed 1 Camara, reconnu coupable de vol aggravé. Juridiquement, le verdict s’appuie sur l’article 374 du Code pénal guinéen, qui prévoit une peine de trois à dix ans, éventuellement assortie d’une amende.

Mais dans les faits, le juge a choisi d’appliquer la peine maximale, sans accorder la moindre circonstance atténuante, malgré le statut de primo-délinquant du jeune homme.

Des faits moralement répréhensibles, mais une peine démesurée

Le prévenu est accusé d’avoir volé les biens d’orphelins récemment endeuillés, un acte que Me Pépé Antoine Lamah n’hésite pas à qualifier de « profondément immoral ». Cependant, l’avocat s’interroge : peut-on condamner si lourdement un jeune homme pour un vol, aussi grave soit-il, alors que des auteurs de crimes autrement plus destructeurs reçoivent des peines bien moindres ?

L’incohérence de la politique pénale en question

Dans sa tribune, Me Lamah met en lumière une contradiction troublante : « Nombreux sont les cas de viols ou de détournements de millions de dollars, pour lesquels les auteurs ont écopé de deux à quatre ans de prison », écrit-il. Ce déséquilibre dans les peines rend la justice guinéenne difficile à comprendre pour les citoyens, qui y voient une forme d’injustice sociale.

Un appel pour une justice réparatrice et cohérente

L’avocat appelle donc le ministère public à faire appel de cette décision. Non pas pour innocenter Mohamed 1 Camara, mais pour défendre une vision plus équilibrée de la justice : une justice qui punit avec rigueur, certes, mais aussi avec discernement, qui laisse une place à la réinsertion, et qui n’écrase pas le faible au nom d’une rigueur inégalement appliquée.

Restaurer la confiance des citoyens dans la justice

Pour Me Lamah, cette affaire dépasse le cas individuel de Mohamed 1 Camara. Elle pose la question fondamentale de la finalité de notre système pénal : sanctionner ou restaurer ? Punir ou réhabiliter ? « La République ne doit pas punir plus sévèrement la pauvreté que la prédation économique », conclut-il, en appelant à une réforme profonde des pratiques judiciaires.

Mohamed Lamine Sylla, pour Confidence224.com

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