Rien ne va plus au sein de la famille Kaba sise au quartier Boulbinet dans la commune de Kaloum. Menaces de mort, tentatives d’assassinat et autres formes d’intimidations sont quasiment devenues le quotidien des antagonistes se disputant la propriété d’un même domaine familial. Au mois de juin dernier, un des membres du nom de Mohamed S Kaba a failli se faire poignarder par son cousin du fait de son opposition à la vente de la concession familiale à un magna d’origine libanaise. La rédaction de Confidence224.com s’est intéressée à ce fait divers qui prend de l’ampleur dans notre pays ces dernières années. Nos équipes se sont rendues sur place à Boulbinet et ont pu glaner quelques informations en dépit du refus des belligérants de s’exprimer sur le sujet.
En Guinée les conflits domaniaux deviennent de plus en plus légion notamment dans la capitale Conakry. Quasiment pas un seul jour d’audiences ne passe sans qu’au moins une affaire domaniale ne soit inscrite au rôle dans les Cours et Tribunaux du pays. De l’autre coté l’on assiste même à des scènes de violence souvent d’une extrême gravité entre les parties en conflit. Ce fut le cas au quartier Boulbinet au centre ville ici à Kaloum il y a juste quelques mois. Des membres d’une même famille se sont disputés jusqu’à frôler le drame. Selon les témoins que nous avons rencontré sur place le domaine conflictuel appartiendrait à un certain Mohamed S Kaba mais dont les cousins s’affairent à lui déposséder les lieux. C’est du moins ce qu’a raconté à notre micro un des doyens d’âge du quartier : « c’est une situation qui nous préoccupe à plus d’un titre. La fois dernière il s’en est fallu de très peu que Mohamed S Kaba, fils du véritable propriétaire des lieux, ne se fasse tuer devant nous ici. Tout ça parce qu’il s’oppose à la vente du domaine que lui a laissé en héritage son défunt père. C’est son papa qui a acheté cette parcelle et y a construit malgré ses maigres moyens. Après il a fait venir à coté de lui son frère à qui il vouait un amour et un respect absolu. Et lui et son frère en question, personne n’est vivant de nos jours. Le problème qu’on est en train de vivre là c’est entre leurs enfants respectifs qui s’entredéchirent à cause de la concession. A mon avis c’est sans doute une véritable désolation s’assister à tout cela », a déploré, sous couvert d’anonymat, l’homme d’une soixantaine d’années.
Du coté des principaux incriminés, toutes nos tentatives pour recueillir leur version des faits ont été vaines. « Nous n’avons rien à dire à qui que se soit. C’est une affaire purement familiale », a lancé Oumar Kaba accusé pourtant d’être l’un des instigateurs du conflit.
Par ailleurs, les autorités publiques semblent débordées par la cadence des conflits domaniaux qui croient de manière exponentielle à mesure que grandit l’urbanisation. A cela s’ajoute la lenteur de la justice due en partie au manque de personnel, chose qui pousse certains citoyens à se rendre justice une fois confrontés à ces genres de situation. Cet état de fait n’est pas du gout de Doumbouya Abdoulaye, activiste de la société civile : « l’Etat doit mettre les bouchées doubles. Beaucoup de crimes sont commis à cause du manque de réactivité des appareils sécuritaire et judiciaire. Les citoyens décident malheureusement de se rendre justice eux-mêmes. Je vous rappelle que le jeune qui est combattu dans cette affaire-ci a été obligé de s’en fuir pour se sauver la peau. Certains informateurs nous disent qu’il a réussit à se rendre en Allemagne tant dis que d’autres nous apprennent qu’il serait encore dans un pays limitrophe à la Guinée. En juin dernier n’eut été l’intervention du voisinage il allait se faire poignarder par un de ses cousins qui avait pris le couteau et couru tout droit vers lui. Même sa fillette de 4ans du nom de Malou Kaba n’a pas été épargnée par ses adversaires. Comme pour dire que la situation est d’une extrême dangerosité. Et c’est d’ailleurs le lieu pour moi d’inviter l’Etat à travers la justice à se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Nous apprenons que Mohamed S Kaba a confié sa fillette quelque part dans une famille d’accueille avant de s’enfuir du pays. Là également je vous apprends que la petite vient d’échapper de justesse à une tentative d’enlèvement probablement par ceux qui sont en conflit avec son père. Cette innocente est-elle réellement en sécurité où elle se trouve ? Moi je vous dis que non, sa sécurité est fortement menacée. Je profite d’ailleurs de votre micro pour demander aux autorités d’agir au plus vite pour cette fillette avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré monsieur Abdoulaye Doumbouya, membre de l’ONG Alternatives Citoyennes Guinée (ACG).
De nos jours, les affaires domaniales sont devenues une véritable épine dans le pied de la justice guinéenne. L’ampleur du phénomène crée une accumulation de plaintes restées sans suite dans le circuit judiciaire. Cette situation engendre de nombreuses violences débouchant par fois sur des crimes entre les parties qui, très souvent, se résolvent à se rendre justice.
Mohamed Lamine Sylla
Pour Confidence224.com
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