L’activiste Alseny Farinta Camara a mis les voiles pour se sauver la peau contre des menaces de mort qui se sont multipliées ces derniers temps contre sa personne. C’est une information qui vient de nous être confirmée par l’intéressé lui-même. Il se trouve en ce moment dans un pays limitrophe où il entame dorénavant une vie d’exilé. Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Confidence224.com, l’activiste anticorruption, a pointé un doigt accusateur contre le trader pétrolier Addax & Oryx Energies dont il n’a de cesse de dénoncer le contrat et surtout l’importation en Guinée de carburant « toxique » par ce géant Suisse. Il est au micro de Sylla Mohamed Lamine, suivez l’entretien exclusif !
Confidence224.com : monsieur Alseny Farinta Camara bonjour, vous venez de fuir la Guinée suite à des menaces de mort dont vous avez fait l’objet de la part de certains groupes peu recommandables. Tout d’abord parlez-nous de ces groupes et dites-nous pourquoi s’acharnent-ils contre vous ?
Farinta : bonjour monsieur Sylla et bonjour à tous vos lecteurs ainsi qu’à tout le peuple de Guinée. Il vous souviendra que depuis novembre 2023, nous avons lancé officiellement le projet intitulé « Regards Citoyens sur la Gestion des Affaires Publiques » initié par le Réseau National des Acteurs du Développement Durable (RENADE), nous avons fait plusieurs dénonciations et faisceaux de preuve contre des hauts commis de l’État guinéen devant le Parquet du Procureur Spécial près la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF). Mais la dernière dénonciation déposée ainsi que les séries de sensibilisation sur la corruption entourant le contrat du trader pétrolier suisse Addax & Oryx Energies et la vente du carburant toxique en Guinée m’obligent à vivre en exil, loin de ma patrie, la Guinée. Cette situation découle de ma détermination à dénoncer un contrat d’approvisionnement de carburant entaché de corruption, et l’importation de carburant toxique dans notre pays orchestrée par la société Addax & Oryx Énergies.
Confidence224.com : vous venez de le dire vous-mêmes, vos dénonciations vous ont valu des menaces de mort qui vous poussent à l’exil. Dites-nous-en un peu plus.
Farinta : en tant que citoyen engagé et acteur de la société civile, mon rôle est de veiller au respect des principes de transparence, de redevabilité et de moralisation de la gestion des affaires publiques. C’est dans cet esprit que j’ai jugé impératif de dénoncer tous les faits présumés de corruption aggravée, d’enrichissement illicite et de violations répétées du Code des marchés publics surtout autour du contrat d’approvisionnement en carburant impliquant le trader ADDAX.
Cette dénonciation, fondée sur le travail rigoureux d’investigation du journaliste français M. Thomas Dietrich et largement commentée par les médias nationaux et étrangers n’a pas été sans conséquence. Depuis ma prise de position publique sur ce dossier, je suis devenu la cible d’une campagne acharnée de menaces, d’intimidations et de harcèlement orchestrée par la société Addax & Oryx Énergies et ses complices, mettant en danger mon intégrité physique et morale. Face à ces pressions, j’ai été contraint de fuir la Guinée pour assurer ma sécurité afin de poursuivre mes activités du contrôle citoyen de l’action publique qui tire son origine de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Confidence224.com : en vérité les lanceurs d’alerte ne sont malheureusement pas protégés dans notre pays. Quels commentaire faites-vous de cette réalité ? Ensuite dites-nous dans quelle condition vous trouvez-vous dans votre pays d’accueil ?
Farinta : Il est inacceptable que des individus et des organisations qui s’opposent à la corruption et qui œuvrent pour la justice, la transparence et la responsabilité au sein du Gouvernement soient réduits au silence par la peur et la violence. Aujourd’hui, 24h après ma fuite, j’ai obtenu une autorisation de résidence temporaire dans un pays voisin du nôtre. Mon exil est le prix que paient ceux qui osent se lever contre l’impunité et les pratiques illégales qui gangrènent notre société surtout pendant cette période transitoire où les dirigeants baignent dans la corruption et l’enrichissement rapide.
Je lance un appel urgent à la communauté internationale, aux organisations de la société civile, aux défenseurs des droits de l’homme, aux médias et à tous les citoyens conscients de l’importance de la justice sociale et de l’intégrité, à se mobiliser pour dénoncer ces pratiques scandaleuses qui ravages le quotidien de la population guinéenne. Il est impératif de protéger ceux qui risquent leur vie pour défendre l’intérêt général, les valeurs de transparence et de responsabilité dans la gestion de la chose publique.
Confidence224.com : Vous entamez un exil dont on ne connait pas l’aboutissement. Est-ce que cet état d’incertitude ne sape pas quelque peu votre moral de combattant anticorruption ?
Farinta : Mon engagement en faveur de la vérité et de la justice sociale reste inébranlable. Le silence n’est pas une option face à la corruption et aux violations des droits fondamentaux. J’estime que nous devons faire front commun pour exiger la fin des intimidations et assurer que la voix des défenseurs des droits inaliénables soit entendue et respectée à tout les niveaux. Aussi, je n’abandonnerais pas la lutte contre la corruption entourant le contrat du trader pétrolier Addax & Oryx Energies et la vente du carburant toxique à la population guinéenne jusqu’à ce que le système judiciaire en Guinée ou à l’étranger disent le droit. La Guinée ne peut pas être une poubelle où on peut déposer des produits pétroliers toxiques pour nuire à la santé publique et à notre environnement. Le Gouvernement doit nous rendre compte du dossier d’Addax & Oryx Energies.
Confidence224.com : Justement en parlant de la corruption présumée dans le contrat du trader pétrolier Addax & Oryx Energies, il y a le fait que depuis la signature de ce fameux contrat beaucoup se plaignent de la qualité du carburant en circulation. Vous faites partie de ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme de ce coté également.
Farinta : Oui bien sûr et comme j’ai eu à le dire récemment la Société Civile Guinéenne est très préoccupée par des graves conséquences de la vente de carburant toxique dont les particules volatils pourraient nuire à notre environnement, en polluant nos fertiles sols et les eaux sans oublier la biodiversité végétale et animale ainsi que la santé de la population notamment des maladies respiratoires, des cancers, de toux, de maux de gorge, de maux de tête, d’irritation des yeux, etc. Sans oublier les conséquences économiques dans un pays où les citoyens peinent à trouver le minimum vital pour leur survie sous le règne du dictateur Mamadi Doumbouya.
Confidence224.com : dernière question, monsieur Farinta est-ce que vous pouvez ici dire à l’opinion dans quel pays voisin vous vous trouvez en ce moment ?
Farinta : Désolé je ne peux pas vous donner le nom du pays dans lequel j’ai reçu une autorisation de résidence temporaire pour des raisons de sécurité. Mais pour moi le plus important est de pouvoir continuer le combat. Et là où je suis, soyez moi, il n’y a rien qui m’empêche de poursuivre la lutte anticorruption dans mon pays la Guinée. C’est une question de conviction, de choix.
Confidence224.com : monsieur Alseny Farinta Camara, merci et bon courage !
Farinta : c’est moi qui vous remercie, vous et toute l’équipe de Confidence224.com pour le professionnalisme dont vous faites preuve. Je trouve du plaisir à vous lire chaque fois. Soyez-en remercié.
Entretien réalisé par Mohamed Lamine Sylla
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