Partagés entre le pessimisme et l’hésitation avant le début de cette 34ème édition de la coupe d’Afrique des nations, les fans du Syli de Guinée à Kissidougou ont très tôt renoué avec de l’espoir dès la première prestation de leur équipe face au Cameroun en dépit du match concédé. Cependant les poulains de Kaba Diawara ont finalement gagné les cœurs des supporters ce soir en s’imposant face à la Gambie sur le plus petit des scores assurant quasiment sa qualification au prochain tour de la compétition.
À Kissidougou, l’on a assisté à un véritable déferlement humain dans toutes les rues du centre ville. Ce mouvement spontané né de la victoire du Syli a déversé sur les routes une foule compacte des supporters de toute tranche d’âge offrant un spectacle à la fois agréable et dangereux: des jeunes gens surexcités couraient dans tous les sens entre les motos et les véhicules dans des ruelles non éclairées, des motards remorquant 3 à 4 personnes se rivalisaient à travers des gestes dangereux avec leurs engins, les tout-petits qui avaient échappé au contrôle des parents suivaient naïvement la foule. En tout cas dans la foulée chacun était libre de célébrer cette victoire à sa manière mais la seule règle à respecter c’était de faire du bruit: des chansons improvisées à l’honneur des joueurs, klaxons des motos ou véhicules, taper sur des bidons vides ou bien frapper les couvercles des marmites les unes contres les autres.
Ainsi de la Station-Mobile située à la rentrée de la ville jusqu’au quartier Korodou, ces supporters en liesse ont assuré l’ambiance jusqu’à minuit.
Observant cette scène devant son domicile ce professeur de mathématiques Keita Alpha Mamadou est aussi un fan du Syli. Pour lui cette victoire va au-delà des 3 points obtenus : « les guinéens n’ont pas oublié l’élimination humiliante face à la Gambie en 2021 donc aujourd’hui battre la Gambie c’est un défi que nos joueurs ont relevé. À partir d’aujourd’hui j’ai changé de rêve maintenant je veux la coupe en Guinée et c’est bien possible avec cette jeune formation mais très talentueuse. Seulement je recommande au coach Kaba Diawara de travailler sur l’animation offensive pour permettre à nos attaquants d’être réalistes et pour finir je conseille aux jeunes de célébrer dans la discipline pour éviter les cas d’accidents », a-t-il prodigué.
Au bout de souffle après plusieurs kilomètres de marche mademoiselle Touré Fatoumata estime que le Syli peut être un bon moyen pour unir le peuple de Guinée : « C’est seul le football qui est capable de nous réunir comme dans la joie sans distinction. Aujourd’hui je ne vois que les guinéennes et les guinéens en train d’exprimer leur patriotisme c’est pourquoi nous devons tous accompagner cette équipe. Je trouve que sur le terrain les joueurs étaient unis c’est pourquoi ils ont gagné donc cela est un bel exemple à suivre », a-t-elle conclu.
Au quartier Dounikônô situé au cœur de la ville les intellectuels se retrouvent dans un cafétéria après les matches pour partager les analyses. C’est le cas de Touré Abdoulaye cadre à l’AGUIB-Kissidougou qui évoque le cas de l’entraîneur du Syli : « Aujourd’hui nous apprécions tel ou tel joueur mais le grand artisan de ces performances de notre équipe c’est Kaba Diawara qui a fait preuve de sérénité et de courage malgré les critiques. Je trouve un monsieur qui veut bâtir une équipe solide et solidaire comme le Sénégal donc il mérite notre accompagnement. Si j’ai un conseil à lui prodiguer dans cette compétition c’est de ne jamais paniquer au moment des changements car c’est là-bas le vrai coaching donc il n’a qu’à garder le sang froid comme il l’a toujours fait. Je pense qu’on doit lui donner suffisamment de temps pour qu’il bâtisse pour nous une vraie équipe compétitive comme le visage que le syli Commence à afficher pendant ces deux matches de la CAN », a-t-il déclaré.
À noter que malgré l’absence des dispositifs sécuritaires cette nuit à Kissidougou, aucun incident majeurs n’a été enregistré pendant ce mouvement de foule mais le seul bémol c’est que dans les environs de 23 heures déjà certains parents s’inquiétaient du sort de leurs enfants qu’ils avaient perdus de vue depuis la fin du match.
Depuis Kissidougou, Ousmane Sylla pour Confidence224.com
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