22 novembre 2024
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Guinée : la descente aux Enfers d’un peuple résigné (Par Mohamed Lamine Sylla, journaliste)

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D’année en année la souffrance du peuple de Guinée se multiplie en dépit de moult espoirs tout le temps suscités. Quasiment rien n’est entrain d’être fait pour ne serait-ce qu’atténuer les maux de plus en plus insupportables du guinéen. Montrez-moi le secteur dans lequel ce peuple peut s’estimer heureux ? Il est où ce domaine à travers lequel on peut aujourd’hui se sentir fiers d’être guinéens ? L’école, l’hôpital, le marché, les sports, la gouvernance, le transport, l’emploi ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que les choses vont mal.

Il est vrai que depuis l’indépendance le pays n’a pas connu son heure de gloire. Certes il y a eu des moments de joies, mais de joies très éphémères. Il y a eu quelques moments d’espoir, mais qui ont vite fait place au désespoir. Donc la souffrance, la déception, la désillusion ont longtemps été nos compagnons inséparables ici en Guinée. Mais aujourd’hui, force est de reconnaitre que sous nos tropiques certains records tristement célèbres sont entrain d’être battus à plate couture. Nous y reviendrons plus loin.

En effet vivre en Guinée en ce moment relève de la croix et la bannière. Dans un pays où les moins de 35 ans représentent 65% de la population, quasiment aucune politique, aucune perspective qui soit à même de profiter de ce dividende démographique ne se dessine à l’horizon. Gouverner c’est prévoir mais nos gouvernants ont l’air de naviguer à vue du fait de l’amateurisme ambiant. Montrez-moi un seul jeune guinéen qui ne soit animé de l’intention de quitter le pays pour une destination plus rassurante. Vous n’en trouverez pas car il n’y en a quasiment pas. Tous veulent partir par fois au péril de leur vie. Aucun leader d’opinion, aucun gouvernant, aucune ONG n’est suffisamment riche d’arguments pour les convaincre de rester au pays. Toute chose qui dénote du niveau élevé et inquiétant de désespoir qu’ils nourrissent.

Aujourd’hui il y a un cri de cœur. Un cri du désespoir auquel l’élite politique aux affaires semble perfidement, délibérément et dangereusement sourde. Mais, je dis bien, ignorer le cri de détresse qu’émettent aujourd’hui le guinéen, serait assurément se tirer une balle dans la tête. L’intelligence consiste à se méfier du silence d’un peuple désabusé. Internet coupé, presse inutilement muselée, dialogue politique volontairement mis au point mort, le courant de moins en moins stable, ceux-ci ajoutés à un contexte économique davantage aggravé par une crise de carburant mal gérée, forment de mon point de vue un coquetel on ne peu plus explosif. Qu’attend-on pour se reprendre, se recentrer et revenir aux fondamentaux pendant qu’il est temps ?

La folie consiste à faire la même chose et s’attendre à un résultat différent, disait l’autre. Il y a bientôt trois ans qu’on tente la même solution qui produit le même résultat négatif. On a invité tout le monde sur le ring. On les y a forcé alors que pour la plus part ils ne veulent pas d’un combat contre nous. On les a provoqués, traqués sans répit pour qu’ils se dressent contre nous. Mais malgré tout ils ne veulent pas d’un bras de fer. Ont-ils peur de nous ? Celui qui répond par l’affirmatif est sans doute du nombre des abrutis. D’ailleurs pourquoi souhaitons-nous d’un casus belli alors qu’en douceur on pouvait tout obtenir ? Pourquoi appliquer cette mauvaise solution à un vrai problème ? Cette transition, ma foi, était la plus simple, la plus facile de la sous-région. Mais des individus ont travaillé à l’interne pour la pervertir, la rendre complexe au point que mêmes les vrais auteurs du coup d’Etat aujourd’hui semblent déboussolés. La trahison de « l’ange » est grande tant et si bien qu’aujourd’hui on commence à regretter le démon. Quel gâchis…

Par Mohamed Lamine Sylla, Journaliste

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