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Tribune : 02 octobre 1958, 02 octobre 2023, soit 65ans de dignité et de gloire teintées aussi de tristesse (Par Dr Mouctar Diallo)

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Il y a tout juste 65 ans que notre mère patrie accédait à la souveraineté nationale. Ce fut une ère de gloire, de bonheur, de dignité et surtout d’espoir d’un lendemain radieux. Les pères fondateurs, dans un élan de solidarité sur fond de patriotisme ont pris la ferme résolution de conduire la Guinée sur le chemin de l’indépendance.

Ce ne fut pas une sinécure tant la voie était parachevée d’embuche de toute sorte. En dépit de tout le tintamarre et l’habillage démocratique apparent, la métropole ne souhaitait pas voir la Guinée emprunter la voie de l’honneur et de la dignité. Mais c’était mal connaitre de sa part le pays qu’il a pourtant assujetti pendant 60 ans. C’était encore mal sous-estimer l’engagement des pères fondateurs et surtout le peuple de Guinée dont l’unique dessein consistait à sortir la tête de la domination peu importe le prix à payer.

En dépit de moult tractations, les guinéens dans un élan patriotique ont voté d’abord NON au référendum de la communauté franco-africaine ; et ensuite ont proclamé leur indépendance le 02 octobre 1958. Quel honneur, quelle bravoure de la part d’un si digne peuple. Contre vents et marées nous avons pris sur nous la résolution de disposer de nous-mêmes sans aucune influence extérieure.

Le jeune Etat qui venait de faire son baptême de feu se verra contre toute attente mettre les battons dans ses roues de la part de l’hexagone. Des pays s’était vus exercer d’énorme pression afin de ne pas tisser de relations diplomatiques et amicales avec lui. Son adhésion aux nations-unies fut la croix et la bannière. Mais, patriotisme et engagement aidant, notre pays fut membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies.

Durant 26 années, la Guinée emprunta le chemin du socialisme sous la direction du camarade Ahmed Sékou Touré. Cette économie centralisée et surtout avec l’aide de pays amis ont permis à notre pays de se doter d’infrastructures capables de soutenir son développement. Des usines ont poussé, des routes, des bâtiments administratifs ; cahincaha, le pays a emprunté le chemin de la croissance.

Par ailleurs au plan droit de l’homme les nouvelles ne furent cependant pas bonnes tant les affres ont été énormes notamment au sein du sinistre camp Boire. En l’absence d’une justice équitable les crimes et massacres se sont multipliés au pays malheureusement jusqu’à nos jours. Le plus célèbre fut le massacre du 28 septembre 2009 au stade du même nom. Saluons au passage la volonté politique des autorités de la transition pour avoir ouvert le procès dudit massacre.

En outre, après le décès le 26 mars 1984 du premier président, Camarade Ahmed Sékou Touré, l’armée guinéenne réunie au sein du Comité Militaire de Redressement National (CMRN) a pris le pouvoir le 03 avril 1984. Ce pouvoir conduit par Lansana Conté dirigera le pays jusqu’en 2008, soit 24 ans. Des routes ont été réalisées à l’intérieur du pays et le pays s’est quasiment modernisé avec une économie libérale. Au plan sécuritaire la Guinée a échappé à la domination rebelle à un moment où les rébellions avaient pris l’ascendant sur presque toute la sous région. Le patriotisme de nos vaillantes armées soutenues par la population entière nous avait permis de booter hors de nos frontières les agresseurs.

Toutefois, le 24 années de Conté n’ont pas permis au pays de briller en matière de droits de l’homme en dépit de l’instauration de la démocratie. Des opposants, des journalistes et leaders d’opinions ont régulièrement séjourné en prison et la justice était aux bottes du pouvoir en place.

La mort de Lansana Conté le 22 décembre 2008 a vue l’arrivée au pouvoir du Comité National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) avec à sa tête la capitaine Moussa Dadis Camara. La volonté de lutter contre la prévarication des deniers publics était manifeste et la tenue d’élections libres et transparentes aussi. Mais hélas, le gout du pouvoir a fini par l’emporter et le jeune capitaine ne faisait plus mystère de son envie de briguer la magistrature démocratique. Chose qui conduira au massacre du 28 septembre 2009 et la tentative d’assassinat contre sa personne le 23 décembre 2009.

Le relai est vite pris par le Général de Brigade, Sékouba Konaté qui organisera les élections qui amèneront à la tête du pays le Pr Alpha Condé. Ce dernier, pendant 11 ans de règne, a doté la Guinée d’infrastructures de qualité et a assuré le rajeunissement et la modernisation de l’administration. Il posa le jalon de l’indépendance énergétique du pays en réalisant de très grands barrages hydroélectriques.

Cependant, la politisation à outrance de l’administration et l’omniprésence du parti dans la gestion étatique lui empêchèrent de réaliser le rêve démocratique. Pire, son troisième mandant obtenu au forceps a jeté l’opprobre sur sa réputation d’opposant historique. D’où le coup d’Etat du 05 septembre 2021 ayant mis un terme à ses 11 années de règne marquées par de nombreuses tueries dans les rangs de ses opposants.

La junte du 05 septembre 2021, regroupée au sein du Comité National du Rassemblement et du Développement, dirige aujourd’hui la Guinée depuis maintenant deux ans. Faire de la justice la boussole de la transition, dépolitiser l’administration, lutter contre la corruption, éviter les erreurs du passé, sont entre autres des chevreaux de bataille à en croire le Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons. À compter de janvier 2023, deux années de transition sont promises au Guinéens dans le cadre de l’accord signé avec la CEDEAO. Espérons qu’il en sera ainsi.

Le 02 octobre de cette année trouve ainsi le pays dans un contexte particulier de transition. Le dialogue inter-guinéen est mal en point mais nous osons espérer que tout cela sera derrière et qu’un véritable dialogue verra le jour sous peu. Notre Guinée, vous l’avez compris, vient de loin et a encore du chemin à parcourir. Rien de tout ça ne se fera en l’absence des guinéens. Aimons notre pays et travaillons tous, main dans la main, à la sortir de l’ornière.

C’est par ces mots, tout en rendant un hommage mérité au peuple de Guinée tout entier et singulièrement aux pères fondateurs, que j’adresse mes vœux de bonne fête d’indépendance à tous et à toutes.

Que Dieu bénisse la Guinée et les guinéens.

Par Dr Mouctar Diallo

Président du parti PSTG

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