19 septembre 2024
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Tribune : marché gré à gré, une exception devenue la règle sous nos tropiques (Par Dr Mouctar Diallo)

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Le débat autour de la problématique des marchés gré à gré n’est pas encore à son dernier épilogue. Le phénomène d’attribution des marchés publics sans passer par la voie traditionnelle « d’appel d’offre » est actuellement à la mode dans la gestion du CNRD. Départements après départements, quasiment l’essentiel des réalisations, soit dans les travaux publics ou encore dans la construction d’édifice bâtis publics ou encore des fournitures de matériels, tout passé par la seule et même rengaine : le gré à gré.

Une pratique légale mais encadrée

Certes la passation de marchés gré à gré est une pratique bel et bien légale. En effet le code des marchés publics en vigueur en république de Guinée autorise notamment l’Etat à procéder à cette pratique mais sous certaines conditions. Pour des marchés dont le montant est dérisoire il est permis de passer la commande de gré à gré. Il en est de même pour des travaux d’une « extrême urgence ». Dans ce cas de figure il est impératif que le caractère d’urgence soit établi sans équivoque. Autrement, il devient proscrite au regard de la législation. Il ne faut jamais perdre de vue le fait que le gré à gré soit une approche exceptionnelle.

L’appel d’offre reste la règle

Chez nous en Guinée la pyramide est souvent, pour ne pas dire toujours inversée. Ne l’oublions pas : l’appel d’offre est la règle et le gré à gré est l’exception. Sauf que sous nos latitudes les choses sont à l’envers. L’exception devient la règle et la règle devient l’exception. Sinon le législateur a voulu que pour les marchés publics les prestataires soient soumis à une concurrence. L’Etat lance ainsi son appel d’offre et laisse les entreprises compétir en toute indépendance. Celui qui aura satisfait aux exigences du marché l’emportera et ce en toute transparence.

Cela a pour avantage de réduire au maximum le favoritisme, le népotisme et la corruption dans la passation des marchés étatiques. Mais lorsque c’est un individu (fut-il un ministre) qui passe ce marché selon son bon vouloir, il va s’en dire qu’on ne sera pas à l’abri de la corruption, des pots de vin et du favoritisme sous toutes ces formes.

Le gré à gré, une mangeoire pour les ministres

Il faut insister pour dire que même dans les cas où le gré à gré est autorisé, à aucun moment un ministre n’est habilité à procéder à son attribution. Il y a des services compétents de l’Etat qui sont les seuls habilités à le faire. Mais malheureusement dans notre pays les choses se passent autrement. Les ministres à l’ère du CNRD sont l’alpha et l’oméga de tout dans les départements. Tout part d’eux et tout revient à eux. Ils se font pleines les poches dans le processus de passation de marché et cela en toute impunité.

C’est la raison pour laquelle la junte doit impérativement freiner cet élan en tapant du poing sur la table. La recréation doit cesser à tout prix car les maigres ressources du pays doivent dorénavant servir à la population et non à des cadres véreux dont le souci se limite malheureusement à leur famille. Trop c’est trop.

Par Dr Mouctar Diallo, Président du PSTG

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