En marge de son séjour à Kissidougou en vue d’une prise de contact avec sa base politique, le président du parti Mouvement Populaire Démocratique de Guinée (MPDG), le leader Siaka Barry, s’est prononcé sur de nombreux sujets de l’actualité sociopolitique de notre pays et de la sous-région ouest-africaine. Au micro de Confidence224.com l’ancien ministre de la culture dit soutenir les bonnes actions de la transition en cours avant de se déclarer vigilent face aux agissements des autorités actuelles.
Interroger au sujet de la récurrence des transitions en Afrique de l’Ouest, le leader politique s’est voulu mitigé dans sa réaction. Selon Siaka Barry les coups d’Etat militaires sont condamnables mais il ne faut pas perdre de vue les carences démocratiques qui mènent au putsch :<< ne voyons pas les transitions en tant que telles mais plutôt jetons un regard sur le processus ou les dérives qui ont mené à l’avènement de ces transitions. Selon moi c’est un déficit démocratique et des dérives autoritaires qui aboutissent malheureusement à des transitions. Alors comme solution nous devons renforcer l’encrage démocratique dans nos jeunes États pour nous mettre à l’abri de ces transitions. Maintenant en ce qui concerne la transition en Guinée, je l’observe comme tout autre citoyen guinéen mais en tant que président du MPDG, nous fondons toujours espoir que le CNRD mènera le bateau de la transition à bon port, ceci est d’ailleurs une espérance chez nous car l’échec de cette transition serait le énième échec de notre nation vers la démocratisation et j’avoue que cet échec serait imputable à tous les guinéens sans considération de bords politique ou idéologique, voilà pourquoi nous soutenons toutes les actions allant dans le sens de la réussite de la transition sans perdre de vue que nous ne signons pas un chèque en blanc aux nouvelles autorités, nous restons vigilants>>, a-t-il dit.
Par rapport au 63ème sommet de la CEDEAO tenu en Guinée Bissau qui a vu l’avènement du tout nouveau Président du Nigeria briguer la présidence tournante de l’institution sous-régionale, l’ancien député de la 9ème législature n’a pas hésité de sabrer la conférence des chefs d’États de la sous-région quant à leur gestion des différentes crises :<<je profite d’abord pour saluer l’avènement de Bola Tinubu à la présidence tournante de la CEDEAO qui n’a d’ailleurs pas été tendre avec les juntes. Sur cette question je le comprends parfaitement car la démocratie voudrait que ce soit la loi des urnes qui s’impose à chacun de nous, ça c’est un principe cardinal de toutes les démocraties pluralistes. Maintenant ceci dit moi je voudrais aussi que la CEDEAO aille plus loin dans sa prise de décision contre toutes les formes de dérive parce que celui qui condamne un coup d’État militaire doit avoir le courage de condamner aussi un coup d’État civil, je veux parler des coups d’État constitutionnels qui s’opèrent tous les jours sous nos yeux. C’est justement à ce niveau que nous ne sommes pas d’accord avec la CEDEAO parce que nous avons connu dans la sous-région des chefs d’États civiles qui ont attenté à leurs constitutions sans recevoir de récriminations de venant de la CEDEAO, cette attitude est déplorable car c’est du deux poids deux mesures. À cette allure la CEDEAO risque de s’apparenter à un club ou un syndicat des chefs d’État et non une institution au service des peuples>>, estime Siaka Barry.
Le natif de Kankan s’est également prononcé sur la récente démission de certaines formations politiques à mettre fin à leur participation au sein de l’ANAD dirigé par le redoutable opposant politique Cellou Dalein Diallo qui vit actuellement en exil:<<ceci n’est pas un fait nouveau dans notre pays. Vous savez que la pratique politique en Guinée est toujours caractérisée par cette forme d’inconstance, de transhumance et d’instabilité, ce qui est déplorable. Je ne suis pas en train de juger les partis qui ont claqué la porte à l’ANAD mais je suis en train de faire un constat générique. Donc ce que nous demandons aux acteurs politiques c’est de faire preuve de cohérence dans leurs démarches, dans leurs discours mais aussi dans les pratiques. Je ne vais jamais m’aventurer dans la cuisine interne de l’ANAD et d’ailleurs je ne sais pas pourquoi ces partis ont jeté l’éponge mais notre souhait est que notre pays soit doté d’une arène politique beaucoup plus stable où les décisions se prennent sur des considérations très rationnelles mais que ça ne soit pas sur des bases aléatoires souvent instables>>, a-t-il conclu.
Il faut noter par ailleurs qu’en marge de son passage à Kissidougou Siaka Barry et sa délégation ont rendu visite respectivement au patriarche de la ville, au secrétariat préfectoral des affaires religieuses, au village historique de Mara et au siège local de la Coordination Haali Pular.
De Kissidougou, Ousmane Sylla
Pour Confidence224.com