Une semaine après la disparition du Président Ahmed Sékou Touré, l’armée s’empara du pouvoir en Guinée. C’était le 03 avril 1984. 39 ans près les faits, les doyens d’âge du coté de Mamou qui ont vécu l’évènement le racontent avec ses haut et se bas. La rédaction de Confidence224.com à travers son correspondant régional est allée à la rencontre de certains témoins et observateurs de différentes péripéties de la mort du Président Sékou Touré et l’arrivée au pouvoir du Colonel Lansana Conté à la tête du Comité Militaire de Redressement National (CMRN).
Dans la ville carrefour, beaucoup se souviennent de cette date historique de notre pays. « Le 03 avril me rappel un moment historique. Historique car c’était la disparition du premier président de la république de Guinée. Historique par rapport à la façon dont les évènements ont continué jusqu’à l’arrivée des militaires au pouvoir. Parce que quand le président Ahmed Sékou Touré est tombé malade, il est allé se faire soigner aux USA. On a ramené son corps et nous avons défilé ce jour-là au palais du peuple. Nous sommes venus nous prosterner devant lui et présenter les condoléances à la famille parce que c’était un grand homme. Nous, parfois il nous invitait à venir manger avec lui. C’est un ami que nous venions de perdre. Malheureusement dans la succession, les dispositions qui étaient prévues par la loi ont été violées par certains membres de sa famille. Normalement après lui, devait venir immédiatement Lansana Béavogui qui était à l’époque le Premier Ministre. La famille du président défunt, contrairement à son idée à lui, a pensé que le pouvoir était le leur. Ils ont demandé à Ismaël Touré de ne pas laisser perdre le pouvoir de son grand-frère. Voici la mauvaise interprétation qui a été faite. C’est ce qui a amené les militaires à prendre le pouvoir à la demande de Béavogui. Mais dans ce coup d’Etat ils n’ont pas versé le sang », raconte Bachir Barry, guitariste de l’Orchestre National Balla et Ses Baladins.
Ce jour du 03 avril, plusieurs prisonniers ont été libérés et des corps en état presque de décomposition ont été trouvés au camp Boiro. A notre interlocuteur Bachir Barry de poursuivre : « les militaires sont partis ouvrir le camp Boiro. Certains corps étaient en état de putréfaction. On les prenait déjà pourris. Ils ont fait sortir comment les gens étaient torturés cabine par cabine. Surtout là où on appelait Tête De Mort ».
De son coté, Mamadou Samba Ditinn Diallo se focalise quant à lui sur le bilan économique de deux régimes qui à eux seuls ont marqué l’histoire des 50 premières années de notre indépendance nationale. Selon le septuagénaire, le résultat est sans appel. Il balance plutôt en faveur du premier régime : « au moment de Sékou Touré il y avait où travailler. Quand Lansana Conté est venu ils ont tout vendu. Ils ont tout fermé notamment les usines et Air Guinée. A Mamou ici par exemple il y avait une usine de confiture. Chacun était satisfait puisqu’il y avait de quoi manger. Mais actuellement c’est le contraire. Et moi je préfère le temps de Sékou Touré », estime-t-il.
Après les deux premier régimes, de nombreux autres ont suivi après. Aujourd’hui le pays est encore sous un règne militaire. En effet la Guinée a connu le 05 septembre 2021 l’arrivée, à la faveur d’un coup d’Etat, des militaires du CNRD à la tête du pays. A ses jeunes officiers, le doyen Bachir Barry envoie le message suivant : « ne pas écouter le mensonge de ceux qui sont à coté d’eux. L’esprit avec lequel ils sont venus doit continuer en travaillant pour le pays. Ceux qui viennent dire tel ne t’aime pas, de les oublier et faire le travail pour le pays », conseille-t-il.
A signaler que le 04 juillet 1985, une tentative de coup d’Etat a été perpétrée par le colonel Diarra Traoré alors qu’il était membre influent de la junte au pouvoir à cette époque-là. Mais l’échec fut cuisant et les représailles impitoyables. Diarra Traoré y perdit la vie en même temps que la quasi-totalité des officiers supérieurs qui le soutenaient. Lansana Conté dirigera le pays jusqu’à sa mort des suites de maladie le 22 décembre 2008.
De Mamou, Alpha Diallo
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