Il est d’un constat partagé de tous que le patrimoine culturel et naturel, à la fois riche et diversifié, de la Guinée est tellement important qu’il peut fortement participer au développement durable du pays, favoriser la réduction de la pauvreté, le maintien et la consolidation de la paix. Il peut même servir dans une certaine tendance, de fondement solide pour faire progresser la Guinée sur le plan économique de manière inclusive si des réformes solides sont engagées dans le secteur. Or, force est aussi de constater, que même s’il y a eu quelque réformes, ce secteur est resté moins exploité en Guinée ces dernières décennies. S’il a été dans la première République une source potentielle de revenu et un moyen d’enrichissement de l’Etat et de valorisation des pratiques traditionnelles guinéennes en se montrant comme un moteur et un catalyseur de développement économique et social, alors aujourd’hui il est cité au dernier rang des priorités à cause de son rendement peu important.
Faut il rappeler, que la culture est de nos jours perçue comme un ensemble de caractéristiques linguistiques, spirituelles, matérielles, intellectuelles et émotionnelles de la société ou d’un groupe social et quelle englobe, outre l’art et la littérature, les modes de vie, les manières de vivre ensemble, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances. C’est pour dire que quelque part, les communautés humaines sont forcément régies par des règles et principes fondés sur la culture. En se mettant dans cet état d’esprit, on peut dire, que la Guinée trouve son fondement d’abord et surtout dans son histoire ; que la culture constitue pour les différentes peuples des différentes nations, le plus sûr moyen de promouvoir une voie propre vers le développement technologique et la réponse la plus efficace aux défis de la mondialisation ; que l’affirmation d’identité culturelle traduit une préoccupation commune à tous les peuples ; que la diversité culturelle et l’unité nationale constitue un facteur d’équilibre et une force pour le développement économique des pays.
Tenter d’apporter de nos jours une réforme culturelle en Guinée demandera de répondre d’abord à un ensemble de questions. C’est questions sont en rapport avec les principes et méthodes de la politique culturelle, l’évaluation des besoins culturels, les structures administratives et leurs gestions, la planification et le financement, l’organisation des ressources, la législation, le budget, les institutions publiques et privées, le contenu culturel de l’éducation, l’autonomie et la décentralisation culturelle, la formation du personnel, l’infrastructure institutionnelle correspondant à des besoins culturels particuliers, la préservation du patrimoine culturel, l’institution de diffusion culturelle, la coopération culturelle internationale etc. Pour se faire, il sera alors plus qu’urgent d’édifier un système éducatif guinéen qui intègre la reconnaissance des valeurs culturelles nationales et des valeurs universelles afin d’assurer en même temps, l’enrichissement de la jeunesse et de l’ouvrir aux apports fécondant des autres civilisations. Cela permettra la mobilisation d’assez de forces sociales dans la perspective d’un développement endogène ouvert au monde. Ainsi, pour pallier à la crise de l’éducation qui perdure, il conviendra aussi que la Guinée commence à évaluer son réseau d’apprentissage, avec ses forces et faiblesses, afin de l’adapter au mieux aux besoins et aux circonstances présentes et à venir. L’objectif recherché à travers cette méthode sera de montrer les enjeux d’une réforme de l’éducation qui assure l’articulation cohérente entre l’éducation formelle et l’éducation non formelle. Alors, il peut être commencé de façon urgente, à résolument assurer la promotion des langues nationales qui sont les premiers vecteurs du patrimoine matériel et immatériel. La promotion de la langue étant un facteur important du développement culturel. Aussi, il faudra trouver impérieux de faire l’inventaire systématique des patrimoines culturels, matériel et immatériel, notamment dans le domaine de l’histoire et des traditions, des savoirs et savoir-faire, des arts et de l’artisanat, en vue de les préserver et de les promouvoir.
Ainsi un développement d’expertise dans la numérisation de documents patrimoniaux pourra être engagé. Il sera perçu comme une activité spécifique permettant de donner une nouvelle vie à des archives précieuses. Une fois numérisé, le patrimoine sera conservé durablement et en sécurité tout en étant disponible au grand public. Ensuite, pour plus de solidarité autour de l’objectif de réforme, les guinéens pourront également avec plus de détermination commune, renforcer la compréhension au sein du peuple, pour satisfaire ses aspirations et veiller au renforcement de la fraternité et de la solidarité entre eux dans le cadre d’une grande unité culturelle qui transcendera la diversité ethnique nationale et même régionale sur la base d’une vision partagée. Tout ça sera une façon de démontrer, que la culture peut contribuer positivement aux politiques, stratégies et programmes qui ciblent le développement social et économique, la durabilité environnementale, l’harmonie, la paix et la sécurité.
Normalement, la culture doit être à la fois, un moteur et un catalyseur de développement durable. Elle comporte une valeur intrinsèque qui, lorsqu’elle est renforcée et valorisée aux niveaux d’un pays, d’un individu et d’une communauté, contribue à l’épanouissement personnel, à son développement humain intégral, à la structuration de la société et à la cohésion sociale, tout en générant une série d’activités, marchandes. À un certain niveau, elle peut même favoriser une forte valeur ajoutée économique des activités qui y sont liées, stimuler les activités créatrices d’emplois, diversifier l’économie, assurer le développement de l’esprit entrepreneurial et des petites entreprises du secteur, engendrer la création des sources de revenus potentiels pour les secteurs les plus défavorisés, être un facteur de développement endogène et non délocalisable, booster les potentialités d’exportation pour le pays.
Par Mohamed Lamine Camara MoLaC