20 septembre 2024
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Education : à l’instar de leurs homologues d’autres localités du pays, les enseignants contractuels de Kissidougou tirent le diable par la queue (constat)

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Au lendemain d’une année marquée par des échecs massifs à tous les examens nationaux, le département en charge de l’éducation en Guinée s’est directement mis à la tâche en fournissant une série d’initiatives pour vite redorer le blason dans ce secteur aussi transversal que stratégique. Au nombre des changements annoncés, figure le transfert de compétences du MEPU-A aux différentes communes du pays dans le cadre de la gestion des enseignants contractuels. D’où le nouveau statut d’enseignants contractuels ”communaux”.

Si cette démarche du département est jugée salutaire par bon nombre d’observateurs, l’espoir que ça a suscité s’amenuise peu à peu chez les principaux concernés. Les enseignants contractuels, puis que c’est d’eux qu’il s’agit, sont aujourd’hui partagés entre colère et angoisse quand à leur prise en charge qui tarde à venir. Et, partout à travers le pays, l’impatience gagne du terrain de manière exponentielle. C’est le cas à Kissidougou où malgré les multiples efforts de sensibilisation des membres de la DPE, rien ne semble rassurer ces soldats de la craie qui affrontent au quotidien les conditions de vie et de travail pour le moins insoutenables, surtout dans le contexte économique qui est celui du pays en ce moment.

Pourtant depuis la rentrée des classes le 10 octobre 2022, les enseignants contractuels de Kissidougou ne manquent ni de courage ni de volonté de former les élèves où qu’ils se trouvent. C’est le cas de M.Tamba Hawa Traoré professeur de mathématiques au collège rural d’Albadariah situé à 55Km du centre urbain qui a accepté de nous parler de ses difficultés en ces termes : « je peux vous dire que je vis l’enfer et l’humiliation au quotidien parce que si ce n’était est pas la charité des uns et des autres, je ne pouvais pas supporter une telle situation où je suis loin de ma femme et de mes enfants. Aujourd’hui, la communauté qui nous assistait ne le fait plus parce qu’ils sont informés du fait que c’est l’État qui nous prend en charge désormais. C’est le lieu de remercier mon principal et sa femme qui font de leur mieux pour me nourrir et m’offrir parfois les prix de savon. Je demande à l’État d’agir vite pour notre prise en charge sinon cela risque d’affecter notre moral surtout que nous évoluons au côté des titulaires qui nous laissent ici à chaque fin de mois pour aller chercher leurs salaires. Nous ne sommes pas contre eux mais nous faisons le même boulot et on dit souvent qu’un sac vide ne pas se tenir debout », explique-t-il.

Même son de cloche chez madame Mariam Camara enseignante au CP2 à l’école primaire Kissi Kaba Keita au centre ville : « nous sommes dans cette situation aujourd’hui parce que nous voulons aider les élèves mais franchement nous traversons des moments difficiles à supporter. Comme vous voyez depuis l’ouverture des classes nous ne sommes pas pris en charge. Pourtant chaque matin nous quittons nos enfants, nos parents et nos maris pour aller au travail et à la fin du mois nous rentrons chez nous les mains vides. Je demande au gouvernement de tout faire pour nous prendre en charge sinon cela pourrait affecter négativement nos rendements en classe car un enseignant c’est avant tout la motivation », prévient Mariam Camara.

Cependant à la DPE de Kissidougou l’heure est à la multiplication des efforts pour rassurer à travers des missions sur le terrain pour non seulement sensibiliser ces enseignants mais aussi leur fournir des informations sur les dernières évolutions de leur situation. Rencontré à cet effet, M.Sekou 1 Traoré, le Directeur Préfectoral de l’Education, a ténu d’abord à magnifier la qualité de ses rapports avec les communes dans la cogestion de ces contractuels avant de nous fournir quelques statistiques d’enseignants contractuels évoluant dans sa juridiction. « Je peux vous dire sans risque de me tromper que la Préfecture de Kissidougou compte aujourd’hui 615 enseignants contractuels répartis comme suit : 505 évoluant à l’élémentaire, 93 au secondaire et 17 aux CEE, entendez par là Centres d’Encadrement Communautaires. Pour le cas de ma préfecture j’avoue qu’on peut se frotter les mains car les 95% de ces contractuels sont en train de donner satisfaction sur le terrain et c’est pourquoi à notre tour nous avons mis en place des commissions d’appuis pédagogiques en les prenant en compte prioritairement dans l’encadrement rapproché », a dit monsieur le DPE de Kissidougou.

Sur la question de prise en charge, Monsieur Sékou 1 Traoré n’a pas manqué d’exprimer sa compassion vis-à-vis du sort de ses enseignants avant de les inviter à s’armer de courage car selon lui le département est en train de mettre les bouchées doubles pour répondre au cas des contractuels : « je suis enseignant et je suis conscient de leurs difficultés sur le terrain mais je leur demande d’accepter de faire le travail et patienter car l’État réellement est en train d’agir dans le bons sens. Je ne suis pas en train de lancer des fleurs au colonel Mamadi Doumbouya mais vraiment ses actes dans le sens de l’éducation sont salutaires. Ça ne fait pas une semaine nous venons de remonter la situation des contractuels et nous ne pouvons pas passer une semaine sans faire une visioconférence avec le MEPU-A et le MATD autour de cette situation. Ce qui prouve que les décisions sont en train d’être prises pour donner du sourire à nos enseignants. Je suis aussi conscient que ce dossier demande toute une étude : on doit se rassurer si les enseignants sont obtenus, s’ils ont rejoint leurs postes ou bien s’ils ont le niveau requis donc on ne peut pas prendre en charge un groupe et laisser d’autres ; c’est pourquoi ce travail doit se faire lentement mais sûrement pour ne pas être bâclé », a-t-il conclu.

De Kissidougou, Ousmane Sylla

Pour Confidence224.com

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