Comme initialement prévu par les autorités de la transition, les travaux du dialogue national s’ouvriront ce jeudi 24 novembre 2022 à Conakry. Cela arrive à un moment où le climat reste tendu entre le CNRD et les coalitions, ANAD, FNDC Politique et le RPG Arc-en-ciel, regroupés au sein du quatuor. Dans un communiqué rendu public ce mardi, ces coalitions ont fait part de leur volonté de ne pas participer au cadre de dialogue qui s’ouvre ce jeudi à Conakry. Du coté de N’Zérékoré, cette actualité ne laisse pas indifférents les acteurs de la société civile qui estiment que le contexte actuel du pays ne favorise pas un dialogue inclusif.
Interrogé par le correspondant de Confidence224.com, le Président des Organisations de la Société Civile à N’Zérékoré estime qu’en cette période transitoire le dialogue est indispensable. Mathieu Manamou, c’est son nom, estime en revanche que les conditions pour un dialogue inclusif ne sont pas réunies : « nous pensons que le dialogue social en tant que tel, est vraiment un élément indispensable au développement socioéconomique de notre pays. C’est pourquoi nous avions salué la première phase qui a été les assises nationales. Normalement quand on veut ouvrir un dialogue national, le premier élément souhaité est que ce dialogue doit être participatif, inclusif. Mais il se trouve que le contexte actuel n’est pas favorable à l’accomplissement de ces deux critères à savoir : la participation et l’inclusivité », a-t-il martelé.
Pour justifier sa position, Mathieu Manamou s’est focalisé sur l’absence de certains leaders politiques et le procès des massacres du 28 septembre qui est en cours depuis maintenant près de deux mois. Selon lui, l’exil forcé dont auquel sont contraints certains leaders politiques non des moindres est en soi un facteur bloquant : « nous savons aujourd’hui qu’il y a des évènements importants qui se déroulent et qui sont liés étroitement à la vie de la nation. Nous savons aussi qu’une partie des acteurs politiques vit hors du territoire national. C’est ce qui fait que ça joue déjà sur le mot inclusif. Que diront leurs partisans, leurs militants ? Un dialogue national ne devrait se tenir sans ces leaders. Deuxièmement, le procès qui se déroule maintenant bien qu’apprécié par beaucoup de guinéens, cause un problème sérieux. Il faut reconnaître que ce sont des guinéens et des personnalités qui ont assumés à un moment donné de l’histoire de hautes responsabilités. Ils ont participé à la vie nationale et représentent une partie importante de la population. Que diront ceux-là qui sont liés à ces personnes ? Que diront ces personnes là par rapport à la tenue d’un dialogue inclusif ? Je voudrais que l’on examine tous ces problèmes et décide de choisir le bon moment qui peut favoriser la participation de tout le monde », a estimé Mathieu Manamou.
S’exprimant à la fois sur la question relative aux leaders en détention et ceux en exil, Mathieu Manamou a invité à ne pas faire d’amalgame. L’acteur de la société civile soutient que les crimes économiques ne doivent rester impunis sous aucun prétexte: « il faut qu’on fasse attention. On ne doit pas faire l’amalgame ; un détenu politique est différent d’un détenu pour mauvaise gestion. Un prédateur de l’économie nationale qui est arrêté et emprisonné est différent d’un détenu politique. Et celui qui a quitté la Guinée pour des raisons que lui seul connait est différent d’un exilé politique. Il faudrait qu’on fasse la part des choses, celui qui est parti de la Guinée sans contrainte n’est pas un exilé politique mais celui qui est parti parce que sa vie était menacé, est quand à lui un exilé politique », a-t-il précisé.
Pathé Sangaré, pour Confidence224.com