Lorsqu’il s’agit de faire de la violence, ils disent que les jeunes de l’Axe sont de véritables militants pro-démocrates. Pourquoi faire croire à cette jeunesse qu’elle est la meilleure parce qu’elle emploi de la violence pour satisfaire ses revendications ? Ne peut-on pas changer dans cette commune ou dans cet Axe ? Au moment où Lansana Conté était au pouvoir cet endroit était encore le foyer de la violence et il avait subi toutes les humiliations imaginables. Cet Axe était toujours opposé à toutes initiatives venant du gouvernement et on voyait toujours une connotation ethnique derrière, en pensant que le gouvernement avance un piège politique, même si c’était le contraire.
Après les élections de 2010, on a connu beaucoup trop de violences dans cette commune et beaucoup trop de pertes en vies humaines. Nous avons crié partout pour dénoncer cette situation à la fois désastreuse et alarmante. Mais, qu’est-ce que nous avions obtenu? Rien, en dehors des condamnations de principe, rien de plus. Pourtant nous avons totalisé plusieurs victimes sans parler de blessés.
À l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir, nous avions été les premiers à sortir pour l’applaudir. On a également crié partout qu’il est venu nous sauver dans les mains de celui que nous traitions de dictateur. Le sauveur d’hier est décrié aujourd’hui parce que tout simplement le FNDC est frustré à cause de la présidence du CNT. Quel est notre intérêt dans ça sincèrement? Il n’y a pas de nécessité à faire des manifestations actuellement. En tout cas personnellement je n’en trouve pas du tout l’opportunité. Aujourd’hui je suis en colère parce que nous continuons toujours à perdre des proches et ce, pour de choses futiles. Je vous le jure… Vous oubliez qu’on ne peut et ne doit en aucun cas agir sous l’effet de l’émotion lorsqu’il s’agit de la politique. Mais malheureusement c’est ce que nous faisons.
Vous savez que eux-mêmes ces soi-disant leaders du FNDC nous incitent et nous encouragent parce qu’ils ont un intérêt politique qu’ils souhaitent réaliser. Arrêtons un peu et réfléchissons. Si à chaque régime nous sommes des opposés, alors je ne vois pas l’intérêt de faire le combat pour la démocratie, car on nous colle et collera toujours l’étiquette ethnique ; et nous n’aurons aucune chance d’avoir de postes de responsabilité. Pendant ce temps, les autres (opportunistes) nous utilisent pour être nommés Ministres, Directeurs et autres.
Cet Axe crie toujours à la tromperie de ceux-là qui étaient parmi nous. Mais est-ce qu’on a réellement pris le temps pour savoir pourquoi ? Est-ce qu’on est condamné à ne pas changer de façon de faire ? C’est en essayant d’être meilleur dans les domaines les plus convoités que nous, jeunes de l’Axe, nous nous imposerons et réaliserons nos rêves. Ce n’est pas en brûlant les pneus ou en affrontant les FDS. A l’évidence, chaque enfant né et grandi dans cet Axe, a le plus souvent la culture de la violence dans un coin de sa tête ; tout simplement parce qu’il a trouvé ses frères et sœurs le faire. Il va devenir l’un de ceux qui continueront le combat violent. Pire, il va revendiquer haut et fort cela comme si c’était une fierté. C’est exactement cette donne qu’il faille aujourd’hui changer.
Au demeurant, je formule cette demande envers vous jeunes de l’Axe. Nous avons connu beaucoup trop de violence ici ; maintenant cherchons la paix, exigeons à l’Etat de nous construire des écoles publiques, des universités publiques, des instituts supérieurs, des lieux de divertissement et des bibliothèques dignes de nom. Je vous en prie, arrêtons d’être premiers dans la violence et soyons premiers ailleurs, car nous avons la capacité de le faire et on doit le faire. Toi qui lis ce message, sache que je m’adresse à toi et je te demande de faire une proposition concrète pour qu’on puisse réaliser un projet porteur de connaissance et d’emploi.
Par Ibrahima Sory Diallo, Juriste
