En séjour dans la capitale guinéenne depuis le 19 juillet dernier, le médiateur de la CEDEAO a longuement échangé avec les autorités de la transition sur la situation sociopolitique du pays. Des questions comme celle relative à la durée et au chronogramme de la transition ont été largement abordées et ce, conformément à l’agenda initialement ficelé par la mission de l’ancien Président Béninois. En revanche, deux bémols non des moindres sont à déplorer. Primo, la délégation, selon toujours l’agenda initial, devrait animer un point de presse pour livrer quelques contours relatifs à son séjour à Conakry et surtout informer, comme de tradition, l’opinion sur l’évolution ou pas de la situation. Mais il n’en a rien été, hélas. Secundo, cette première visite était sensée prendre contact avec les forces vives de la nation, autre acteur majeur de la crise qui couve dans le pays depuis l’amorce de cette transition. Mais à la surprise générale, le médiateur et sa suite ont quitté Conakry sans pour autant entendre l’autre partie. Que ce serait-il passé pour en arriver là ? S’agit-il d’un hasard de calendrier pour le Président Yayi Boni ? Ou encore, ce serait-il heurté à la résistance de ce que d’aucuns ont appelé à juste titre ‘’la partie toxique’’ du CNRD ?
Voilà des questions que l’opinion est aujourd’hui en droit de se poser étant donné l’importance et surtout les attentes qu’elle a vis-à-vis de cette première visite du médiateur. C’est plutôt classique qu’une telle mission arrive dans un pays en crise et rencontre toutes les parties prenantes. Cela a le mérite d’enrichir davantage la compréhension du médiateur sur les différents sujets qui cristallisent la contradiction. Beaucoup d’observateurs sont aujourd’hui, sinon stupéfaits, sérieusement troublés de voir la délégation faire ses valises sans se prêter à cet exercice. Surtout à un moment où le FNDC projette une série de manifestations à Conakry et à l’intérieur du pays. Une série de manifestations qui, de surcroit, bénéficient du soutien d’une frange importante de la vie publique nationale, soit dit en passant. Il est donc évidant que cette attitude donne un coup sévère non seulement à la médiation mais aussi et surtout à la transition in globo.
Du reste, il apparait clairement que le CNRD est désormais sous l’emprise des faucons qui ont juré de faire fi des multiples revendications de la classe politique et de la société civile, quand bien même la légitimité de ces revendications ne souffre d’aucune contestation sérieuse. Les manœuvres, bis repetita, de la partie toxique sont de nature à davantage plomber la transition et conduire irrémédiablement le Colonel Mamadi Doumbouya dans une impasse dont nul n’en connait l’issue finale. Il est donc temps pour le colosse d’entendre raison au risque de s’écrouler de son piédestal.
Par Mohamed Lamine Sylla
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