20 septembre 2024
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Célébration de la journée du 8 mars : « on ne peut pas danser et célébrer quand des camarades et leurs familles pleurent d’injustice », dixit Dame Benie Kouyaté

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Comme chaque année l’humanité célèbre encore ce 8 mars la Fête Internationale des Femmes. Mais en Guinée cet évènement intervient dans un contexte où la situation de la gent féminine est loin d’être reluisante. À la violence physique et psychologique viennent s’ajouter de nombreux cas d’abus sexuel chez la femme et singulièrement la jeune fille. Pour en parler la rédaction de Confidence224.com  a reçu pour vous la Présidente de Benie Fondation INC. Benie Kouyaté, sa fondatrice, est une guinéenne née et vivant aux Etats-Unis. Pour lui l’heure n’est pas à la fête mais plutôt à une union sacrée contre l’injustice dont sont victimes les femmes dans nos sociétés. Suivez l’entretien exclusif.

Confidence224.com : Bonjour Madame la Présidente, tout d’abord présentez-nous brièvement Benie Fondation INC.

Benie Fondation INC est une fondation internationale née aux Etats-Unis en 2018. Aujourd’hui elle est représentée en Afrique précisément au Mali, au Burkina et en Guinée. Elle agit dans le domaine humanitaire et singulièrement dans la défense et la protection  de la femme et de la petite enfance. Concernant les femmes nous combattons toute forme de violence dont elles sont victimes. Il en est de même pour les enfants.

Confidence224.com : Cette année encore l’humanité célèbre ce 8 mars la Journée Internationale de la femme. Dites-nous quel regard jetez-vous sur la condition féminine en Guinée ?

Merci vraiment de la question. Je dois dire que je l’aborde avec un cœur déchiré, un cœur complètement meurtri. En ma qualité d’activiste des droits de la femme, je suis au regret de vous dire que les informations que nous recevons au niveau de la fondation concernant la condition féminine en Guinée sont désolantes. Beaucoup de viols, d’agressions sexuelles, de violences à la fois physiques et psychologiques sont exercés sur la gent féminine dans notre pays. Tout ça me donne un pincement au cœur. Parlant de viol je pu même vous affirmer qu’à chaque minute vous avez une fille ou une femme qui est victime quelque part de viol. Récemment à Kankan deux hommes se sont permis d’abuser sexuellement d’une fille en toute impunité. On pouvait éviter si toute la société s’était levée contre. On pouvait l’éviter si nos lois étaient renforcées et appliquées de manière rigoureuse. Le viol est un acte criminel et qui mérite d’être traité comme tel.

Confidence224.com : De l’autre côté vous avez aussi la loi du silence qui est fortement encre ici chez nous. C’est-à-dire que même lorsque le viol est constaté dans les familles personne n’en parle par pudeur dit-on. Quel message avez-vous à lancer dans ce sens ?

A ce niveau vous me permettrez de rendre hommage à une grande sœur du nom de Diaka Camara qui a une fondation du même nom. Sa fondation vient de lancer un projet audacieux intitulé : ‘’projet brisons le silence’’. C’est justement pour lutter contre ce silence qui constitue un facteur aggravant pour les victimes. Face au crime le silence tue. Donc je pourrais même qualifier le silence comme une autre forme de crime. Mais avec nos efforts respectifs il y a de plus en plus de cas qui sont dénoncées même si l’écrasante majorité des cas passent encore sous silence. Je pense qu’il revient à nous activistes, aux autorités religieuses, aux leaders d’opinions et même à vous la presse, comme ce que vous faites en ce moment, de renforcer la sensibilisation. Il faut hotter le tabou qui entoure le sujet dans notre société.

Confidence224.com : Nous célébrons cette année encore la fête des femmes. À cette occasion quel message avez-vous à lancer particulièrement à l’endroit des autorités actuelles concernant le droit de la femme ?

Il n’y a pas de fête face à l‘injustice. Pas de fête quand les crimes sont commis sans aucune forme de justice. Souvenez-vous du cas M’mah Sylla. On en est où avec la justice ? Jusqu’à présent c’est le silence total. Voilà un cas qui pouvait servir d’exemple si on avait été conséquents envers nous-même. Donc tant que justice n’est pas rendu à M’mah Sylla et a toutes les autres victimes, pour ma part je ne parlerais pas de fête. On ne peut pas chanter, danser et célébrer quand des camarades et leurs familles pleurent d’injustice. Je ne vraiment pas en fête cette année.

Confidence224.com : Dernière question peut-être avant la fin de cette interview, quel message avez-vous aujourd’hui à l’ endroit de la gent féminine d’ici et d’ailleurs ?

J’invite les femmes, les filles, j’invite toutes les personnes éprises de justice de rester solidaires les unes des autres. Quand on est solidaires entre nous il n’y a pas de raison qu’on ne triomphe de tous les abus dont on a parlé tantôt. La femme est victime d’assez de choses chez nous. Elle est victime de la non scolarisation, victime au foyer, elle est victime au travail et dans la société toute entière, ce n’est pas normale qu’on en soit encore là. C’est dommage. Je termine pour dire qu’en revanche la tendance est très bonne. Je remarque qu’il y a des femmes qui se battent beaucoup. Matin, midi et soir elles sont sur le terrain, luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie, je dois dire que je suis très fière d’elles et je les invites à redoubler d’effort. Dans cette vie tout s’obtient par la lutte, le combat. La route sera certes longue mais ensemble nous y arriverons.

Entretien réalisé par Mohamed Lamine Sylla

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