Monsieur le Président du CNRD, des milliers de citoyens qui vivent dans l’extrême précarité souhaitent vous saisir de vives voix face à la dégradation de leur niveau de vie depuis plusieurs années. En effet, en dépit de toutes les ressources naturelles (or, diamant, cobalt, bauxite, fer, uranium…) dont dispose la Guinée nos populations tirent toujours le diable par la queue. Notre pays est l’un des plus pauvres de la planète. Et pourtant, Dieu a tout donné à la Guinée. Voilà pourquoi nous les pauvres, sommes inquiets. Ces inquiétudes ont été confirmées récemment par les hommes et femmes qui sont sortis pour vous acclamer dès le lendemain de votre venue à la tête du pays. Ces misérables que nous représentons voient en vous leurs porte bonheur. Aujourd’hui, la misère est devenue monnaie courante. Il suffit juste de se promener dans les rues de Conakry, Kankan, Labé, Nzérékoré, Mamou, Faranah et Boké pour toucher du doigt la dure réalité au quotidien. Depuis les temps anciens, le droit des pauvres n’a jamais été la préoccupation des dirigeants guinéens, le droit des pauvres dans le partage de la richesse a été toujours relégué au second plan. La pauvreté est synonyme de malédiction en Guinée. Les dirigeants qui se sont succédé ont fait croire que les plus pauvres apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de l’action gouvernementale. Ce bilan ne cesse de nous interroger quand, en parallèle, le pouvoir d’achat des classes moyennes et des plus aisés augmente sensiblement, du fait notamment des politiques fiscales ou sociales du gouvernement. La pauvreté et les inégalités augmentent ainsi en même temps, minant la cohésion sociale de notre pays. Or il nous semble que votre vision ne saurait être entachée par les plus pauvres des guinéens. Il est donc temps d’agir résolument pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
Le futur revenu universel d’activité pourrait être une réforme bénéfique, à terme, si, d’une part, la volonté affichée de lutter contre les magouilles se réalisait. Cela permettrait à « ceux qui n’ont pas ou peu de revenus professionnels d’être adéquatement protégés » et d’ouvrir de nouveaux droits aux jeunes de moins de 25 ans.
Nous les pauvres avons beaucoup appréciés tous les actes que vous avez posés depuis le 05 septembre passé.
Monsieur le président,
Comme nous l’avons toujours exprimé, plusieurs conditions nous paraissent déterminantes pour que cette réforme entamée par vous marque une réelle avancée dans la lutte contre la pauvreté.
Surtout, cette réforme ne saurait être financée par une forme de solidarité horizontale entre les bénéficiaires des différents minimas sociaux, au risque de faire des perdants parmi les ménages vivant sous le seuil de pauvreté.
Nous nous inquiétons également du sort des jeunes et demandons l’élargissement du périmètre de la garantie jeunes.
Il est temps que le gouvernement enclenche ce tournant social tant attendu et prenne en considération les plus vulnérables, afin de « ne plus oublier personne », selon votre volonté exprimée.
Face à cette urgence sociale, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de construire ensemble des réponses adaptées qui placent la réalité de la vie des personnes les plus vulnérables au cœur de vos actions.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’assurance de notre haute considération.
Par Mamady Kansan Doumbouya analyste politique.